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Écrits pendant ou après les événements, assemblés ici comme les restes dispersés d'une expérience à peine exprimable, les témoignages rassemblés dans cette anthologie, souvent inédits - traduits de l'allemand, du polonais, du yiddish, du tchèque, de l'hébreu, du grec, de l'italien, de l'espagnol, du romani, du roumain et de l'anglais - se relaient pour dessiner ce que fut, dans les yeux des plus jeunes, la Catastrophe génocidaire, mais aussi pour dire l'incroyable vitalité déployée dans les ghettos, les campagnes et les camps, chacun se sachant en sursis. Les récits individuels de ce drame commun donnent au lecteur une représentation concrète de la tragédie collective et, surtout, lui permettent de comprendre la perception que les enfants en eurent eux-mêmes, de savoir comment ils y réagirent dans ce qui leur restait de vie sociale et intime, de connaître le regard, souvent sans concession, qu'ils portaient sur les adultes, sur leurs parents. Ces témoignages n'ont pas seulement valeur de documents historiques : qu'ils prennent ou non forme littéraire, ils montrent l'importance qu'eut pour leurs auteurs la possibilité de mettre en mots ce que chacun vivait et éprouvait, l'écriture étant pour certains le dernier rempart au désespoir et à la folie.
Les textes présentés ici, émanant de témoins inconnus autant que d'auteurs célèbres (Aharon Appelfeld, Primo Levi, Elie Wiesel.), ont été choisis et édités par Catherine Coquio et Aurélia Kalisky, avec l'aide de plusieurs traducteurs et historiens français et étrangers. Ils forment un livre unique et bouleversant qui propose, pour la première fois à l'échelle de l'Europe entière, les récits de ces enfants qui grandirent dans la certitude quotidienne de leur condamnation, et qui, s'adaptant au monde où il leur fallait vivre, firent de ces récits ceux de la vie même.
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