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«Ce n'est pas la passion qui détruit l'oeuvre d'art, c'est la volonté de prouver ; la valeur d'une oeuvre n'est fonction ni de la passion ni du détachement qui l'animent, mais de l'accord entre ce qu'elle exprime et les moyens qu'elle emploie. Pourtant, si cette valeur - et la raison d'être de l'oeuvre, et sa durée tout au moins provisoire - sont dans sa qualité, son action, que l'auteur le veuille ou non, s'exerce par un déplacement des valeurs de la sensibilité ; et sans doute l'oeuvre ne naîtrait-elle pas sans une sourde nécessité de déplacer ces valeurs. Or l'histoire de la sensibilité artistique en France depuis cinquante ans pourrait être appelée l'agonie de la fraternité virile. Son ennemi réel est un individualisme informulé, épars à travers le XIX? siècle, et né bien moins de la volonté de créer l'homme complet, que du fanatisme de la différence. Individualisme d'artistes, préoccupé surtout de sauvegarder le monde intérieur, et fondé seulement lorsqu'il s'applique au domaine du sentiment ou du rêve ; car, concrètement, les grands fauves de la Renaissance furent toujours contraints pour agir de se transformer en ânes porteurs de reliques et la figure de César Borgia perd son éclat si l'on songe que le plus clair de son efficacité venait du prestige de l'Église. Le mépris des hommes est fréquent chez les politiques, mais confidentiel. Ce n'est pas seulement à l'époque de Stendhal que la société réelle contraint l'individualiste pur à l'hypocrisie dès qu'il veut agir.» Extrait de la Préface.
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