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D'Agatha Christie, j'ai presque tout lu. Si, dans les enquêtes menées par ses détectives principaux; Miss Marple et Hercule Poirot, l'auteure nous fournit toujours des explications, plus ou moins tarabiscotées néanmoins pragmatiques, aux meurtres qui ponctuent ses romans, il en va différemment ici. Je crois avoir lu les quelques nouvelles qui composent ce recueil il y a très longtemps, mais mon esprit en a bizarrement totalement effacée la moindre trace. Peut-être parce que Harley Quinn n'a rien à voir avec notre Poirot international, il se pose davantage en opposition du détective belge. Car par-dessus tout, le style inimitable de l'auteure anglaise reste fidèle à ce qu'il est, assez désuet, mais tellement grisant et c'est exactement pour cela que ses romans et nouvelles sont encore tant appréciés, par moi la première. Les éditions du Masque viennent de publier une traduction révisée du recueil de nouvelles de Laurence Kiefé, Gérard de Chergé, Jean-Marc Mendel et Daniel Lemoine. A noter que ce titre réunit les volumes précédemment publiés sous les titres le Mystérieux Mr Quinn et Mr Quinn en voyage.
Harley Quinn n'est pas un enquêteur, ni un détective, encore moins un policier. En réalité, on ne sait pas vraiment ce qu'il est, si ce n'est qu'il apparaît chaque fois que le personnage principal, M. Satterthwaite, est perdu. Car il est celui qui se retrouve systématiquement plongé dans des histoires mystérieuses. Alors que Satterthwaite n'a absolument rien de remarquable, un vieux célibataire de presque soixante-dix ans, au train de vie plutôt aisé, il connaît beaucoup de monde, surtout de grosses huiles, des comtes, des duchesses, il aime l'art et il passe sa vie à voyager – d'un bout à l'autre de l'Europe. C'est un épicurien dans l'âme qui profite de la vie, qui aime les gens et qui est pourvu d'une finesse d'observation et d'analyse hors du commun. C'est lors de ses visites chez les uns, chez les autres, lorsque l'intrigue se met doucement en place, que le malaise est grandissant, que Satterthwaite pressent le drame, mais qu'il est incapable d'en assembler tous les éléments que débarque subitement, et provisoirement, l'intriguant M. Quinn.
Si Satterthwaite est un vieil homme tranquille, qui n'a d'autre particularité que celle de se retrouver à chaque fois confronté à des situations énigmatiques dans le meilleur des cas, des crimes dans les pires situations, Quinn est fait d'une autre trempe. Il apparaît comme il disparaît mystérieusement, furtivement, spectralement, dans des endroits qui ne disposent bien souvent d'aucune issue. Harley Quinn, le lecteur, n'en sait pas long sur lui. Sa seule particularité est d'apparaitre bien souvent à travers l'illusion du costume aux losanges multicolores d'Arlequin, son homonyme. Et pourtant, c'est lui qui mène à chaque fois Satterthwaite sur la voix de la vérité. Cette paire de personnages forme un bien joli et énigmatique duo, qui n'ont ni la charge ni le rôle d'enquêter, et qui se détachent fortement d'un Hasting ou d'un Poirot, d'une Tuppence et d'un Tommy Beresford. Et s'il y a bien quelque chose d'attirant, c'est le mystère qui entoure ce Quinn, tellement irréel et insaisissable, qu'il en devient presque surnaturel. L'ombre d'une ombre, un fantôme, une apparition, qui s'évanouit dès que sa tâche, celle de donner le coup de main déclencheur à Satterthwaite, est achevée. C'est ce que côté éthéré, qui touche presque le fantastique, qui m'a vraiment plu d'autant, comme je le disais plus tôt, ce n'est pas la tasse habituelle de thé d'Agatha Christie, qui comme son héros moustachu a les pieds bien sur terre. Elle se détache donc un peu de son registre habituel, car cette image surréelle est entretenue avec soin et qu'aucune réponse satisfaisante n'est jamais apportée. Tout juste sait-on que le personnage est basé sur cet Arlequin de la Commedia dell'Arte. le site anglais dévoué à la Reine du crime et de ses oeuvres émet l'intéressante hypothèse qu'il incarne une facette sombre de la personnalité de Satterthwaite, ce qui est loin d'être aberrant étant donné que le mystérieux M. Quinn apparaît uniquement en présence du vieil homme.
Les nouvelles sont de qualité inégales, certaines m'ont laissé un peu sur la faim, mais le plus grand nombre m'a passionnée d'autant que je n'ai cessé de m'interroger sur la qualité réelle de cet insaisissable Quinn. Ne pas avoir de réponse est légèrement agaçant, même si c'est le fonds de commerce du personnage, tant que sa créatrice cultive son mystère, les nouvelles fonctionnent. Agatha Christie réussit à compresser en quelques dizaines de pages ce qu'elle fait en deux cents habituellement dans ses romans. Forcément la concision est de mise, l'intrigue est moins fouillée et de fait plus facilement dénouée, n'empêche que la recette fonctionne bien.
Je vais me hâter de lire l'autre recueil Mr Quinn en voyage, je ne suis pas certaine que la clef du mystère s'y trouve, néanmoins. M; Quinn m'intrigue beaucoup alors qu'au fond Hercule Poirot, je crois qu'on a fait très largement le tour du personnage, même si je continue à lire et relire ses aventures. Il se trouve en parcourant Wikipédia qu'on apprend qu'Harley Quinn était un des personnages préférés d'Agatha Christie, peut-être parce qu'il ne hante pas autant son oeuvre que Marple et Poirot et qu'elle donne champ libre à son lecteur d'imaginer qui est M. Quinn. Agatha Christie est taquine, elle a fait se rencontrer Satterthwaite et Poirot dans deux de ses romans, Drames en trois actes et le miroir du mort, en revanche Quinn et Poirot ne se rencontrent jamais, de là à reconsidérer la réalité de Quinn, il n'y a qu'un pas.
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