"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Déjà petit on m'appelait le Baron. À cause de ma grand-mère, qu'on appelait la Marquise. Mais, le truc c'est que je devais trouver un point d'ancrage. Donc, je me suis dit : « Je vais me servir de ma gueule, de ma grande gueule, de mon physique, et de mon habillement, pour imposer quelque chose... » C'est lui, c'est personne d'autre. T'es comme une marque...
Bien sûr, je suis resté là-dedans, ça m'a collé à la peau, ça me colle encore à la peau... Mais j'ai pu faire un tas de choses, ce n'était pas moi, c'était le Baron. D'ailleurs, presque personne ne connaissait mon nom. J'arrivais dans un restaurant c'était « Bonsoir, Monsieur le Baron... » J'ai construit ce personnage par étapes. Tu ne te construis pas comme ça, juste d'un claquement de doigts. Et puis tu dois porter le costume partout où tu vas. À Genève, c'est aussi le Baron, à Zurich, c'est le Baron, à Paris, c'est le Baron...
Les premiers temps, ce personnage amusait. C'est qui ? Mais il joue à quoi ? Il est pas un peu fou, ce mec ? Qu'est-ce qu'il fout ? Il baise avec qui ? Avec les femmes, avec les hommes ?
À mesure que tu avances, ton personnage se construit, tu te sens un peu comme la reine des abeilles. Tu sens que ça va, que ça butine autour de toi. Et quand tu sens que ça prend, c'est bon, tu peux commencer à te lâcher...
Mais ça ne se fait pas en une heure, ça s'est fait en six mois... Et sans relâche, pas une minute, pas une seconde où tu peux oublier ton personnage. Faut pas décevoir les gens. Jamais. Parce que tu sais aussi que tout ce que tu as fabriqué peut s'écrouler. Et ça peut aller vite, très vite...
Le temps d'un récit, Daniel Abimi s'est mis dans la peau de Laurent, dit le Baron. Connu pour être l'ancien patron du Johnnie's, temple de la vie nocturne lausannoise des années 1970 et 1980, où se mélangeaient les faunes de la nuit. Dans sa boîte, on croisait truands milanais, travestis parisiens, étudiants aux goûts incertains. Derniers dandys du siècle. Tous vivaient sans le savoir la fin d'un monde, dans une débauche souvent élégante, parfois extrême.
Ce récit retrace l'itinéraire d'un enfant gâté qui s'est brûlé à la lumière des stroboscopes avant de connaître la chute des oiseaux de nuit.
Un livre de vie, mensonges et mort. Un livre de jouissance...
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