"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La môme, elle a les yeux verts, quelque chose entre l'eau et la mousse d'arbre. Un truc sombre, qui te donne envie de te noyer. Quand elle mouline, quand elle cherche un truc dans son cerveau, ça devient un gouffre, comme les photos des entrées de grottes, et tu sais que, même si c'est pas possible, y a des monstres qui vivent au fond. Et t'as envie de te pencher, pour écouter leur coeur battre salement.
Cette môme, c'est Lupa, sorte de femme-enfant surgie des bois qui fait irruption dans la vie de Rory. D'où vient-elle ? Que fuit-elle ? Qui sont ceux qui la traquent ? Qu'inspire-t-elle de si crucial pour qu'on la surveille à ce point ? Et que vient faire Rory dans ce conte noir ? Lui qui se vit comme un vieux chien sans collier en cultivant gentiment sa misanthropie va devoir renouer avec une certaine forme d'humanité.
Thriller? Fantastique? Où sommes-nous? On ne sait pas… Tout comme le personnage principal, Rory, qui ne comprend pas trop ce qui lui arrive. Lui vivant comme un hermite, loin de tout et de tout le monde. Que vient faire cet homme chez lui, que cherche-t-il? Et cette fille, qui se comporte comme une bête, pourquoi est-elle là aussi?
A travers une histoire assez courte nous allons nous perdre comme Rory, sans trop savoir ce qu’il nous arrive… Univers étrange, fantastique. Un style particulier qui peut perturber. Un genre particulier pour ce livre. J’avoue ne pas avoir bien saisi l’intrigue. On se laisse pourtant porter par l’histoire avec l’envie de voir quel sera le dénouement.
Le genre d’histoire où chacun trouvera une signification qui lui sera personnelle. Je vous laisse juger par vous-même. Un livre original.
Tout d'abord, je tenais à remercier l'équipe de Lecteurs.com de m'avoir permis de devenir une fois encore une de leurs ExploLecteurs et ainsi de participer à une belle exploration dans le monde littéraire! Mais je tenais aussi à remercier particulièrement Dominique qui m'a avec une grande gentillesse envoyé un autre roman après que le premier se soit perdu en cours de route. Finalement, j'aime à penser que le 'destin' (= la Poste ?!) fait bien les choses car si le premier livre que j'avais choisi ne s'était pas égaré La viande des chiens, le sang des loups ne serait jamais arrivé entre mes mains... et je serai passée à côté d'un roman poignant!
J'avais déjà lu un roman de cette auteure, Justine Niogret de son vrai nom, mais si j'avais aimé sa plume, je n'avais pas ressenti la même force brutale que j'ai ressentie à la lecture de La viande des chiens, le sang des loups. D'ailleurs, si je n'avais pas su que Misha Halden était un pseudonyme, je n'aurais jamais reconnu son style d'écriture! Or, mon coup de coeur pour cet OVNI littéraire est en grande partie dû à cette plume qui est d'une puissance bouleversante. C'est une écriture brute, qui rape, qui entaille et qui écorche. Une écriture très orale, très brute : l'auteure n'a pas cherché à contenir les émotions de ses personnages par une écriture plus policée, plus mesurée. Mais c'est aussi un genre d'écriture qui pourra détourner plus d'un lecteur, car très familier, vulgaire : il n'y a ni paillettes, ni belles images pour nous brosser dans le sens du poil, pour nous faire croire que la vie est écrite par un poète. Non. Ici c'est la réalité de l'émotion à l'état brut - une réalité qui blesse et qui écorche.
« Les hurlements de petit con qui fantasme un potager alors qu’il a jamais eu de merde sous les ongles. Les mots s’échappaient et j’aimais pas perdre ce contrôle, et j’avais pas envie de savoir pourquoi je m’étais barré de chez les humains, pourquoi je me sentais bien que dans ma maison sans personne »
L'intrigue n'est en elle-même que très difficilement racontable. Mais l'histoire est presque secondaire finalement, ce qui importe c'est la force des émotions, c'est la force du message, la violence de notre humanité mise au jour.
« Mais on peut s’écorcher autant qu’on veut, on change pas la viande dont on est fait. »
J'ai pu lire des avis très contrastés mais surtout très catégoriques sur ce roman : soit c'est un coup de coeur soit c'est tout le contraire. Impossible d'avoir un avis nuancé sur ce roman qui nous prend à la gorge, qui nous frappe. C'est une lecture très physique, vous ne pourrez pas la lire le sourire aux lèvres, allongé sur votre transat, sirotant votre mojito, non, non, vous allez suffoquer sous la puissance des coups. Je garde encore les bleus, les entailles, que m'ont faits les personnages si vrais et si féroces de ce roman.
Si vous avez peur de vous sentir sale, si vous avez peur de vous faire mordre jusqu'au sang, alors ne le lisez pas ce roman. Mais ce serait bien dommage de détourner le regard. Car c'est un livre qui nous renvoie notre reflet, le reflet d'une humanité qui a tout d'un chien, mais qui se rêve encore loup.
« J’ai fermé ma gueule, et je me suis rendu compte que c’est de toute façon ce que j’avais fait toute ma vie. J’aurais voulu dire ça souvent, mais je l’avais toujours bouclée. J’étais une couille molle. J’avais pas de dents de loup, moi. J’avais peur des morsures, moi. »
Dés les premières lignes , tu sauras si ce livre va te remuer, à l'extase ou si tu vas vite le reléguer le plus loin possible de ta vue !
La viande des chiens, le sang des loups, c'est une écriture avant tout !
Une putain d'écriture comme t'en as jamais vu, lu auparavant !
Unique !
Des mots qui te malaxent les tripes, des passages qui te chamboulent le coeur !
Qui te transpercent, te bousculent, te bouleversent, t'étouffent...
Toutes les émotions t'explosent à la gueule !
C'est même pas racontable, "résumable" comme histoire... Tellement pas, que je suis obligée d'inventer des mots !
Faut le lire ce bouquin !
Si tu veux t'en prendre plein la tronche !
Il y a des chapitres que j'ai lu, relu, rerelu, encore et encore !
Tellement c'était bon, transcendant, tripant, savoureux, goûteux, percutant...
Des chapitres entiers qui te remuent comme jamais !
Qui t'agressent...
Te font transpirer ta rage de vivre !
Cette histoire, elle t'envenime, elle t'anime, elle te marque au fer rouge.
T'en ressors épuisé... C'est animal, c'est physique...
C'est humain, viscéral !
Tu veux un truc qui arrache ta race ?
Qui te secoue la bidoche ?
Sur un fond de conte et d'histoire de passion, d'Amour avec un grand A.
Avec La viande des chiens, le sang des loups, tu seras rassasié !
Crois moi !
Pas besoin de résumé !
Fonce tête baissée et... savoure !
https://alombredunoyer.com/2016/11/12/la-viande-des-chiens-le-sang-des-loups-misha-halden/
"Quand les Lupa sont petites, on les élève avec plein de petits mômes, ou de jeunes adolescents. Une sorte de cours privé, on va dire. A part la Lupa, il y a que des garçons. Les Lupa sont les raclures de la cour de récréation. On les pousse à se battre, à cogner, à casser des choses. Et puis on brise ce qu'elles aiment, on le leur prend, on le donne à d'autres, aux petits garçons, souvent. Alors elles finissent par détruire ce qu'elles pourraient apprécier, pour éviter qu'on le leur vole. Elles fracassent ce qu'elles aiment avant qu'on comprenne qu'elles aiment quelque chose."
La viande des chiens le sang des loups est un livre qui ne peut laisser indifférent le lecteur!
Je dirais même que c'est un ouvrage très clivant: on aime ou on n'aime pas. On accroche ou on n'accroche pas. On le lit ou on l'abandonne rapidement.
Car le titre, l'écriture, les personnages... il est impossible selon moi de rester imperméable pour reprendre un terme qui sied à la période automnale.
Ni réellement thriller, ni réellement polar, ni totalement fantastique, ce court opus de 25 chapitres et un épilogue s'apparente plutôt à un conte noir atypique. Il nous permet de suivre les aventures de Rory (le narrateur principal), un homme sarcastique qui vit seul dans sa maison. Il sort d'une rupture. Il va faire la rencontre de Lupa (l'autre personnage principal), l'Archer, et un certain nombre de personnages.
"J'ai fermé ma gueule, et je me suis rendu compte que c'est de toute façon ce que j'avais fait toute ma vie. j'aurais voulu dire ça souvent, mais je l'avais toujours bouclée. J'étais une couille molle. J'avais pas de dents de loup, moi. J'avais peur des morsures, moi."
Il est difficile, voire impossible de résumer l'intrigue car imaginaire, fantastique se mélangent avec meurtres et réalisme. Il est par contre plus facile de gloser sur l'écriture et le style, qui sont selon moi ce qui ressort de ce livre.
En effet, l'écriture est vraiment spéciale. Essentiellement orale avec grossièretés, langage cru, violence, elle est caractéristique des personnages principaux. Elle se marie vraiment bien avec les caractères de ces derniers. En cela, c'est une superbe réussite de l'auteur qui maîtrise totalement son oeuvre, du beau travail!
"Les hurlements de petit con qui fantasme un potager alors qu'il a jamais eu de merde sous les ongles. Les mots s'échappaient et j'aimais pas perdre ce contrôle, et j'avais pas envie de savoir pourquoi je m'étais barré de chez les humains, pourquoi je me sentais bien que dans ma maison sans personne"
Le style est brusque, poignant, piquant, souvent haché, ah tout le moins très direct. Un chien est un chien, pas de tergiversations ou autres blabla. La encore, c'est totalement dominé et cela se confond totalement avec l’atmosphère du livre. Dérangeant à souhait, bouleversant et malmenant, il contribue au mal-être résiduel du lecteur.
En ce qui me concerne, je l'ai lu mais... je ne suis pas un grand fan de ce genre d'ouvrage. Je reconnais sans problème les qualités de l'écriture et du style. Ils conviennent merveilleusement bien à Rory. Néanmoins ils ne m'ont pas permis de rentrer dans cette histoire compliquée. Je suis resté au bord du chemin, à l'extérieur de ce côté surréaliste de l'histoire.
J'ai laissé sa chance au livre. Je lui reconnais de nombreux atouts, mais cela n'a pas suffi à renverser mes convictions et à me convaincre.
"Pourtant, avoir le cœur qui continue à battre dans un cimetière, c'est la définition de la folie. La folie et son sourire si crispé qu'il fait péter l'émail des dents. J'avais vu tout ça chez cette gonzesse et j'aurais aimé être comme elle. Mais on peut s'écorcher autant qu'on veut, on change pas la viande dont on est fait. J'étais un chien, un gentil con, je faisais pousser des potirons, je sauvais des chats perdus, et voila tout."
En résumé, c'est un conte noir original et dépaysant que j'ai parcouru sans passion particulière mais avec un certain malaise tout au long des différents chapitres. Certains adoreront, d'autres détesteront.
Bonne lecture :)
3/5
Une écriture sèche, violente, parfois crue qui nous prend en otage comme elle prend en otage le narrateur.
"J'ai juste pris une claque. pas forte, pas brutale; rein qu'une geste pour montrer qui était qui ; qui frappait qui et qui fermait sa gueule"
Et comme tout lui, nous ne comprenons rien, ni aux personnages, ni à ce qui se passe, ni où l'auteur veut en venir.
"Je comprenais pas qui elle était, ou comment elle tournait dans sa tête. La première fois que je l'ai vu elle dépotait, je lui aurai déposé ma bite sur un billot our quelle marche dessus. Là j'aurai sans doute fait pareil, mais pas pour les mêmes raisons. elle me faisait de la peine. Et une tranche de mon cerveau la trouvait encore plus désirable maintenant que e pigeais qu'elle était cassée."
Et nous sommes pris dans un tourbillon à la limite du fantastique, nous perdons tous nos repères peut être pour mieux nous retrouver tout comme Rory, une sorte de parcours initiatique où il va faire de deuil d'une ancienne relation, redécouvrir ses sens, prendre conscience de sa vie :
"Je m'étais jamais rendu compte à ce point là de ma solitude. Je m'étais jamais rendu compte à ce point là que j'avais personne. J'ai eu un hoquet brutal, un sanglot sec."
Un texte brut, viscéral qui surprend, gène, mais en laisse pas indifférent.
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