Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Au Japon, porter plainte pour viol est synonyme pour les femmes de véritable suicide social. Une femme a pourtant pris le risque de parler à visage découvert.
En 2015, Ito Shiori a 26 ans, elle est journaliste. Un soir, elle rejoint N. Yamaguchi - directeur dans une grande chaîne de télévision et proche du Premier ministre - au restaurant pour parler affaires. Quelques heures plus tard, elle reprend conscience dans une chambre d'hôtel, en train de se faire violer.
Confrontée à la mauvaise volonté des pouvoirs publics et au silence des médias, Shiori mènera seule l'enquête sur sa propre affaire. A ce jour, elle n'a toujours pas obtenu justice.
Le livre que vous avez entre les mains est son histoire, sa voix, et surtout son combat pour faire changer le regard que porte la société japonaise sur les victimes d'agressions sexuelles.
C'est à New York, dans le piano-bar où elle travaille pour arrondir ses fins de mois, que Shiori Ito rencontre pour la première fois Niroyuki Yamaguchi. Pour cette étudiante en journalisme, c'est une aubaine de pouvoir discuter avec le directeur d'une grande chaîne de télévision japonaise. L'homme est amical, sympathique et lui propose d'emblée de lui obtenir un stage à New York ou Washington si un jour elle en exprime le désir. Elle le revoit deux ou trois fois par la suite et trouve même un stage chez NTV par son entremise. Quand, désargentée mais toujours décidée à devenir journaliste, elle rentre à Tokyo, elle est encore stagiaire, cette fois chez Reuters. Elle se souvient alors de la proposition de Yamaguchi de la faire travailler à Washington et lui écrit un mail. Il répond immédiatement, se montre très enthousiaste et lui fait miroiter un poste de productrice rémunéré et des facilités pour obtenir un visa. Comme il est de passage au Japon, il l'invite pour un dîner de travail dans un restaurant de sushis. Et puis...c'est une douleur atroce qui la réveille. Elle est allongée sur un lit, dans une chambre d'hôtel et Yamaguchi est en train de la violer !
La boîte noire est le récit circonstancié de ce viol et le long combat de Shiori Ito pour faire reconnaître son préjudice et traduire son violeur devant la justice. Dans un pays où le viol est un sujet tabou, où les femmes préfèrent se taire plutôt que d'affronter la honte, où rien n'est prévu pour renseigner, accueillir, accompagner les victimes, la jeune journaliste est vent debout contre toute une société figée par des lois qui datent du siècle dernier. Elle découvre des notions telles que ''la boîte noire'', le ''quasi-viol'', elle se cogne contre des murs érigés par des hommes pour en protéger d'autres. La police commence par ne même pas vouloir recevoir sa plainte, les médecins ne sont ni renseignés sur les procédures, ni empathiques, sa famille préférerait qu'elle se taise. C'est elle-même qui commence une minutieuse enquête pour le confondre, continuant à communiquer avec lui par mail dans l'espoir qu'il finisse par avouer les faits. Quand un policier, convaincu par les preuves à charge, obtient une arrestation, la procédure est stoppée net par décision d'un personnage haut placé. Il faut dire que la jeune journaliste inconnue se bat contre un homme très en vue. Yamaguchi est le biographe officiel et l'ami du Premier ministre, Shinzô Abe, il peut compter sur des appuis hauts placés, il est presque intouchable, sa parole est d'or, alors qu'elle doit se démener pour prouver ses dires tout en gérant son syndrome post-traumatique. Shiori finit par organiser une conférence de presse où, à visage découvert, elle dénonce l'homme qui l'a violée et qui nie les faits. On lui promet la fin de sa carrière et de toute vie sociale, elle n'en a cure et veut, par son témoignage, venir en aide à toutes les femmes trop honteuses pour parler.
Son livre n'est pas seulement la simple relation de son cas personnel, c'est une façon de faire bouger les choses, de changer les mentalités et les lois.
Quand elle l'écrit, deux ans après les faits, elle n'a toujours pas obtenu justice mais l'affaire est toujours en cours. Cela se ressent dans son écriture, le style est distancié, factuel. Shiori Ito se garde bien d'écrire quoi que ce soit qui pourrait être mal interprété ou utilisé par la partie adversaire. Ce sont des faits, rien que des faits avérés. Pas de larmes ou de discours enflammés mais une force hors du commun, un courage exemplaire, une voix dans le silence. A lire.
En découvrant le sujet de ce livre, je ne pouvais pas passer à côté de cette lecture.
Un sujet qui me touche beaucoup, comme pour beaucoup d'entre nous.
Un crime abject qu'il faut absolument dénoncé...
Et il y a des femmes qui sont suffisamment courageuses pour le faire comme Shiori Ito.
Shiori Ito est journaliste et témoigne de ce qu'elle a vécu il y a quelques années.
En 2015, la jeune femme a été droguée et violée par un homme haut placé chez TBS, la télévision publique japonaise et proche du Premier ministre.
L'arrestation de son agresseur a été annulée au dernier moment, par un coup de fil "venu d'en haut".
Elle raconte dans ce livre, son calvaire depuis le viol et dénonce "un système judiciaire et social où les victimes de crimes sexuels ne sont ni protégées, ni entendues" au Japon.
« Je veux parler, à visage découvert, pour toutes les femmes qui ont peur de le faire parce qu'ici, au Japon, ni la police, ni la justice ne soutiennent les victimes de crimes sexuels. Le viol est tabou.»
ELLE OSE PARLER ! Peu de femmes japonaises le font car elles se taisent quand elles sont victimes de violences. C'est particulièrement difficile dans ce pays où la discrétion est de rigueur.
« Quand je suis venue déposer ma plainte pour viol au commissariat, le policier m'a dit 'De toute façon, ce genre de choses arrive tout le temps, ça ne peut pas faire l'objet d'une enquête.»
Mais Shiri Ito, en combattante acharnée fera tout ce qui est en son pouvoir, pour dénoncer son violeur mais surtout essayer de changer les lois et les mentalités de son pays.
Il faut savoir qu'au Japon, il est très difficile de prouver qu'il y a eu viol.
Les lois sont obsolètes et n'ont d'ailleurs pas évolué depuis 110 ans !
Les procédures sont inexistantes et il n'y aucune structure, aucun lieu d'accueil. Pas d'informations, ni aides lorsque cela arrive.
Ni la justice, ni la police, ni le milieu de la santé ne sont sensibilisés et préparés à cette problématique, préférant étouffer ces affaires.
Shiori Ito n'aura de cesse de se battre pour que son cas soit traité par la justice, mais aussi de se reconstruire car elle souffre de troubles de stress post-traumatique, l'empêchant de travailler normalement.
N'obtenant aucune avancée, elle décidera de rendre son combat publique pour tenter de faire changer la société japonaise et aider les femmes victimes de ces violences.
En s'exprimant publiquement, elle espère aujourd'hui mobiliser l'opinion sur la question des agressions sexuelles au Japon.
« J'ai connu une souffrance dont je n'imaginais même pas l'existence. J'ai appris que les personnes qui vivaient avec cette souffrance étaient bien plus nombreuses que ce que j'aurais pu imaginer.
Aux personnes qui ont vécu les mêmes épreuves que moi, à ceux qui soutiennent un être cher en souffrance, je souhaite dire : vous n'êtes pas seuls.»
« Qui croira ce que disent les enfants ?
Qui protégera les enfants ?
Personne n'aime le changement. Dans ce pays, en particulier, il y a des gens pour qui parler ouvertement de viol est tabou. Qui veulent-ils protéger ? Et de quoi ? »
Dans cet ouvrage, la journaliste aborde aussi le phénomène "Tchikan", le harcèlement des femmes dans les transports en commun, et tout particulièrement sur les très jeunes filles. Une réalité quotidienne largement taboue au Japon.
Ce sont des prédateurs qui agressent leurs victimes par des attouchements.
Depuis qu'elle a témoigné à visage découvert, la jeune femme est la cible de menaces qui l'ont forcée à quitter le Japon.
Une lecture bouleversante, pertinente et informative.
LA BOITE NOIRE est un récit glaçant qu'il faut lire car il est essentiel que l'on sache ce qu'il se passe ailleurs...
Je vous invite vivement à découvrir ce témoignage.
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