Bienveillance et exigence constituent les deux injonctions morales exprimées dans le nouveau programme d'enseignement moral et civique pour les écoles élémentaires et collèges (2015). La bienveillance nécessite de se tourner vers la personne de l'élève, vers ses besoins et aspirations.
Quand ils s'expriment en terme de manques ou de différences pouvant constituer des menaces pour les aspirations scolaires (transmettre et faire partager les valeurs de la République), comment ne pas ajouter de la menace à la menace ? Un journal de recherche de repères que j'ai nommé Amaré (Accueillir, motiver, animer/aider, réguler et enseigner/faire étudier) m'a perrmis de mettre en évidence dix comportements attendus dans une journée d'école, présentés dans une première partie, instruits avec les élèves sous forme de gestes et de paroles utiles accompagnés de textes à méditer. Trois formes de dons reprises des catégories proposées par le philosophe Michel Hénaff semblent sollicitées pour ne pas être dans la dérive de l'exigence : le don maussien ou cérémoniel permettant de faire société par lequel s'échangent des biens symboliques dont les marques de politesse, le don oblatif ou gratuit, dissymétrique, se substituant au premier don quand celui-ci est malmené jusqu'à conduire à être parfois « des parents de recours » selon l'expression du psychanalyste Jacques Lévine et le don de solidarité s'étendant à tous les partenaires de l'école supportant le don maussien.
Ces trois formes de don deviennent-elles une exigence à leur tour ? Ce qui inscrirait la bienveillance dans un continuum pour la réalisation des aspirations scolaires. Ce que l'on nomme vertu, est-ce un don devenu une exigence ? Deux sagesses antiques soutiennent cette réalisation. La sagesse des épicuriens, nous invite à examiner les plaisirs nécessaires, et à l'école les savoirs nécessaires au sein d'une communauté qui se veut amicale au sens de la recherche le bien de l'autre. La sagesse des stoïciens nous conduit à examiner nos représentations dont ce qui dépend réellement de nous. Dans une seconde partie sont rapportées les différentes étapes du journal Amaré ayant permis l'élaboration de Dix menaces, dix dons.
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