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Ces nouvelles parlent de la Russie d'aujourd'hui, de ceux qui y vivent, jeunes et vieux, à la campagne et dans les villes : des gens robustes et roublards qui ont traversé les années de transition avec plus ou moins de succès. Elles montrent, loin de Moscou et de Saint-Pétersbourg, un peuple russe alliant fatalisme et énergie déployée en vain, et mettent en scène les aléas de leur vie passée, présente et future. Tous habitent dans des immeubles construits sous l'ère Khrouchtchev, dans les années 50 et 60, si sonores qu'ils y vivent « âme contre âme ». Ils ont les deux pieds dans la boue et savent pertinemment qu'ils ne sont pas près de sortir de ce « bourbier », période post-soviétique aux structures obsolètes et contre lesquelles chacun doit se battre quotidiennement. Et dans les rues de ces villes ou villages qui, toutes, portent les traces d'une révolution, aucune révolte ne souffle. Seule une forme de conservatisme ordinaire, d'orthodoxie ancestrale, semble régner.
Qui pénètre plus avant dans cette Russie-là, se retrouve dans un monde où la vodka règle beaucoup de tracas quotidiens et où la poussière, qui recouvre presque tout, neutralise les frontières : sociales, culturelles et nationales. « Plus on s'enfonce dans la province, plus on approche la réalité russe, constate Ikonnikov. Hormis les produits occidentaux qui ont envahi les rayons des magasins, pratiquement rien n'y a bougé depuis l'effondrement de l'Union soviétique. »
Les Dernières nouvelles du bourbier mêlent comique et tragique, tendresse et brutalité, dureté et émotion.
Fidèle à une tradition russe qui va de Gogol à Babel, Alexandre Ikonnikov ne condamne pas plus qu'il n'enjolive ceux dont il fait de si justes portraits. Il se tient à une distance soigneusement réglée, celle de l'observateur actif. Ses très courtes nouvelles rappellent le jeune Tchekhov par leur style enlevé, incisif, souvent comique. L'édition originale a été publiée en Allemagne, chez Alexander Fest. Alexandre Ikonnikov a revu lui-même la traduction et augmenté son manuscrit russe d'une dizaine d'histoires écrites directement en
allemand. L'édition française respecte ce « bilinguisme », les textes russes ayant été traduits par Antoine Volodine et les textes allemands par Dominique Petit. Les Dernières nouvelles du bourbier, unanimement saluées par la presse allemande, sont en cours de traduction dans de nombreux pays.
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