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Diderot ne serait pas dépaysé s'il tombait au milieu des débats contemporains. Conquêtes et interrogations du génie génétique, de la biochimie, approche clinique de l'hystérie et des maladies de l'âme, égalité des chances, primat de l'inné ou de l'acquis, contestation du roman entré dans une « ère du soupçon », quête du théâtre pur ou de l'art total, condamnation du totalitarisme - lui et Montesquieu disaient « despotisme » - et de l'intolérance, toutes nos obsessions, tous nos espoirs sont chez lui.
Il était fait pour diriger et composer l'Encyclopédie, par sa curiosité universelle qui a très tôt cherché les rapports entre toutes choses : déjà, le système des connaissances humaines emprunté à Bacon pour le Préambule du Dictionnaire montre l'enchaînement et l'interaction de toutes les disciplines, y compris l'histoire littéraire toute neuve et la cosmétique. La clef du savoir est pour lui du côté de la philosophie expérimentale comme pour le maître anglais. Mêmes convergences du côté des arts libéraux et de l'esthétique : le beau, pour Diderot, naît de la perception de rapports harmonieux; des rapports, il y en a entre la poésie, la peinture, la musique ou l'art du comédien : tous les arts sont « hiéroglyphiques », c'est-à-dire métaphoriques. Avec des techniques différentes ils parviennent au même effet, toucher par la vérité. Sur scène, il faudra inventer un théâtre qui fasse collaborer le texte, la gestuelle, la musique, la danse, les « tableaux » : c'est déjà le théâtre total de Wagner ou d'Artaud. Diderot nous lègue une poétique ou une rhétorique baudelairiennes avant la lettre, en même temps qu'il nous fait le présent inestimable de la critique d'art, et d'une critique littéraire qui est du grand journalisme.
Cette biographie brosse un portrait à jour de cet homme étonnamment moderne.
Laurent Versini est professeur de littérature française à l'université de Paris IV-Sorbonne, doyen honoraire de la faculté des lettres de Nancy. Spécialiste réputé du siècle des Lumières, il est l'auteur de nombreux ouvrages concernant le roman du XVIIIe siècle, et en particulier sur Laclos et sur le roman épistolaire. Il vient de donner des travaux sur Montesquieu et les Oeuvres de Diderot aux éditions Robert Laffont.
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