"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Je n'écris pas l'Histoire, dit-elle, mais si je remplis mes intentions, j'aurai peut-être écrit pour l'Histoire. » Née en 1771, morte en 1855, la comtesse Victorine de Chastenay a laissé d'importants mémoires. La matière ne lui manquait pas : la Révolution, le Consulat, l'Empire offraient une toile assez large à ses pinceaux. Ses souvenirs passent des charmants tableaux de l'Ancien Régime finissant - bals d'enfants, fêtes campagnardes, séances d'études avec son frère - aux angoisses de la Terreur, dont elle connut l'arbitraire et les cachots. Victorine sait alléger le trait, pour rendre l'atmosphère d'une soirée à Saint-Cloud ou à la Malmaison ou d'une réception aux Tuileries, dénoncer le faste artificiel de la cour impériale, croquer les courtisans dans l'antichambre d'un ministre ou les parasites dans les bureaux de la police. Elle évoque avec lucidité la fin de l'Empire, les fautes des ultimes campagnes, l'obstination « criminelle » de Napoléon, le chaos de 1814 et l'allégresse générale du retour des Bourbons. Surtout, elle excelle à peindre ceux qu'elle fréquente, et elle a connu tout le monde : Napoléon, rencontré trois fois, Joseph et Lucien Bonaparte, Talleyrand, Fouché, Barras, Tallien, généraux et
maréchaux, hommes politiques et ministres, directeurs et consuls, dont elle trace d'attachants portraits. Sa curiosité intellectuelle et artistique fut insatiable, et elle côtoya les plus grands, qu'ils fussent hommes de science (Corvisart, Humboldt, Cuvier, Arago...), écrivains (Bernardin de Saint-Pierre, Chénier, Germaine de Staël, Benjamin Constant...) ou artistes (Grétry, Talma, Sophie Arnould, Spontini...). Dans une langue élégante et simple, dépourvue de tout pédantisme, Mme de Chastenay faitrevivre, sans rancune ni traits vengeurs, une époque bouleversée où elle-même et les siens ont connu bien des vicissitudes. Son témoignage est l'un des plus précieux et des plus originaux sur
ces temps agités et passionnants.
Raymond Trousson est professeur émérite de littérature française à l'Université libre de Bruxelles. Il a publié de nombreux ouvrages consacrés à la littérature et à la philosophie des Lumières, notamment, chez Tallandier, des biographies de référence de Rousseau (2003) et de Diderot (2005).
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