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En 2006, Richard Millet publiait chez Gallimard Désenchantement de la littérature : il s'interrogeait sur la difficulté d'être un écrivain exigeant dans un monde qui refuse de plus en plus la littérature.
Il a poursuivi sa réflexion en s'intéressant plus particulièrement au roman, dans L'Enfer du roman (Gallimard, 2010), réflexion sur ce qu'il appelle la post-littérature : une littérature réduite au seul genre romanesque, sans style, avec des sujets stéréotypés, dont les clones existent dans tous les pays, et en toutes langues, avec le roman américain comme horizon fantasmatique.
Dans Déchristianisation de la littérature, il fait le constat suivant : la post-littérature est un des signes de la fin de notre ère. L'histoire du roman est, en gros, une histoire judéo-chrétienne - il n'existe pas de grand roman grec ou latin, mais plutôt des fables, satires, dialogues philosophiques :
La littérature telle qu'on l'entend, au sens moderne, est née avec les Évangiles et les prophètes.
Dans ce livre fait de fragments, parfois autobiographiques, non idéologiques, mais polémiques, émouvants, ironiques, méditatifs, comme souvent chez lui (L'Amour mendiant, Le Sentiment de la langue, Solitude du témoin...), Richard Millet essaie d'imaginer l'après : y a-t-il quelque chose après la littérature au sens où nous l'entendons ? Face à cette angoisse, il cherche des raisons de ne pas désespérer complètement, parce qu'il reste des gens capables de lire et d'écrire, même si tout ceci est fortement menacé par l'hyper-capitalisme, la catastrophe écologique, l'abandon des langues grecque et latine, la responsabilité de l'écrivain remplacée par le carriérisme littéraire.
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