Ce polar écologique du romancier américain David Klass fait partie de la sélection du Prix du meilleur polar des Éditions Points.
Notre auteur est scénariste et assurément cela se voit dans l'écriture de ce roman très cinématographique.
Si les images invoquées sont réalistes, elles interrogent aussi sur notre propre relation à l'écologie.
Celui que l'on surnomme "Green man" est en effet un criminel pour le moins intéressant.
Il a voué sa vie de l'ombre à l'écologie : pour cela il est prêt à tout, même à commettre des attentats qui pourraient impacter les mentalités et changer (le croit-il) la donne internationale.
Les exploitants de l'abject gaz de schiste, les barrages qui détournent les routes naturelles des saumons sauvages, les entreprises toutes puissantes et surtout ultra-polluantes : voici des cibles toutes trouvées pour Green man.
Puisque le dialogue ne fonctionne plus, il passe à la vitesse supérieure en visant au cœur, même s'il fait au passage beaucoup de victimes innocentes.
Évidemment l'intrigue développée est dans l'air du temps, elle vous rappellera sans doute quelques formules politiciennes plus ou moins fallacieuses qui tendent à associer militantisme écologique et violence (même si en réalité les écologistes ne font pas tous partie d'un mouvement politique et sont souvent des femmes et des hommes simplement investis dans la protection d'un territoire).
Ce qui est intéressant ici c'est justement de savoir "quel homme se cache sous la capuche". Comment en est-il venu à un tel extrémisme ? Pourquoi juge-t-il ses actions "acceptables" ? Qu'est-ce qui pousse un homme "normal" à aller plus loin, quitte à mettre en danger sa vie et celles d'innocents ?
Il y a beaucoup de dualité dans ce polar vif, intense et je crois que cela doit aussi nous faire réfléchir sur les conséquences de l'inaction climatique.
Ce roman nous présente un criminel qui commet des attentats pour la cause écologique. Les actes sont toujours ciblés et veulent éveiller la conscience environnementale des citoyens américains. En parallèle, un arsenal colossal est mis en place par le FBI pour retrouver cet individu et l'empêcher de nuire.
Le point de vue des deux côtés est donné ici et l'auteur réussit à nous prendre par les émotions et à creuser ses personnages pour que le côté psychologique ressorte et qu'on comprenne les intentions des uns et des autres. Il n'y a pas de parti pris mais les sujets traités sont très bien développés et la psychologie des personnages est mise en exergue. Les intentions de Green Man sont compréhensibles mais la manière d'opérer n'est pas la bonne. Côté enquêteurs, Tom est à la fois admirateur de Green Man dans la cause mais en même temps son devoir est de cerner psychologiquement le personnage pour pouvoir retrouver sa véritable identité et sa trace.
Un thriller qui ne laisse aucun temps mort et qui joue avec les nerfs (pour le côté psychologique) jusqu'à la fin. Cette lecture réussit néanmoins à nous interroger tout le long sur la notion de bien et de mal et sur les intentions des différents protagonistes.
Tom Smith (nouvelle recrue du FBI) vient d’être transféré dans une équipe, en plein coeur de l’actualité américaine. À la demande de son père (un ancien agent du FBI, à présent retraité) avec qui Tom a toujours eu beaucoup de mal à s’accorder … Et qui vient tout juste de perdre la vie, au volant de sa voiture …
« Green man » – lui – est un terroriste poursuivi par toute l’Amérique. Qui se prend pour une sorte de super héros écologiste, qui doit tenter de sauver la planète (et l’avenir de tous les enfants) en posant des bombes sur des points qu’il considère comme stratégiques (tels des barrages hydrauliques, par exemple …) Sauf que pour ce faire, il devra – paradoxalement – provoquer la mort d’innocentes victimes (dont des enfants, justement …) Pour ce père de famille aimant, c’est un crève-coeur pourtant inévitable …
Les deux principaux protagonistes de ce thriller ont chacun leur mission, dont ils vont faire un sacerdoce. Chacun leurs zones d’ombre également … Des blessures qui remontent à leur enfance respective …
Au fil des chapitres, David Klass fait partager à son lecteur le cheminement psychologique de Tom et de Green Man, en compagnie de Tracy (la soeur du premier) et de Sharon, Kim et Gus (la femme, et les enfants du second) ainsi que d’autres personnages, ayant leur rôle à jouer dans cette intrigue, qui tient en haleine jusqu’à la toute dernière ligne … Green Man parviendra-t-il à perpétrer son septième attentat, dont les conséquences pourraient être encore plus dramatiques que les précédentes ? … Et peut-on vraiment excuser l’utilisation de la violence, au nom de ses convictions ? … Un roman très accrocheur !
Minuit moins cent secondes
Imaginée en 1947 pour symboliser l'imminence de la fin du monde tel que nous le connaissons, l'horloge de l'apocalypse marque minuit moins cent secondes... de multiples dangers menacent la planète (il n'y a qu'à suivre l'actualité pour en être convaincu) le pire étant le désastre environnemental auquel personne ne peut rester indifférent…
Aux Etats-Unis, c'est le cas d'un homme, qui pour alerter sur l'incompétence et l'inertie politique est passé à l'action radicale : méthodiquement, depuis plusieurs mois, il s'en prend à des cibles bien déterminées, notamment des entreprises qui aggravent sciemment, pour de monstrueux profits, une situation déjà désespérée… Ainsi, « Green Man », comme l'ont surnommé les médias, vient de faire sauter un barrage sur la Snake River, dans l'Idaho. Au FBI 300 agents travaillent sans relâche à le traquer mais jusqu'ici il n'a commis aucune erreur, et le FBI n'a aucune piste… Quant au profil dressé par les experts censé mener au coupable, il se trompe totalement : Green Man n'est pas un sociopathe, bien au contraire, c'est un humaniste, un homme plein d'empathie pour ses semblables qui ne prend aucun plaisir à tuer… Après chaque attentat, Green Man poste une lettre expliquant son geste, alertant sur l'urgence d'agir avant qu'il ne soit trop tard, et que notre planète devienne invivable. Un homme le comprend parfaitement, un jeune agent du FBI, Tom Smith., et cela pourrait changer la donne.
Sous couvert d'un thriller à haute intensité, l'auteur fait passer un message sur l'état désastreux de la planète (bien sûr, tous les sujets ne sont pas abordés -notamment celui de la surpopulation mondiale qui explique, en partie, le désastre écologique actuel) et pose des questions pertinentes sur les actions qu'il y a à mener pour tenter d'y remédier. Quid des conférences (COP 26), quid des rapports du GIEC, quid des déclarations de bonnes intentions ? L'heure ne serait-elle pas plutôt à l'action (radicale ?) ? Et si oui, la fin justifie-t-elle les moyens ?
J'ai déjà eu l'occasion de dire ce que je pensais de l'écologie érigée en idéologie totalitaire (cf Impact d'Olivier Norek) : ce que j'ai apprécié dans les propos de l'auteur c'est précisément cette absence de moralisation. David Klass nous laisse face à nos propres choix, à nos responsabilités…
Efficace, prenant, intelligent.
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