Adulé par Ray Bradbury, Harlan Ellison ou Roger Corman, Charles Beaumont est un écrivain au parcours foisonnant et original. Son roman Un intrus, adapté au cinéma par Roger Corman, est une analyse aussi virtuose que glaçante de la montée du populisme aux États-Unis. Voilà un Vintage noir choc qui n’a malheureusement pas perdu de son actualité.
L’avis de Loïc Tamisier :
Ce roman paru en 1959 aux États-Unis et en 1960 en France entraîne le lecteur à Caxton, une petite ville sudiste où désormais les élèves noirs vont pouvoir intégrer les écoles publiques. On imagine aisément le contexte de l’époque, celui où les restes de la ségrégation perdurent encore.
Malgré leurs vives contestations, les habitants n’ont pas d’autres choses que de se plier à la loi. Mais l’arrivée d’un jeune homme va quelque peu redistribuer les cartes et les certitudes vont être éprouvées.
Construit comme un bon film américain en noir et blanc, ce roman captive rapidement le lecteur par la qualité de son texte, la profondeur de ses personnages, par son climat tendu qui suinte à chaque page. On est aspiré par l’histoire, on envisage de multiples pistes en se demandant si nous nous attachons à la bonne personne. J’ai beaucoup aimé l’univers du roman, la ville de Caxton au climat sec et pourtant fertile en émotions. Face à la situation d’intégrer des élèves noirs dans leur école, que ces derniers puissent côtoyer leurs enfants, les fréquenter ou même flirter angoissent les habitants blancs de Caxton. Chacun à sa place comme ils disent. Et ce jeune homme qui vient de débarquer, qui semble sûr de lui et qui peut amener une solution à cette situation, est-il vraiment là pour ça ou n’est-ce qu’un leurre pour quelque chose de plus grand ?
J’ai apprécié de voyager dans ce roman illustrant parfaitement les États-Unis des années 50 avec son insouciance et ses codes bien établis. Entre polar et critique sociétale Un intrus est un roman à découvrir, un roman dont la violence fait aujourd’hui encore écho à des faits actuels
L’avis de Valérie BECCARIA-ATTARD :
"Bienvenue à Caxton ! Il y fait bon vivre !" annonce le panneau à l'entrée de cette bourgade de 4 000 âmes du sud des États-Unis.
Et si l'arrivée d'un intrus manipulateur allait tout changer, à l'heure où la Cour Suprême vient de permettre l'accès des enfants noirs aux écoles publiques ?
Atmosphère lourde et quasi-oppressante, haine raciale, jeu d'influences et escalade de violence : j'ai craint le pire à chaque nouveau chapitre en me demandant jusqu'où pouvaient conduire les discours de cet intrus et ses manipulations psychologiques.
Avec un sujet bien maîtrisé par l'auteur, qui ne joue pas les moralisateurs, on ne ressort pas indemne de cette histoire.
Voilà donc un livre, écrit il y a plus de soixante ans, qui mérite d'être redécouvert aujourd'hui, les questions de racisme et d'extrémisme étant malheureusement toujours d'actualité.
© Valérie BECCARIA-ATTARD
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Merci aux personnes ayant donné leur avis...Ce roman vintage mais toujours d'actualité à l'air effectivement captivant et prenant!