80 ans après, il est toujours essentiel de faire comprendre cet événement aux plus jeunes
En 1798, le Directoire envoie en Égypte une armée d'Orient, placée sous le commandement de l'encombrant général Bonaparte. Il s'agit de fermer aux Anglais la route des Indes.
L'opération militaire se veut aussi scientifique. Alternant brutalité, cynisme et politique des Lumières, Napoléon quitte l'Orient à temps pour éviter l'échec. Il laisse derrière lui ceux qui l'assistèrent dans le projet d'une Égypte nouvelle : fonctionnaires, soldats, commerçants... Plusieurs centaines d'entre eux le rejoindront en 1801 avec femmes et enfants. On les installe à Marseille. Ils y intègrent une petite communauté arabophone venue de Syrie ou d'Afrique du Nord.
Mamelouks, marchands, intellectuels, domestiques- les réfugiés d'Égypte sont de toutes nationalités et confessions, souvent issus des minorités de l'Empire Ottoman mais tous familiers de l'islam politique même s'ils ne sont pas musulmans. Non sans drames et violences se constitue une « France arabe » - c'est-à-dire marquée par la culture arabe - dont l'élite intellectuelle se mêle à celle de l'Empire et de la Restauration, jusqu'à ce que la conquête de l'Algérie redistribue les cartes.
Fondé sur un remarquable travail riche de documents inédits, Ian Coller fait revivre ce choc des cultures, où les incompréhensions et la fascination s'entremêlent. Entre Marseille et Paris voici l'étonnante aventure de personnages hauts en couleurs qui, par-delà l'orientalisme, font vivre à la France une première expérience de la diversité.
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