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" Caraïbe à paroles ", s'écrie le poète au seuil de son périple et de son livre : rien que ne perçoive le voyageur au " coeur migrateur ", cet Ulysse venu de loin, qui, au fil des îles, ne se réa lise en mots.
" On prend l'oeil, comme on dit prendre langue ", dans la " densité crépue " de cet archipel où tout parle, l'écume, l'arbre, le pique-boeuf, où la marche des femmes se décline en alphabet, où le " manguier hausse sa parole jusqu'à l'oiseau ". Ulysse, donc, bée à tout ce qu'il voit, mer, ciel, le minéral, le végétal et l'animal, qu'il accueille dans son dire : " tant de langues me pénètrent et me mâchent, que je mâche et remâche pour mieux pénétrer ", ou point que je " deviens cet il, cet autre qui n'est pas moi, où pourtant je m'incarne ".
Par cette métamorphose, dans le bleu de ce monde ébloui de lumière, dans ces " clairières de gestes " où " tous les sentiers mènent à l'humain ", " l'ancien roi sans façon " ressource sa " parole au goût de mort nécessaire, de faim comblée par l'animal égorgé ", jusqu'à recouvrer la " haute langue d'enfance ", " tout cet idiome impur, mal cadencé, où trouveraient à redire les poètes ". Ainsi, par delà le foisonnement des images et le mythe revisité d'une Ithaque originelle à chercher finalement en nous-mêmes, c'est, en cinq vagues successives, une poétique de la rencontre que l'auteur nous invite à questionner, dans un souhait de partage.
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