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Gwenaelle Lenoir

Gwenaelle Lenoir
Spécialiste du Proche et du Moyen-Orient, du monde arabe et de l’Afrique orientale, Gwenaëlle Lenoir est journaliste indépendante.

Articles en lien avec Gwenaelle Lenoir (1)

Avis sur cet auteur (21)

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    Couverture du livre « Camera obscura » de Gwenaelle Lenoir aux éditions Julliard

    Ghislaine Degache sur Camera obscura de Gwenaelle Lenoir

    Camera obscura est un roman magistral, bouleversant et poignant, absolument sidérant !
    Gwenaëlle Lenoir prévient dès le départ que le personnage principal du roman, photographe militaire, est réel, qu’il est vivant mais vit caché quelque part en Europe. Si les atrocités décrites sont avérées,...
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    Camera obscura est un roman magistral, bouleversant et poignant, absolument sidérant !
    Gwenaëlle Lenoir prévient dès le départ que le personnage principal du roman, photographe militaire, est réel, qu’il est vivant mais vit caché quelque part en Europe. Si les atrocités décrites sont avérées, les faits documentés, la voix de celui dont le nom de code est César est la propre voix de l’autrice.
    Même si le pays où se déroulent les faits n’est jamais nommé, c’est de toute évidence de la Syrie dont il s’agit.
    Gwenaëlle Lenoir, journaliste indépendante spécialiste de l’Afrique orientale et du Proche et Moyen-Orient s’est glissée avec une maestria hors-norme dans la tête de César, de son enfance à son exfiltration.
    Cet homme dont l’enfance a été belle, est marié à Ania et il est père de deux enfants Najma at Jamil de huit et cinq ans.
    Son travail consiste à photographier les corps qui arrivent à la morgue de l’hôpital militaire. Il a pris cette fonction quand Abou Georges est parti en retraite.
    Très ponctuel, très méticuleux et très discret, il est surpris, un jour, par l’arrivée de quatre corps. « Ça faisait beaucoup pour un matin de printemps ». Il essaie pourtant de ne pas trop se poser de questions.
    Les jours suivants, d’autres corps arrivent et d’autres encore, toujours plus. Jamais il n’avait reçu autant de corps en même temps à l’hôpital, des corps massacrés, avec aux poignets, des étiquettes qui mentaient, des certificats officiels qui mentaient. Il est terrifié par ces corps torturés qui s’amoncellent et qui le poursuivent jusqu’à chez lui. Il ne peut plus fermer les yeux car il n’y a plus de doute...
    Jour après jour, il va continuer à envoyer les photos réglementaires mais, la peur au ventre, va emporter la carte mémoire dans sa sacoche au milieu des gâteaux secs à la fleur d’oranger préparés par sa femme auxquels il n’a pas touché : « Je n’ai pas le droit d’arrêter le voyage des morts… Il faut que les morts parlent parce que nous, les vivants, nous ne pouvons pas parler. Ils ont cousu nos lèvres et arraché nos langues... »
    Il finit par ne plus supporter et va alors, par l’intermédiaire de Abou Georges être mis en contact avec un réseau de patriotes qui enverront ces renseignements en lieu sûr à l’étranger pour les montrer un jour au monde entier et à un tribunal pour précipiter la fin du tyran.
    Gwenaëlle Lenoir, dans un style limpide et percutant, montre comment un homme ordinaire, photographe légiste, s’est retrouvé archiviste de l’horreur des prisons, comment sa vie paisible a basculé dans l’horreur. Elle raconte le cheminement d’un homme qui au fil de ce qu’il voit et vit va se détourner du chemin balisé qui lui était tracé pour entrer en résistance, une résistance désespérée face à un régime totalitaire monstrueux dépourvu de toute humanité.
    Le questionnement de cet homme nous permet de pénétrer au cœur d’un peuple opprimé, où chaque parole, chaque regard peut être interprété et où chaque personne peut être un moukhabarat, faire partie des services secrets et vous dénoncer.
    J’ai été saisie par le courage que déploie cet homme, malgré l’angoisse d’être démasqué et l’effroi qu’il ressent à la perspective de ce qui pourrait arriver à sa famille. Je n’ai pu qu’être admirative du cran dont il fait preuve en emportant sur lui cette clé USB, afin de témoigner des atrocités subies par son peuple et que ces morts puissent parler, et de la force qu’il affiche à ne pas céder à la facilité, à la pression de l’argent et des honneurs, en entrant dans le camp des dominants.
    J’ai trouvé extrêmement émouvant la manière dont il cache la carte mémoire dans le sachet de biscuits confectionnés par Ania, un geste chargé de symboles.
    Par le biais de ce photographe militaire qui n’avait jamais remis en cause l’ordre établi mais qui voyant son pays s’abîmer dans la terreur va oser se lever et mettre consciemment sa vie en danger, Gwenaëlle Lenoir, tout en décryptant avec talent les atrocités commises, rend ici un vibrant hommage à toutes celles et tous ceux qui ont osé et osent se dresser face à un régime qui impose force et silence. Il est cependant difficile de ne pas être pessimiste et désespéré face à l’inhumanité de ces régimes totalitaires.
    Ce récit poignant et bouleversant nous amène à nous interroger sur ce que nous-mêmes aurions fait en lieu et place de César….
    Comment cet homme peut-il survivre aujourd’hui sans sombrer dans la folie après avoir côtoyé et photographié tant d’ horreurs ?
    Camera obscura est un roman que chacun devrait lire pour se faire une idée de la barbarie dont peuvent faire preuve les régimes totalitaires.
    Gwenaëlle Lenoir a su aborder dans un style clair et vif, plein de sensibilité et d’humanité un sujet dur mais hélas contemporain. Une lecture nécessaire !...
    Lire la suite et la chronique illustrée ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/

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    Couverture du livre « Camera obscura » de Gwenaelle Lenoir aux éditions Julliard

    Joëlle Buch sur Camera obscura de Gwenaelle Lenoir

    Le narrateur est photographe à l’hôpital militaire. Il photographie les cadavres qui arrivent à la morgue pour joindre des photos à leur dossier. Il raconte avec calme sa vie, ce qu’il a vu et ce qui l’a poussé à se poser des questions sur les dirigeants de son pays. C’est surtout la peur qui le...
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    Le narrateur est photographe à l’hôpital militaire. Il photographie les cadavres qui arrivent à la morgue pour joindre des photos à leur dossier. Il raconte avec calme sa vie, ce qu’il a vu et ce qui l’a poussé à se poser des questions sur les dirigeants de son pays. C’est surtout la peur qui le retient d’agir et de réagir. Mais quand les corps se font de plus en plus jeunes et torturés, puis que certains lui sont familiers, il ne peut plus laisser faire sans amasser des preuves au péril de sa vie et de celle de sa famille. On ne connaît pas son nom ni celui de son pays dans le roman mais il s’agit de la Syrie.
    Il décrit un pays régi par la peur et contraint à se taire :
    « Il faut que les morts parlent parce que nous, les vivants, nous ne pouvons pas parler. Ils ont cousu nos lèvres et arraché nos langues, il y a des décennies. Ils ont commencé par faire taire nos parents, nos parents nous ont fait taire et nous faisons taire nos enfants. »
    En plus d’être angoissant, ce roman est perturbant car il pousse le lecteur à se poser des questions. Qu’est-ce que j’aurais fait à la place de cet homme ? Ce qui est encore plus troublant, c’est que ce photographe existe réellement et que les faits sont avérés. Il est connu sous le nom de code César.
    J’ai lu ce roman dans le cadre du Prix Orange du Livre 2024. Je me réjouis qu’il vienne d’obtenir le Prix Relay des voyageurs lecteurs et soit mis en avant. Un livre dont je vous recommande la lecture même si le sujet peut paraître plombant. Pour ma part, je n’ai pas pu le lâcher avant sa fin. Il m’a marquée à l’instar d’un coup de poing littéraire. Si vous aimez être bousculé par vos lectures, celle-ci ne vous laissera pas indifférent ! L’écriture de Gwenaëlle Lenoir est concise, sobre et efficace. Lisez les premières pages et vous serez pris dans les tourments du personnage sans pouvoir le quitter avant de connaître l’issue.

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    Couverture du livre « Camera obscura » de Gwenaelle Lenoir aux éditions Julliard

    Geneviève Munier sur Camera obscura de Gwenaelle Lenoir

    Il est des romans dont je me demande pour quelle raison la visibilité n’est pas plus importante. Je n’ai pas en effet l‘impression que l’on ait suffisamment mis en lumière le si profond roman de Gwenaëlle Lenoir "Camera obscura". Il s’agit pourtant là, de mon point de vue, d’un de ces récits...
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    Il est des romans dont je me demande pour quelle raison la visibilité n’est pas plus importante. Je n’ai pas en effet l‘impression que l’on ait suffisamment mis en lumière le si profond roman de Gwenaëlle Lenoir "Camera obscura". Il s’agit pourtant là, de mon point de vue, d’un de ces récits hors du commun, source de bouleversement longue durée.

    Une explication précède le premier chapitre : "Ce livre est un roman dont le personnage principal est réel. Ce photographe existe et vit caché quelque part en Europe. Son nom de code est César…" En effet, le narrateur est photographe, un photographe particulier puisqu’il est chargé de prendre des photos de corps décédés à la morgue d’un hôpital militaire dans un pays non cité du Moyen-Orient. Chaque jour arrivent les corps avec, accroché à un bras une étiquette qui indique le nom et les raisons du décès. Métier particulier, certes, mais la vie est ailleurs pour cet homme. Elle est près de sa femme Ania qu’il adore et de ses enfants qu’il chérit. Oui, mais voilà qu’un jour les choses changent, les corps sont plus nombreux, plus amochés, le doute s’installe et puis se change en assurance. Plus rien n’est normal. Et le photographe comprend rapidement.

    Pourquoi en dévoiler davantage. Ce roman, je l’ai personnellement lu en apnée, horrifiée, apeurée, bouleversée. Pourtant, rien n’a pu stopper mon envie d’aller plus loin, au-delà, de savoir, d’être sûre. J’ai continué malgré l’horreur. Je pense que l’écriture y est pour beaucoup. Les phrases sont extrêmement courtes, tranchantes, percutantes. Pas un mot de trop, rien de superflu. L’essentiel est dit, les actes prennent le pas et cette écriture – l’œil du photographe – nous restitue la réalité sans rien cacher de la barbarie, nous dit tout d’une colère rentrée.

    Nous assistons au fil des pages à la métamorphose du narrateur qui petit à petit se rebiffe, ne peut plus obéir et refuse de continuer à marcher dans le système d’un pays pourvoyeur de terreur et de crimes, malgré les risques.

    Un roman brillant et émouvant qui rend hommage à un photographe mais aussi à tous ceux qui résistent.

    Je remercie chaleureusement Lecteurs.com et les Editions Julliard pour cette important lecture.

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    Couverture du livre « Camera obscura » de Gwenaelle Lenoir aux éditions Julliard

    Henri-Charles Dahlem sur Camera obscura de Gwenaelle Lenoir

    L'horreur dans l'objectif

    Gwenaëlle Lenoir fait une entrée fracassante en littérature. Pour son premier roman, la journaliste a choisi de nous raconter les exactions du régime syrien à travers l'œil d'un photographe chargé de faire cinq clichés de chaque cadavre arrivant à la morgue. Très...
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    L'horreur dans l'objectif

    Gwenaëlle Lenoir fait une entrée fracassante en littérature. Pour son premier roman, la journaliste a choisi de nous raconter les exactions du régime syrien à travers l'œil d'un photographe chargé de faire cinq clichés de chaque cadavre arrivant à la morgue. Très vite, il ne va plus supporter ce que les morts lui disent. Mais il a aussi une famille à préserver.

    Les premières lignes du livre, comme un photographe effectuant sa mise au point, nous expliquent que le personnage principal du roman est bien réel. «Ce photographe existe et vit caché quelque part en Europe. Son nom de code est César. Les atrocités décrites sont avérées, les faits sont documentés, mais sa voix est la mienne.» Si le pays et le président ne sont jamais cités, on comprend à la lecture et aux détails que nous sommes en Syrie sous le régime Bachar el-Assad.
    On comprend aussi très vite que ce choix de discrétion est ici une question de vie ou de mort. Au fil des années, l'emprise du régime sur sa population s'est accentuée au point de rendre suspect tout regard un peu appuyé, toute remarque un tant soit peu critique. C'est dans ce contexte que le narrateur, photographe militaire, chargé de réaliser cinq photos règlementaires des cadavres livrés à la morgue, va comprendre que ses clichés racontent une histoire bien différente de celle qui figure sur les dossiers. Les blessures et les hématomes documentent la torture et l'homicide. Ce qui dans le service n'émeut plus personne, chacun ayant appris à ne jamais poser de questions et à détourner le regard. Tony et "moustache frémissante" vont même plus loin, entonnant un hymne à la gloire du régime dans l'espoir d'un avancement ou de privilèges.
    César quant à lui se tait. Mais ce qu'il voit à travers son objectif s'imprime dans sa mémoire. Alors le soir, quand il rentre chez lui, il emporte avec lui toutes ces images perturbantes. Si Najma et Jamil, ses enfants, ne s'aperçoivent pas de ses doutes, Ania, son épouse, comprend très vite ses tourments et sa volonté de tout faire pour préserver les siens jusqu'à lui cacher la vérité: «Je ne parle pas des morts à Ania. Je les ramène pourtant à la maison, soir après soir. Au début, j'ai essayé de les semer. J'ai pris des chemins détournés pour rentrer. Mais ils m'ont suivi. Les morts sont des gens têtus. Ils m'accompagnent dans l'escalier de l’immeuble, rentrent dans l'appartement, dorment dans notre lit et commentent les informations à la télévision. Ils font les gros yeux quand Najma ou Jamil chantonnent leurs nouvelles comptines à la gloire du président.»
    Aussi est-ce presque malgré lui qu'il enregistre ses photos sur une puce, qu'il note les noms sur une liste qui ne va cesser de s'allonger.
    Gwenaëlle Lenoir réussit à merveille à rendre le dilemme qui l'assaille, entre son éthique et l'envie de protéger sa famille, entre l'envie de dénoncer les exactions de ce régime et le besoin quasi viscéral de ne pas abandonner les victimes aux mains de leurs bourreaux. «Je ne pouvais rien pour eux, seulement les photographier. Seulement refuser de participer à la danse macabre orchestrée par les employeurs des Tony de ce pays.»
    Il va alors prendre de plus en plus de risques, se rapprocher d'un groupe de résistants et ainsi précipiter un épilogue d'une haute densité dramatique.
    Si Gwenaëlle Lenoir s'est appuyée sur une histoire vraie, son écriture tout en ellipses et sa volonté de ne pas situer son récit dans le temps et l'espace, donnent à ce premier roman une valeur universelle. C'est le combat contre toutes les dictatures, la volonté de résistance, la soif d'humanité qui en font un bréviaire pour les temps troublés. C'est fort et émouvant. C'est une histoire bouleversante qui ne vous laissera pas indifférents.
    NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024».Enfin, en vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.
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