Selma ne vit que pour les chevaux et c’est à travers eux qu’elle traverse cette période violente si difficile à comprendre pour une adolescente...
Selma ne vit que pour les chevaux et c’est à travers eux qu’elle traverse cette période violente si difficile à comprendre pour une adolescente...
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Dans les années 90, Sidi Youcef est un village où il aurait faire bon vivre, si la politique et la religion n’y avaient pas semé le désordre et la terreur. C’est dans ce contexte de guerre civile que Selma tente de vivre sa jeunesse et sa passion pour les chevaux.
Si les différents partis s’affrontent et massacrent aveuglément, la discorde s’immisce au sein même des familles pour peu que les voies divergent. L’oncle de Selma et son propre père deviennent des ennemis, ce qui plonge dans désespoir leur mère , qui rêve de repas partagés autour de la table familiale.
Ce roman, qui retrace cette période de bouleversement de la société algérienne, avec la montée de l’islamisme, touche par l’incarnation du conflit au sein d’une famille dont chaque personnage intervient avec ses doutes et ses espoirs. On vit avec Selma et sa famille l’angoisse du drame qui menace en permanence.
Peuplé de personnages sans concession, chez qui l’on sent la violence latente, prête à s’exprimer au moindre prétexte, le récit ne laisse pas indifférent.
C’est avec un immense plaisir que j’ai lu ce deuxième roman d’Amina Damerdji, "Bientôt les vivants", finaliste du Prix Orange 2024. Je l’ai énormément aimé, et à plus d’un titre, tant ses qualités sont nombreuses s’agissant du fond tout autant que de la forme.
Le fond : l’histoire se déroule en Algérie durant les années 1990, années funestes pour le pays, s’il en est. C’est en effet en 1992 que commence le conflit, véritable guerre civile, qui durera dix ans. Il est dû à l’interruption du processus électoral à l’issue du premier tour des premières élections législatives libres. Le gouvernement craint en effet de perdre le pouvoir au profit du Front Islamique du Salut. Le personnage principal est une jeune fille, Selma, passionnée d’équitation et en adoration devant un cheval pourtant difficile, Sheïtane. Comme toutes les familles, la sienne est rongée par les souffrances liées à la situation. Certains membres sont opposés aux islamistes, pendant que les autres les soutiennent. C’est ainsi que la petite histoire rejoint la grande. Et c’est dans ce contexte que cette jeune fille va apprendre à grandir sans une famille qui se déchire. Entre son père, Brahim, plutôt attaché au gouvernement, et son oncle Hisham, avocat, qui, lui, se tourne vers le Front Islamique du Salut, les liens se distendent.
La forme : le roman est servi par une belle écriture, précise, élégante. Il bénéficie aussi du recul pris par l’auteure pour nous parler de ces jours de deuil. Jamais aucun jugement n’est proféré "Pour qui se prenait-elle avec son monde en noir et blanc, ses phrases tranchantes ?… Rejeter le mal chez les autres était trop facile. Il n’était que le revers de nos indifférences, de nos égoïsmes, de nos lâchetés." Elle constate, relate, décrit. La construction y est aussi pour beaucoup dans la valeur de ce roman qui, au milieu de la noirceur, nous offre des moments de grâce aux côtés de Selma et de son cheval.
"Bientôt les vivants" est un magnifique roman qui nous remet en mémoire des heures sombres de l’Algérie et fait réfléchir…
https://memo-emoi.fr
Je remercie chaleureusement Lecteurs.com et le Editions Gallimard pour cette lecture passionnante.
Ayant lu et apprécié "Laissez-moi vous rejoindre" (2021), biographie romancée de la révolutionnaire cubaine Haydée Santamaria (1922-1980), j'étais curieuse de découvrir une autre facette de l'auteure avec une fiction.
Ce roman se déroule pendant la décennie noire au début des années 90, dont l'origine remonte aux émeutes d'octobre 1988, aux élections législatives de décembre 1991 remportées par le FIS (Front Islamique du Salut), au processus électoral interrompu par le pouvoir et à l'apparition du GIA (Groupe Islamique Armé) ultraviolent..
Il s'ouvre sur le massacre de Sidi Youcef, dans la banlieue d'Alger à l'été 1997. La violence s'installe partout, dans la société mais aussi au sein des familles, entre amis, au travail. C'est ce que l'auteure nous décrit à travers Selma qui a 14 ans en 1990 et sa cousine Maya. Elles passent de l'adolescence à l'âge adulte dans un pays marqué par la peur. Les familles sont déchirées comme c'est le cas entre le père de Selma, farouchement opposé aux islamistes et son oncle, Hicham qui en épouse la cause. Amina Damerdji nous montre comment la situation politique influe sur la vie quotidienne.
Une figure particulière émerge : celle du cheval Sheïtane (qui signifie Satan en arabe), un personnage à part entière. C'est un animal violent, dangereux car il a été maltraité par son maître précédent. Seule Selma peut lui prodiguer des soins, l'approcher, le monter, le dresser. C'est auprès de lui qu'elle trouve le vrai bonheur, la liberté. C'est avec lui qu'elle expérimente la violence et apprend à la canaliser.
Ce roman porte l'empreinte du passé de l'auteure qui a vécu en Algérie jusqu'en 1994 et l'a quittée pour la France alors qu'elle avait 7 ans. On sent que ce pays a laissé une trace en elle qu'elle nous transmet avec ses descriptions comme celle de la forêt de Baïnem, des odeurs, de la cuisine.
Merci à lecteurs. com et aux éditions Gallimard pour m'avoir permise de poursuivre ma découverte d'Amina Damerdji.
Magnifique roman chaleureux et humain! J'attends le prochain roman avec impatience !
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