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"S'égarer dans une ville comme on s'égare dans une forêt demande toute une éducation". Sébastien Lapaque reprend à son compte l'injonction de Walter Benjamin et l'applique à Rio de Janeiro, qu'il aime comme une tendre amie, comme une impossible amante. À travers une promenade qui est aussi une rêverie, il nous en donne l'écume, où se concentre tout le sel, qui laisse la trace la plus prégnante, amertume et minéralité. Plus que d'histoire, de géographie ou même de musique, sa Théorie de Rio de Janeiro est une leçon de vie, un guide pour apprendre à se perdre, absolument.
Avant d’être écrites, les pages de cet opuscule (105 pages) ont été pensées au fil de ceraines lectures et lors de plusieurs voyages dans la ville la plus célèbre du Brésil. Quel que soit leur intérêt, Sébastien Lapaque aime raconter les affaires des Cariocas. Leurs origines (le peuple portugais, « un peuple de semeurs et non de carreleurs »), leurs histoires, leurs religions, leur musique, leur folklore, leurs arts, tout cela passionne l’intellectuel français comme s’ils étaient des éléments de sa propre culture. Et puis comment ne pas nourrir un intérêt très vif pour une ville à la mythologie si ancrée dans l’inconscient collectif européen ? Une ville au centre de l’ « Orfeu Negro » de Marcel Camus, palme d’or à Cannes en 1959 ? Une ville où l’école de Mangueira fait danser le cortège du carnaval ? Une ville où Antônio Carlos Brasileiro de Almeida Jobim composa les plus belles bossas novas ? Une ville à laquelle Walt Disney consacra un dessin animé en 1944 ?
Mais Sébastien Lapaque nous propose, grâce à son érudition, de dépasser certains stéréotypes liés aux cultures brésiliennes ; au-delà de Carmen Miranda chantant « la Chupeta », des favelas surpeuplées ou des athlètes en blanc pratiquant la capoeira, il existe tout un patrimoine d’écrivains, de poètes, de musiciens, d’artistes et de bâtisseurs. Mais surtout Rio de Janeiro est avant tout, et surtout, une population cosmopolite, issue de tant d’influences, aussi bien lusitaines qu’africaines. Et là réside la grande réussite de ce texte : il parvient à parler d’urbanisme avec humour, d’histoire avec sérieux mais sans aridité, d’Oscar Niemeyer sans flagornerie mais avec justesse. Seul bémol : le texte ne peut se lire d’une seule traite, d’où une structure plutôt bienvenue en chapitres courts permettant de laisser le livre, puis d’y revenir ensuite. Je ne suis pas un spécialiste du Brésil, loin de là, et de Rio de Janeiro encore moins : je ne parle, ni ne lis le portugais, sans parler des différences idiomatiques en brésilien contemporain ; je découvre le pays et ses villes à travers mes lectures et mes échanges épistolaires, si bien que je serais prétentieux de juger la valeur de ces informations mais elles me semblent un excellent préambule à d’autres lectures. Mais faut-il connaître toute une culture pour apprécier les hommes qui la nourrissent ? En vérité, je me suis comporté en honnête Européen : je ne savais rien et un autre Européen allait m’en dire plus. Ce fut une réussite !
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