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Maxime s'était rangé des voitures et retiré à la campagne, pour cultiver son bout de jardin, et faire pousser quelques légumes et autres plantes moins légales mais tout aussi utiles.
Bref, pour se la couler douce après une dure vie de labeur.
Et voilà que, sous prétexte que les Kowa, ses gentils petits vieux de voisins, sont les parents du nouveau ministre de l'Intérieur, les CRS viennent lui chatouiller les orteils et piétiner son potager.
Mais on ne réveille pas impunément un ancien terroriste à la retraite ! Surtout un vendredi 13.
Mini livre au goût ringard, soit disant thriller.
ean-Bernard Pouy écrit là le roman d'un homme qui a donné pour une cause et qui ne rêve désormais que d'une vie peinarde. On le réveille de sa torpeur, tant pis pour ceux qui ont osé. Maxime est fatigué, certes, souffre d'un lumbago chronique, re-certes, mais n'est pas d'une nature à se laisser alpaguer aisément. Il sillonne la France du sud au nord, de l'est au sud et de l'ouest à l'est en passant par le centre et à nouveau par le nord, laissant fort peu de traces. Preuve qu'il est un homme de goût et de talent, il prend avec lui la Pléiade des romans de Queneau (et trouvera en chemin, sur un vide-grenier son pendant des poèmes du même auteur), et J-B Pouy nous agrémente des poèmes de cet immense auteur tout au long de son livre. Quelle riche et belle idée ! D'ailleurs, toute comparaison gardée, JB Pouy a une écriture qui par moment s'apparente à celle de Queneau, entre belles lettres et mots inventés ou triturés, entre anglicismes et jeux de mots faciles, mais/et réjouissants. Un exemple ? Il y en aurait beaucoup, mais l'une des pages qui m'a le plus plu est la 27 (pas forcément la plus représentative de ce que je viens de dire, mais elle m'a tapé dans l'oeil) :
"J'ai aussi eu le temps de me renseigner sur notre nouveau ministre de l'Intérieur. Stanislas Favard, le fiston de Roman et Monique. Qui avait pris, pour fomenter son ambition, le nom de sa mère. De nos jours, il vaut mieux passer pour un Creusois qu'un Polack, le chabichou est plus rassurant, dans nos isoloirs, que le bortsch. Ce type était apparemment un genre de requin aux dents longues et à l'haleine de hyène. Grimpette accélérée dans les sphères du pouvoir. Populiste à cran, extrémiste droitier parfois, chrétien de gauche de temps en temps. Réactionnaire se faisant toujours passer pour progressiste. Cinquième maroquin. Sans parler du nombre de Marocains qu'il avait déjà faits raccompagner dans leur beau pays. Certains le voyaient même à la tête de l'Etat, le jour où il aurait réussi à se faire mieux aimer des Français. Pour l'instant, une grande partie de notre population de veaux en douce stabulation ne le voyais (sic) pas encore comme le grand taureau en chef. Il s'était fait agresser plusieurs fois par des militants en colère. Il s'en foutait. Il fonçait. Comptait sur son impunité. Laminait ses ennemis."
Vous dire que j'ai aimé cette balade croustillante dans les villes les plus paumées, les hôtels miteux est superflu, vous l'aurez deviné de vous-mêmes. L'auteur nous rend sympathique un ex-terroriste (enfin, quand vous connaîtrez ses méthodes, vous verrez qu'il n'a rien à voir avec certains autres aux actions violentes) et se moque gentiment de la flicaille en tout genre, de la guerre des services, de l'ambition affichée de quelques uns d'être calife à la place du calife. Laissez-vous promener -dans tous les sens du terme, parce que certains rebondissements ne sont pas forcément prévisibles-, laissez-vous aller sur les routes par JB Pouy, laissez-vous guider dans les arcanes des services policiers qui se tirent la bourre, laissez-vous prendre au charme faussement indolent et nonchalant du pré-retraité Maxime et cerise sur le gâteau, ne résistez plus au plaisir de lire -ou relire- les poésies de Raymond Queneau (moi, qui suis assez imperméable à ce genre littéraire, j'avoue que je vais aller voir de plus près, mais bon, je suis fan de Queneau, alors ce n'est point une contrainte).
A près de cinquante ans Maxime, à part un lumbago qui apparaît de temps à autre, est peinard. Le quotidien est rythmé par le caoua du matin, le jardinage, quelques courses au bourg, la lecture de Raymond Queneau et puis voilà que sa retraite est troublée par le débarquement dans son potager de quelques CRS ; les envahisseurs viennent protéger les voisins d'à côté les Kowa dont le fils vient d'être nommé ministre de l'intérieur. Maxime pour quelques plants d'une "herbe spéciale" se retrouve derrière les barreaux mais suite à une négligence peut s'évader et le bonhomme va donner du fil à retordre à la maison Poulaga : on le cherche et on va le trouver. Commence alors une cavale à travers la France mais aussi jusqu'au pied du Stromboli. Maxime rentre en guerre contre les flics, contre le pouvoir établi et l'ancien terroriste qu'il était ne manque pas de ressources !
On retrouve dans ce roman la gouaille, l'humour, l'amour des mots de Jean-Bernard Pouy et le lecteur amateur des ouvrages de J.B. y prendra beaucoup de plaisir.
"Samedi 14" est l'un des premiers titres de la collection "Vendredi 13" dirigée par Patrick Raynal aux éditions La Branche. La collection comportera 13 titres écrits 13 auteurs différents.
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