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Émile pourrait être un enfant comme un autre... s'il n'y avait pas son père.
Nous sommes au début des années soixante, la guerre d'Algérie fait rage, et des putschistes tentent de renverser la République. Le père tente d'enrôler son fils dans l'organisation secrète O. A. S. qui a pour but d'assassiner le général de Gaulle, ce « salaud qui brade la France aux Russes et aux cochons ». Lever en pleine nuit, coups de ceinturon et de poing, punitions, enfermement dans l'armoire (« la maison de correction ») : Émile subit la violence de ce père qui n'en finit pas de l'entraîner dans ses délires mensongers et paranoïaques. La mère, elle, s'efface dans un consentement subi : « Tu connais ton père ? ».
Comment fait-on pour résister, à douze ans, à un tel déchaînement de brutalité paternelle ?
J'avais adoré le roman de Sorj Chalandon , j'ai adoré l'adaptation qui en est faîte dans cette BD.
Des vignettes en noir et blanc, un dessin sobre qui met en lumière la souffrance du petit Émile.
Il faut lire et le livre et la BD, et les offrir en cadeau.
Au début des années 1970, Emile est un jeune garçon pas tout à fait comme les autres. Il faut dire qu’il a un père hors du commun. Son père est agent secret chargé par l’OAS d’éliminer Charles de Gaulle. Mais parfois aussi il a été champion de foot ou de judo. En clair, c’est un mythomane persuadé d’être dans le vrai. C’est aussi une brute qui terrorise Emile et sa mère. Emile est manipulé, il croit son père et rentre avec lui dans les délires.
C’est un récit extrêmement fort dans lequel nous entraine Emile. On regarde sans y croire les délires du père, la souffrance d’Emile qui cherche malgré tout l’amour de son père sans réellement y parvenir, les dégâts psychologiques sur le jeune garçon. Emile grandit dans ce milieu perturbé, dans cette relation anormale dans laquelle la mère n’intervient pas. La construction qui semble mettre bout à bout des anecdotes tout en gardant un fil conducteur donne de la force au récit, la simplicité des illustrations également. Une BD qui ne laisse pas indifférent, une histoire incroyable et terriblement vraie…
Un beau roman graphique inspiré du roman autobiographique de Sorj Chalandon, où on découvre l'enfance du petit Emile, enfermé entre les murs de sa maison avec une mère effacée et un père mythomane.
Les vignettes sont sobres , les dessins en noir et blanc définissent rapidement les personnages, celui de la mère est d'ailleurs floue, comme sa personnalité soumise.
C'est dans un univers où la violence morale et physique paternelle s'exerce qu'évolue Emile, où les vies imaginées par son père vont l'entrainer dans des situations périlleuses pour un petit garçon, dans un monde de politique. Il se construit à l'image de ce père, et devient à son tour bourreau et influence un camarade. Sa souffrance le suit visiblement toute la vie.
Devenu adulte, Emile lutte pour se reconstruire et surtout se détacher de l'influence pesante de son père qui a imposé son empreinte.
Une BD dont le graphisme illustre la gravité du récit, que j'ai trouvée touchante. Je n'ai pas encore lu le roman de Sorj Chalandon qui est dans ma PAL . Cet ouvrage attise sa lecture.
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