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Récit d'un apprentissage, d'un dépassement de soi ou hymne aux mots, et donc à la littérature ? Évidemment, le tout ensemble, intimement et magnifiquement lié. Pour la première fois, Alexis Jenni dit avec une sincérité émouvante ce que la vie signifie pour lui : oser apprivoiser la parole lui, qui enfant, « fut muet, puis bègue, puis embarrassé ». Le romancier et essayiste se donne tout entier à un jeu de cache-cache avec lui-même, dans une recherche non pas de la vérité mais de sa vérité.
Dans une belle énergie, avec l'art de mettre en littérature les émotions les plus infimes, il fouille, creuse, se remémore, s'interroge, appelle d'autres à la rescousse, Camille Desmoulins, Sebastião Salgado, Alain Cuny ; aussi quelques écrivains, Denis Diderot, Valère Novarina, Marcel Proust.
Il raconte la solitude, la honte, la douleur physique, le rouge aux joues et le souffle trop court jusqu'à l'étouffement. Il raconte l'inquiétude sinon l'angoisse de prendre la parole, de prendre place dans le monde des humains. Alexis Jenni lutte contre le silence et s'arme de désir : « L'écriture est la revanche des muets, des bègues et des maladroits ». L'écriture, pour lui synonyme de patience et de labeur, nait de la parole vivante. Elle est une vie commune, un partage.
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