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Il était venu pour voir de ses propres yeux ce qu'il redoutait tant : le mariage de celle qu'il aimait avec un autre. Il n'a pas été déçu. Du " oui " solennel qui résonne dans la salle des fêtes de la mairie au baiser final - ni trop vorace ni trop chaste - claquant sous les applaudissements de la foule ; de la joie et de l'émotion mêlées sur le visage des convives à la commisération des vrais et faux amis qui savent quels regrets se cachent derrière la bonne humeur de façade de notre protagoniste ; et, pire encore, jusqu'aux premiers mots d'une innocente perversité prononcés par la mariée lorsqu'elle l'aperçoit au milieu des invités : " Je suis contente que tu sois venu "... Rien, non, vraiment rien ne lui aura été épargné.
Tentant de contenir sa jalousie, et de ne pas confirmer aux yeux des convives sa réputation de mauvais garçon, le narrateur traverse en somnambule cette célébration parfaite, où le raffinement n'a d'égal que l'élégance des convives, où la mariée, tout aussi parfaite, triomphe au bras d'un homme qui n'est pas lui, mais qui devrait l'être. Sur le chemin du retour, il se remémore la rencontre avec celle qu'il vient de laisser à sa nouvelle vie. Sans complaisance avec lui-même, il dissèque les premiers temps de leur relation, avoue sa maladresse, concède n'avoir récolté aujourd'hui que ce qu'il mérite. Inventoriant les raisons de la déliquescence de leur couple : la trop grande place prise par les amis, le refus de grandir, de s'engager, la peur d'être piégé, l'effroi devant l'idée de la paternité, le dégoût du travail salarié, il prend conscience que cette histoire d'amour n'a tout simplement pas survécu à l'immaturité de son protagoniste principal.
Présenté comme un monologue intérieur, "Notre mariage" est la version sombre du "garçon sans séduction", les atermoiements d'un homme qui a du mal à quitter l'adolescence, qui ne veut pas s'engager ni perdre sa bande d'amis, continuer à s'éclater sur ses jeux vidéos et surtout ne pas avoir d'enfant.
Donc rien de bien nouveau dans le propos, ni dans la forme, reste seulement une écriture agréable avec sa pointe de dérision. C'est joliment fait mais j'attendais mieux et j'ai même pensé que son format court était largement suffisant. Un peu plus long et on fermait le livre avec une furieuse envie de donner un bon coup de pied aux fesses à cet adulescent pour le faire grandir un peu...
Un peu déçu donc mais quand même partant pour un troisième roman... moins égocentré, ce serait pas mal...
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