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Le photographe américain Robert Mapplethorpe (1946-1989) a beau sculpter les corps à travers son objectif, et Rodin recourir à la photographie tout au long de sa carrière, rien ne semble lier les deux artistes.
Le premier court après la forme parfaite, le second s'obstine à capturer le mouvement dans la matière. Rien de spontané chez Mapplethorpe le méticuleux, tandis que Rodin s'en remet aux fulgurances du geste, quitte à en accepter l'expression accidentelle. L'un fut attiré par les hommes, l'autre par les femmes, et tous deux jusqu'à l'obsession. Cela n'a pas empêché Mapplethorpe de photographier des nus féminins, et Rodin de modeler de nombreux corps masculins. Jamais, pourtant, le photographe n'a fait clairement référence au maître de L'Âge d'airain... Il semble même qu'il ait parfaitement ignoré son oeuvre.
Confrontées l'une à l'autre, les oeuvres n'en dialoguent pas moins. Les plans hypermaîtrisés de l'un font écho aux rondes-bosses tourmentées de l'autre. La fragmentation des corps, leur examen compulsif, les drapés qui les dissimulent à peine signent une quête commune, également sensuelle. Distantes de près d'un siècle, les deux oeuvres présentent d'innombrables similitudes et produisent des diptyques saisissants.
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