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L'image rend l'État visible ; elle permet de représenter l'abstraction du politique. Cette figuration est fréquemment synonyme de propagande, une forme de narration iconique et symbolique qui viserait à glorifier et à célébrer le pouvoir derrière le simulacre de sa représentation. C'est vers la fin du XVe siècle que l'image de la monarchie, d'une symbolique médiévale, se métamorphoserait en une symbolique antiquisante, vivifiée par l'humanisme conquérant de la Renaissance, bouleversant non seulement le langage iconographique et mythographique, mais aussi l'idéologie du pouvoir : le roi pasteur très chrétien céderait progressivement la place à un roi de gloire détenteur d'un pouvoir absolu. Contre ces deux postulats, Nicole Hochner soutient qu'il est faux de considérer l'image du roi comme une image de propagande et qu'une lecture évolutionniste masque les véritables enjeux de la représentation du pouvoir. Le règne de Louis XII (1498-1515), délaissé par les historiens, nous offre un extraordinaire laboratoire des figures du pouvoir : c'est une période de rupture, de parenthèse et de recherche pendant laquelle s'élaborent et se superposent des images issues de la représentation religieuse et chrétienne, d'une symbolique antiquisante et mythologique, du langage de la courtoisie et de la chevalerie, du mythe du " père du peuple " consacré par la réunion des États à Tours en 1506. L'image royale épouse alors une multitude de formes et rejette aussi bien le profil autoritaire et coercitif d'un Louis XI " tyran ", que les nouveaux topoi de l'Antiquité, qui séduiront tant François Ier, " nouveau César ". Le fait remarquable est que le pouvoir ne semble pas vouloir trancher ou réguler le débat majeur suscité par ces figurations plurielles et contradictoires. La monarchie française se cherche et s'affirme au cours de cette fascinante controverse sur la nature du pouvoir royal, qui oppose et confronte les partisans d'une monarchie modérée basée sur un système de " freins " et les défenseurs d'une souveraineté absolue, non consultative. L'étude de l'image du roi met ainsi au jour une crise des représentations à la veille de l'émergence de l'absolutisme français. En faisant de l'image une source à part entière, Nicole Hochner démontre l'originalité d'une recherche centrée sur les relations entretenues entre le pouvoir politique et les formes visuelles qui lui donnent sens et consacrent l'autorité du prince. Elle nous permet de mesurer tout à la fois la richesse et la fécondité d'interrogations neuves, toutes centrées sur les significations des formes visuelles, dans leur multiple diversité.
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