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Les fédérés blancs : épisode de la défense de l'Alsace en 1814 et 1815

Couverture du livre « Les fédérés blancs : épisode de la défense de l'Alsace en 1814 et 1815 » de Siebecker Edouard aux éditions Lulu
  • Date de parution :
  • Editeur : Lulu
  • EAN : 9781471056659
  • Série : (-)
  • Support : Poche
Résumé:

Le père Schreck était un vieil ami de mon oncle et du capitaine Kast. Plus heureux que l'oncle, il avait appris ce qu'un homme du peuple pouvait apprendre à cette époque, et s'il était resté au service, comme le capitaine, il serait devenu officier tout comme un autre. Tous deux étaient partis... Voir plus

Le père Schreck était un vieil ami de mon oncle et du capitaine Kast. Plus heureux que l'oncle, il avait appris ce qu'un homme du peuple pouvait apprendre à cette époque, et s'il était resté au service, comme le capitaine, il serait devenu officier tout comme un autre. Tous deux étaient partis en 92 aux hussards du Bas-Rhin ; seulement M. Kast, qui était clerc de notaire, avait été nommé rapidement sous-lieutenant et était passé dans une demi-brigade du Midi ; il avait fait, par conséquent, partie de l'armée d'Italie, tandis que Schreck était resté à l'armée du Rhin. Il en était résulté que le premier avait été fanatisé par Napoléon, tandis que le second était resté ce que l'on appelait alors un jacobin.Il avait pris son congé dès qu'il l'avait pu, avec les galons de maréchal des logis, et s'était remis à ses tonneaux.Il fut convenu entre lui et mon oncle que, moyennant deux cents francs et deux années, il m'apprendrait le métier ; mais à la condition que, bien qu'ouvrier, je resterais chez lui encore un an avec demi-paye avant de faire mon tour de France. Il me logeait, me nourrissait, et l'oncle était chargé de mon entretien pendant l'apprentissage. C'étaient des conditions exceptionnelles que le père Schreck faisait à un vieil ami.Je ne vous dirai pas ma nouvelle vie, n'est-ce pas ? Elle ne vous intéresserait guère ; c'est celle de tous les apprentis. Peut-être fus-je plus heureux, car mon patron était un homme juste ; seulement sa femme ne valait pas cher. Elle était avare et dévote ; de là des disputes dans le ménage.Nous demeurions dans la rue Sainte-Élisabeth, à côté d'une fabrique de tabac établie dans l'ancien hôtel Labastie. Cette maison, depuis cette époque, a été achetée par M. Hepp, le professeur de droit, qui en louait une partie à l'institution Goguel.Un peu plus loin se trouvait l'école normale, que le préfet du Bas-Rhin, M. de Lezay-Marnésia, venait de créer.C'était une rue calme, tranquille, choisie surtout par des gens qui avaient besoin de silence: des professeurs du lycée et de l'école normale, des pasteurs, des prêtres, des avocats et deux ou trois familles d'émigrés rentrées depuis peu.Il n'y avait guère que nous, dans la rue, qui avions un métier bruyant. Aussi, dès qu'on s'arrêtait de jouer du maillet, la grosse Mme Schreck mettait le nez à la fenêtre et, lorsque le patron n'était pas là, elle nous demandait si nous étions malades. Je la vois encore avec sa bouche mielleuse et son oeil sournois !

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