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« À cause de la guerre, du fracas de mon enfance, j'ai été, très jeune, atteint par la rage de comprendre. J'ai cru que la psychiatrie, science de l'âme, pouvait expliquer la folie du nazisme.
J'ai pensé que le diable était un ange devenu fou et qu'il fallait le soigner pour ramener la paix. Cette idée enfantine m'a engagé dans un voyage de cinquante ans, passionnant, logique et insensé à la fois. Ce livre en est le journal de bord.
Pour maîtriser ce monde et ne pas y mourir, il fallait comprendre ;
C'était ma seule liberté. La nécessité de rendre cohérent ce chaos affectif, social et intellectuel m'a rendu complètement psychiatre dès mon enfance.
Cinquante ans d'aventure psychiatrique m'ont donné des moments de bonheur, quelques épreuves difficiles, le sentiment d'avoir été utile et le bilan de quelques méprises. Mon goût pour cette spécialité est un aveu autobiographique.
L'histoire de ces cinquante années raconte aussi comment j'ai traversé la naissance de la psychiatrie moderne, depuis la criminelle lobotomie, l'humiliante paille dans les hôpitaux, Lacan le précieux, la noble psychanalyse malgré ses dérives dogmatiques, l'utile pharmacologie devenue abusive quand elle a prétendu expliquer tout le psychisme, et l'apaisement que m'a apporté la théorie de l'attachement, dont la résilience, mon chapitre préféré, étudie une nouvelle manière de comprendre et de soulager les souffrances psychiques.
Ce long chemin m'a conduit à tenter d'expliquer, de soulager et parfois de guérir les souffrances psychiques. Il m'a donné le plaisir de comprendre et le bonheur de soigner les âmes blessées. » B. C.
Boris Cyrulnik est neuropsychiatre et directeur d'enseignement à l'université de Toulon. Il est l'auteur d'immenses succès, et notamment de Sauve-toi, la vie t'appelle, premier tome de ses Mémoires, dont voici le deuxième tome : Les âmes blessées.
Boris Cyrulnik retrace l’histoire 50 ans de l’histoire de la psychiatrie.
Ses parents sont morts en déportation ; lui-même a été balloté durant la guerre afin d’échapper aux rafles. C’est cette expérience traumatisante qui l’a poussé à devenir neuropsychiatre. Enfant il voulait soigner Hitler afin que cette folie s’arrête.
Dans les années 50, les progrès scientifiques ont donné des explications à la folie qu’était le nazisme : on a affirmé qu’Hitler était hystérique, puis qu’il avait un début de Parkinson…. Bref des explications simples et claires mais fausses. « C’est trop facile de penser que seuls les monstres peuvent commettre des actes monstrueux. »
Boris Cyrulnik a commencé sa « navigation dans les années 1960, quand les récits sociaux légitimaient la lobotomie, l’enfermement entre les murs et sur la paille dans les hôpitaux ». Beaucoup de grandes découvertes scientifiques relèvent de la Sérendipité. Les découvreurs sont souvent considérés comme des dangers, car ils remettent en cause des conditions de fonctionnement acceptées par la majorité. Les habitudes sont très difficiles à changer.
Actuellement, nous vivons dans une société où la science « structure les récits ». Ce qui donne une impression de certitudes, sous le prétexte qu’une science dure ne se prête pas à l’interprétation. Or, on constante régulièrement qu’une découverte chasse l’autre. Ce que l’on tenait pour acquis aujourd’hui ne le sera peut-être plus demain. De plus, chaque chercheur réagit aussi avec sa personnalité, son histoire. En fonction de son parcours personnel, il laissera parler sa sensibilité pour telle ou telle interprétation d’un fait.
« C’est une représentation culturelle qui entraîne des décisions thérapeutiques différentes. » : la maladie d’Alzheimer est considérée comme un fléau en Europe. En Asie, elle fait partie d’un cycle de vie et ne fait pas peur. Aussi, les patients européens peuvent se sentir agressés car on ne sait pas comment réagir face à des gens qui deviennent dépendants. Alors que de l’autre côté de la planète, on fait preuve de patience et les relations se passent beaucoup mieux.
Boris Cyrulnik parle de ce livre comme d’un journal de bord. On navigue entre les réflexions et les anecdotes. C’est captivant. On aborde les souffrances psychiques en dehors du contexte anxiogène véhiculé par les médias. il est difficile d’apporter une conclusion dans un tel essai. Pour mon compte, je retiendrai trois éléments :
- notre interprétation dépend avant tout de notre histoire personnelle.
- il faut se méfier de tout ce qui est considéré comme évident.
- « l’arme la plus efficace des dictatures, c’est le conformisme. » Par exemple, la carrière de Konrad Lorenz a été compromise suite à la publication en 1940 d’un article où il mentionnait « l’idée de race en tant que fondement de notre Etat a déjà beaucoup œuvré dans le sens de l’épuration ». Tous les articles de cette époque devaient contenir ce type de propos : Konrad Lorenz a suivi le contexte culturel dans lequel il baignait.
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