"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Sur une île quasiment déserte au large de l'Islande, on retrouve un squelette. L'adjoint du préfet, Kjartan, est contraint d'enquêter. La victime, un universitaire danois spécialiste des sagas nordiques, se trouvait sur l'île pour consulter le Livre de Flatey, un texte médiéval contenant une énigme qui intrigue tous les spécialistes. Qui, parmi les frustres pêcheurs, aurait pu tuer le professeur ? L'îlot est sans doute moins calme qu'il n'y paraît car un deuxième cadavre rejoint le premier.
L'énigme de Flatey, Flateyjargáta dans la version originale parue en 2003, a été publié en 2013 par les éditions du Seuil dans la collection Policiers. L'auteur prend le temps de situer les décors et de détailler les actions dans un style fluide et agréable à lire: "Le trajet comportait des montées, mais cela n'était pas un inconvénient car le transport était aisé. Pormodur Krakur était à l'évidence bien bâti et n'avait aucun mal à tirer la voiture à lui tout seul. Les autres ne poussaient que pour la forme. Ils marchaient à pas lent, dignement, et les roues de la voiture crissaient légèrement au rythme de leurs pas. Il n'y avait pas à aller bien loin, mais Kjartan trouva qu'ils mettaient un temps infini à parvenir à destination. Pormodur Krakur ouvrit la porte de l'église avec une grande clé et le cercueil fut porté à l'intérieur. Au milieu, on avait disposé deux tabourets sur lesquels ils le déposèrent." (Page 54).
Construction: Chaque partie représente un jour d'enquête; les chapitres, assez courts, se terminent par un passage en italique, extraits du Livre de Flatey et des études menées sur cet ouvrage.
Fil rouge: le Livre de Flatey, compilation d'anciennes sagas rédigée dans le courant du XIVe siècle par un grand propriétaire terrien du nom de Jon Hakonarson, sans doute achevée vers 1394, selon les annales qui figurent à la fin du livre.
L'intrigue:
1960. Des pêcheurs découvrent un corps pratiquement à l'état de squelette dans les rochers d'un îlot isolé au large de Flatey, petite île islandaise située dans la baie de Breidafjordur, large fjord situé sur la côte ouest. Le jeune Kjartan, stagiaire chez le préfet dont dépend l'îlot, est envoyé sur place pour récupérer le corps et s'occuper de son acheminement vers Reykjavik, et rédiger un rapport.
Après avoir établi que le corps est celui d'un universitaire danois, spécialiste des sagas nordiques, reste à déterminer ce qu'il était venu faire en Islande, particulièrement sur ce rocher perdu en pleine mer. Sa venue avait-elle un rapport avec le Livre de Flatey et la polémique, alors virulente, autour de la question de sa restitution par les Danois à la nation islandaise, d'où le livre était originaire? Ou était-il venu résoudre l'énigme de Flatey, sorte de mots croisés à déchiffrer à partir d'un code qui sert à vérifier la résolution correcte?
Comment le corps a-t-il pu s'échouer dans les rochers, sur l'île de Kétilsey, très à l'écart des trajectoires des bateaux naviguant dans ces parages? Etait-il mort à ce moment-là? A-t-il été victime d'un naufrage, d'un accident ou d'un meurtre? S'il était vivant, comment a-t-il pu survivre sur ce rocher inhospitalier, inhabité, loin de l'itinéraire du ferry reliant les îles à la côte? Après le meurtre sauvage de Bringeir, journaliste venu mener sa propre enquête, l'affaire est confiée à la police de Reykjavik.
L'originalité du roman est que son intrigue est basée sur l'énigme posée par le Flateyjarbok, un manuscrit islandais rédigé de 1387 à 1394, et la compétition qui fit rage. Très richement décoré, il réunit un grand nombre de sagas, royales pour la plupart, intégrant des poèmes scaldiques, des poèmes eddiques ainsi que de courts textes historiques. Certaines de ces oeuvres ne figurent dans aucun autre ouvrage. D'où son importance. L'Islande étant sous domination danoise, le manuscrit fut envoyé au roi Frédéric III en 1656 par l'évêque Sveinsson, ainsi que le voulait la coutume. Il fut officiellement restitué à l'Islande le 21 avril 1971. L'auteur a construit son intrigue autour de l'énigme élaborée par un étudiant danois qui concocta un jeu de devinettes à partir des nombreux personnages y figurant: "Il présenta alors une liste de quarante questions dont la dernière était le code qui validait les réponses justes à toutes les autres. Ce code comportait de surcroît un poème inachevé et la solution devait servir à élucider la fin de ce poème, c'est-à-dire les deux derniers vers." (Page 168). Une compétition féroce s'ensuivit, d'autant que personne ne parvint à élucider l'énigme. Est-ce la raison de la venue de Gaston Lund en Islande??
L'intrigue de ce roman original et passionnant se déroule à une cadence lente, au rythme des occupations et des activités des habitants de l'île, endormant le lecteur dans une fausse torpeur, jusqu'au rebondissement final qui, d'un seul coup, accélère les événements. Sans oublier que, l'histoire se déroulant en 1960, les procédures policières étaient bien différentes de celles usitées de nos jours.
Juin 1960, des pêcheurs de l'île de Flatey en Islande découvrent un corps sur un îlot isolé. Il semble que cette personne se soit échouée - on ne sait comment - dans cet endroit désert sans pouvoir en repartir.
Kjartan, jeune sous-préfet, aidé du bourgmestre local, est chargé des premières investigations, dans l'idée de ne pas déranger la police pour une mort accidentelle.
Les papiers retrouvés sur le corps ne permettent pas de l'identifier mais établissent un lien avec ce qui fait la particularité de la région : le livre de Flatey, sorte de manuscrit médiéval dont il va beaucoup être question, et une énigme rajoutée au cours des siècles à ce document, sur laquelle nombre de personnes se sont cassé les dents.
Le récit alterne entre l'avancée de l'enquête, des extraits du livre de Flatey et les questions composant l'énigme.
C'est surtout l'occasion pour l'auteur de nous faire découvrir la vie à part de ces iliens, dont certains n'ont quasiment jamais quitté leur bout de terre, vivant au rythme de la nature et du climat. Les descriptions sont savoureuses, surtout la gastronomie avec des plats typiquement locaux, certains ne mettant pas vraiment l'eau à la bouche comme le phoque agrémenté de graisse de mouton fondue, et d'autres plus alléchants tels que les ris de macareux grillés ou les oeufs de mouette tridactyle au plat. On a droit tout au long des pages à une véritable ode à la nature sauvage de cette région, pleine d'une fraîcheur bien agréable.
Il faut cependant se battre, surtout au début du récit, avec les noms de lieux et de personnages, dont certains venus d'un lointain passé, qui sont quelque peu indigestes – peut-être plus que le phoque à la graisse de mouton.
L'intrigue, relativement lente durant une grande partie du roman, prend finalement son rythme de croisière, avec des rebondissements amenant à une conclusion qui ne déçoit pas.
Il reste à découvrir la solution à la fameuse énigme pour clore ce roman qui, sans être un sommet de suspense policier, est plutôt agréable et original.
Une petite île perdue, d'une superficie de 2 kilomètres sur 500 mètres. De quoi planter quelques maisons, une coopérative et une église, et abriter une cinquantaine d'habitants qui se régalent d'abats de macareux, de graisse de mouton et de pommes de terre. Un temps à ne pas mettre un chien dehors, et encore moins un professeur danois sous peine de le retrouver décomposé et bouffé par les sternes quelques mois plus tard.
L'ambiance est posée, elle obéit presque à tous les stéréotypes du polar islandais (rythme lent, personnages taiseux, alcooliques, secrets) sauf que s'ajoute à l'intrigue des extraits d'un codex et l'énigme qu'il pose.
Qui du meurtre ou du codex donne son prétexte à l'autre ? On a l'impression que l'intrigue policière est secondaire tant le roman s'enroule autour des textes médiévaux contant certaines sagas islandaises, et puis soudain c'est l'inverse, le vieux grimoire devient l'élément en arrière-plan alors que l'enquête s'accélère et jette la suspicion sur plusieurs possibles meurtriers...
Si le roman policier m'a semblé un peu terne la plupart du temps (jusqu'à la deuxième moitié du livre), j'ai suivi avec intérêt les histoires islandais contées (on retrouve Ragnar Lodbrok, le héros du téléfilm Vikings, diffusé en 2013 sur Canal +) mais surtout la vie quotidienne des iliens, pêcheurs ou agriculteurs.
La solution de l'énigme et la résolution des meurtres m'ont confirmé ma légère déception...
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