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De 1050 à 1250 la littérature monastique et canoniale connaît un remarquable essor. Les auteurs de cette époque connaissent la Bible par la liturgie et par le lectio divina : leur expérience personnelle de Dieu est confrontée avec les expériences que le peuple élu a fait de son Dieu et qui sont relatées dans la Bible. Leur théologie n´est pas conceptuelle comme elle l´a souvent été - par nécessité apologétique ou polémique - à l´époque patristique ; elle n´est pas non plus scolastique comme elle le deviendra peu après dans les écoles. La mystique n´est pas alors une science religieuse distincte de la théologie.
La théologie mystique n´apparaîtra qu´un siècle plus tard - et comme une spécialité ! En ces deux siècles médiévaux la connaissance de Dieu est d´abord à base de contemplation suivant le mot de saint Grégoire le Grand : « amor notitia est », et « l´amour des lettres » n´est jamais distinct du « désir de Dieu », comme l´a bien discerné dom Jean Leclercq. Pour rendre compte de leur expérience, les moines et les chanoines réguliers emploient un vocabulaire généralement emprunté à la Vulgate latine.
Le relevé du mot experientia dans leurs oeuvres permet de vérifier la fréquence de son emploi et de juger de l´importance de cette notion proprement existentielle. Certes il faut se méfier de la statistique dans le domaine spirituel ; mais compte tenu du contexte, la densité de l´emploi de ce mot par les auteurs médiévaux, trahit une préoccupation fondamentale : celle de la quête de Dieu s´achevant dans la perception d´une existence.
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