A la manière de De Sang-froid, de Truman Capote, un roman-réalité sur un fait divers jamais élucidé.
Russie, février 1959. Ils s'appellent Igor, Aleksandr, Roustem, Zina, Lioussia, Iouri, Gueorgui et Nikolaï. Ils sont jeunes, enthousiastes, idéalistes. Ils veulent célébrer le XXIe congrès du Parti communiste en accomplissant un exploit sportif. Mais de leur expédition dans l'Oural, ils ne reviendront jamais.
Des années plus tard, Ania décide de mener l'enquête. Que leur est-il arrivé ? Pourquoi les a-t-on retrouvés morts, leurs cadavres marqués d'atroces blessures, loin de leur campement ? Pourquoi l'affaire a-t-elle été classée ?
Un document précieux sur la vie des jeunes Soviétiques en pleine période de dégel, mais avant tout une histoire incroyable qui se lit comme un thriller et qui, à mesure que progressent les investigations de la narratrice, devient de plus en plus terrifiante.
En février 1959, 9 jeunes randonneurs sportifs et expérimentés sont partis en randonnée dans le nord de l’Oural. Ils sont jeunes, motivés, idéalistes et très sportifs, même si la randonnée est classée très difficile, surtout en hiver, ils sont tout à fait capable de la réussir. Dans la nuit du 31 janvier au 1er février, ils vont tous trouver la mort dans des circonstances inexpliquées. Jamais les familles ne sauront ce qu’il s’est vraiment passé sur cette montagne, les indices contradictoires et le Secret Défense de l’URSS empêchent à ce jour la résolution de ce fait divers, qui fait aujourd’hui parti des évènements inexpliqués les plus célèbres de Russie.
« Le mystère Dyatlov » est une sorte de docu-fiction assez déroutant sur un fait divers qui l’est tout autant. J’ai entendu parler de cette histoire il y a quelques temps (à la TV dans une émission sur le paranormal, c’est dire si tout cela est mystérieux !) et je dois avouer qu’elle excite vraiment ma curiosité. C’est pour en savoir plus que j’au donc lu ce roman qui n’en n’est pas vraiment un. Si d’un point de vue purement littéraire il y a des choses qui m’ont déplu, sur le fond je dois avouer que l’auteure, Anna Matveeva, a fait un travail d’enquête pointu et méticuleux et qu’elle n’hésite pas à proposer à la fin une explication assez convaincante. La structure du roman est un peu inhabituelle, elle l’explique en préface. Il y a deux polices de caractère, la police normale est pour la fiction, la police différente est pour retranscrire toutes les (vraies) archives qu’elle a glané à court de son enquête. Nous voilà donc en plein travail de recherche aux côté de son personnage Ania, écrivaine, qui prépare un livre sur le sujet. Ce qui m’a perturbé, c’est la part laissée au surnaturel dans l’histoire d’Ania, mélange de coïncidences improbables, de pages qui s’écrivent seules et d’apparitions inexpliquées. C’est surtout au début et à la toute fin, comme si les esprits des 9 randonneurs guidaient son travail. C’est un parti pris bizarre, et à mon avis inutile. Il faut vraiment passer outre car le fond, lui, est fort intéressant. Ania récupère des archives disparates datant de l’URSS (elle écrit en 1959 soit pile 40 ans après les évènements dans un pays qui a, quoi qu’on en dise, pas mal changé) : extraits de procès verbaux, de comptes-rendus d’autopsie, de journaux de randonnées, de comptes rendus de sauveteurs, etc… Elle compile tout, et se rends compte que toutes les explications envisagées se heurtent aux indices déroutants trouvé sur le col Dyatlov : la tente est lacérée de l’intérieur, certains randonneurs sont morts de froids d’autres ont des blessures mortelles (manque une langue, des yeux, etc…), certains sont habillés, d’autres en sous-vêtements, et d’autres encore portent des vêtements qui ne leur appartiennent pas. Qu’est ce qui terrifie des randonneurs aguerris au point de leur faire quitter leur tente en catastrophe et en petite tenue par -30° ? A la fin du roman, elle pose toutes les explications envisagées une par une (même les plus farfelues) pour montrer qu’aucune ne peut expliquer la totalité des faits. Et puis, dans les deniers chapitres, elle ose une version, certainement la plus solide au regard du fait divers mais aussi du contexte historique, et si cette explication fort convaincante n’a rien de paranormal, elle n’en demeure pas moins assez terrifiante. Le fond du livre est donc objectivement passionnant, même si tout ce qu’il l’entoure (les états d’âmes sentimentaux d’Ania par exemple) est superflu. J’imagine que c’est là pour une bonne raison, et je pense savoir laquelle. Ce livre est présenté comme une fiction et est rangée du côté des romans : cela permet à Anna Matveeva de se cacher derrière la fiction pour pouvoir avancer des vérités sur l’affaire Dyatlov, vérités qui ne plairaient peut-être pas à tout le monde…
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