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La lutte antidopage fait des ravages. Mais ces ravages sont salutaires. Ils sont le signe d'un sport en train de réussir sa révolution. Sa " vélorution ", pour reprendre un barbarisme déjà répandu, et tellement juste pour exprimer ce qui se passe actuellement. Oui, ne nous le cachons pas, le Tour de France a été touché une nouvelle fois, et nous avec. Mais c'est le prix à payer pour effacer une longue dérive et retrouver le goût du rêve. Le goût du rêve pour nous, le goût de la victoire pour un grand nombre de coureurs qui souffraient en silence ces dernières années. Ce n'est pas un hasard si Thomas Voeckler, l'un des plus prompts à dénoncer le dopage, a gagné le Grand Prix Ouest-France cet été, une épreuve très relevée qui émane désormais du calendrier UCI ProTour. Ce n'est pas un hasard s'il a filé au nez et à la barbe de Danilo Di Luca, d'Alejandro Valverde, de Filippo Pozzato, des " pointures " mondiales, qui visaient, eux aussi, l'épreuve bretonne. Plus qu'une victoire, c'est une rébellion en marche. Ceux qui n'avaient pas voix au chapitre peuvent de nouveau s'exprimer. Avec un enthousiasme redoublé. À ce propos, une victoire a marqué les esprits, celle de Sandy Casar dans l'étape d'Angoulême, au Tour de France. Propulsé à terre par un chien en cours de route, handicapé par une large plaie, diminué par une attaque désespérée dans le final, il a trouvé la force et la hargne de battre au sprint ses compagnons d'échappée. Ce n'est rien d'autre qu'un bel appétit de vivre retrouvé. De vivre sa vie de coureur. Autre bel exemple de hargne, même s'il appartient à un autre registre, celle exprimée par Paolo Bettini aux Championnats du monde de Stuttgart. Blessé par les réticences de l'organisateur à l'accueillir, blessé aussi par des accusations non étayées, l'Italien est allé chercher son deuxième titre d'affilée, au terme d'une course remarquable. C'était sa façon à lui de crier gare aux injustices. L'image du coureur tirant avec un fusil imaginaire au passage sur la ligne restera dans les mémoires. C'est elle qui ouvre ce livre, un peu comme si Paolo Bettini avait en point de mire tous les hauts faits d'une saison que l'on n'est pas près d'oublier.
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