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«Andréi Platonov est l'une des plus fortes personnalités russes des années 20. Ses écrits sont nés d'une ironie robuste dont la satire résonne, aujourd'hui encore, de toute sa force. Ils s'approfondissent d'année en année pour atteindre, en 1933 (avec Un vent d'immondices que nous présentons ici), une vision proprement beckettienne avant la lettre, mais d'un Beckett dont les fins de partie conserveraient une parcelle de lumière, une humble ouverture sur l'avenir. Plus tard, dans Le Violon et dans Oulia c'est le bizarre qui prédominera. Par des moyens en apparence frustes parce qu'il saisit le bref instant de la naissance de la pensée et de sa transformation immédiate en acte, il transmet un sentiment cosmique de la vie interne, organique, du corps humain, qui est une extraordinaire levée de tabous, et débouche Au plus précieux de l'homme (c'est le titre de l'une des nouvelles), à ce qu'il a d'unique. Et puis, Platonov n'écrit pas avec de l'encre : sa poigne énergique et bienveillante pétrit une argile où se mêlent inextricablement les sillons des peines et les ravinelles du rire.» Lily Denis.
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