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A l'heure où les éditions Vosa Sl sont en train de rééditer en Espagne le travail incomparable d'Eduardo de Guzmán, les éditions No Pasaran publient pour la première fois en français une des oeuvres majeures de la mémoire de la guerre civile espagnole, La Mort de l'Espoir. L'auteur est un journaliste libertaire connu non seulement pour son engagement militant et ses reportages au cours de la période républicaine et de la guerre, mais aussi pour les analyses postérieures qu'il livrera au lendemain du franquisme et qui feront autorité sur la situation politique de l'Espagne. Mais ça n'est pas de cela dont il est question dans La Mort de l'Espoir. L'auteur nous décrit plutôt comment les madrilènes se jettent spontanément dans la rue faisant de leurs poitrines nues une muraille contre les armées franquistes. Il nous montre comment un peuple insurgé, sans chefs ni leaders providentiels, sans armes ni argent, va affronter les unités militaires les mieux équipées et les plus expérimentées d'une armée de métier et offrir ainsi au monde la première défaite des troupes de choc d'Hitler, de Mussolini et de Franco. C'est plutôt de cela dont il est question. Comment un mouvement libertaire d'un total de près de deux millions d'adhérents basé sur l'entraide et l'abnégation a su malgré la pusillanimité d'un gouvernement légal, qui au lancement du conflit était même prêt à négocier avec les putschistes, contribuer dans l'auto-organisation à la plus haute expression de la citoyenneté. Les écrits de Guzmán dérangent car ils mettent en évidence les hésitations et les tergiversations des gouvernements pris dans les querelles de partis, entre d'un côté, les républicains et les socialistes modérés et de l'autre, tout le reste des forces de gauche. Les premiers craignant qu'en armant le peuple, ils déclenchent une révolution beaucoup plus difficile à réprimer que l'insurrection militaire en cours ; les autres considérant que les travailleurs organisés par les deux grandes centrales syndicales que sont l'UGT et la CNT sont les seuls qui puissent encore sauver la République. La révolution pour gagner la guerre, ou gagner la guerre pour faire triompher la révolution ? C'est tout ça que raconte La Mort de l'Espérance. La première partie dévoile heure par heure les quatre premiers jours de l'insurrection anti-républicaine. Le texte débute à Madrid avec l'annonce du soulèvement militaire. D'emblée, l'auteur nous plonge dans l'expectative dans laquelle se trouve l'Espagne aux premières heures au moment où les rumeurs les plus folles se mêlent aux véritables informations. On vit les premiers instants de l'agitation populaire et en même temps qu'on voit se mettre en place l'organisation de l'autodéfense des quartiers de la ville, on comprend la dissolution du gouvernement républicain. On assiste enfin à la prise des casernes de la Montaña et de celle de Campamento ainsi qu'au départ des miliciens vers le front. Dans la deuxième partie, ce sont les cinq derniers jours du conflit qui nous sont contés. Eduardo de Guzman nous fait vivre les dernières heures de Madrid précédant l'entrée des troupes de Franco, l'organisation de la douloureuse évacuation des républicains vers la côte, le doute et l'angoisse qui habitent près de 20 000 d'entre eux sur les quais du port d'Alicante. Pour finir : la torture de l'attente ! Mais comme l'écrit Rafaël Cid, collaborateur à Rojo y Negro, dans l'introduction à la présente édition qu'il a bien voulu signer : " Ce qui différencie La Mort de l'Espoir des autres magnifiques témoignages de ce tragique épisode qu'a connu l'Espagne, c'est qu'on a l'impression de vivre les événements, d'être au coeur de l'action ".
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