"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après le succès de Lydie, Zidrou et Jordi Lafebre se retrouvent à "la Mondaine", dans le Paris des années 30 ! Ce diptyque peint le quotidien de la brigade des moeurs : le jeune inspecteur Aimé Louzeau est initié aux infiltrations et planques pour débusquer les secrets bien utiles aux hautes sphères de l'État. Mais la police aussi a ses secrets et Aimé, fils d'un prêtre défroqué, n'est pas en reste. L'univers de Maigret n'est pas loin avec, en plus, un zeste d'humour incisif et d'inoubliables scènes cocasses !
Les auteurs nous emmènent dans les années 40 dans le monde de la nuit parisienne, via la police des mœurs où nous découvrons que les pratiques ne sont pas toutes "roses" : agressivité, torture, viol ... Les femmes sont traitées comme des objets.
Chaque personnage a des traits exagérés, cela les rend pas très sympathiques et limite vulgaires. L'histoire a du mal à prendre place ...
On tourne entre le mélo familial, la dérive professionnelle, les désirs et fantasmes de chaque personnage.
Je suis resté sur ma faim.
Peut-être que le deuxième tome permettra d'y voir plus clair ?
« La mondaine » : une bande dessinée dont la couverture annonce la couleur !
Paris. L’entre-deux guerres. Des histoires sordides. Des inspecteurs qui jugent les vices de leurs congénères, sans trop cacher les leurs. Bref, un roman bien noir !
Dans ce décor bien documenté (on s’amusera à reconnaître certains lieux), l’histoire contée par les auteurs s’y imbrique très bien. On se plait à découvrir peu à peu l’histoire du (anti)héros, jeune inspecteur qui a du mal à gérer les réalités auxquelles il doit faire face. L’histoire de ce personnage attachant est rythmée par des enquêtes tout aussi cocasses qu’inquiétantes, si bien que lorsque l’on referme l’ouvrage, on reste un peu sur sa faim.
Je lirais donc avec plaisir le tome suivant ! Cependant, certains points du livre m’ont un peu déroutés. Pour résumer, je dirais avoir eu une impression de démarche non complètement abouti. Je m’explique.
Le dessin est fin et le style graphique agréable : il apporte une légèreté dans des thématiques dures. Il faut également souligner les cadrages inhabituels, ainsi que de belles idées dans la composition des images et de la coloration (notamment l’usage habile de collages). Malheureusement, les codes et techniques mobilisés varient beaucoup au fil des pages.
Il en va de même pour la narration : les nuances de rythmes et de découpages allègent le récit, mais parfois au point de nuire à l’immersion. En somme, les auteurs se jouent avec intelligences des codes du roman noir. Mais, selon moi, ils semblent peiner à reconstruire un code propre qui donnerait une cohérence forte à leur récit tout au long de l’ouvrage.
Peut-être de plus grands partis pris narratifs et/ou graphiques auraient permis de renforcer l’unité de cette bande dessinée (avec le risque cependant de retomber dans des approches « classiques »).
Cette bande dessinée n’en reste pas moins très agréable, et je me plongerai avec joie dans le prochain tome, dans l’espoir de trouver des réponses aux questions laissées ouvertes.
Avril 1944 – Les bombes alliées pleuvent sur Paris. Dans les abris s’entassent des civils inquiets, sous l’œil pâle d’un sous-officier allemand dilettante. La conversation s’engage dans un français parfait avec un inspecteur de la Mondaine, menotté à sa belle-de-nuit. La nostalgie gagne les esprits tandis que les impacts anglais se font plus précis. Le regard d’Aimé Louzeau se pose alors en hiver 1937, sa rentrée… son premier jour à la Mondaine. Couvé par Maman, choyé par Clémentine, sa gouvernante, notre jeune premier post-pubère – transfuge de la Criminelle - pousse la porte du rez-de-chaussée du 36 où « El Guapito », maquereau de son état se prend une raclée monumentale. Autre temps, autres mœurs ? Notre bien-Aimé va se déniaiser rapidement au contact de ses routards du vice, son inspecteur principal Séverin en tête de peloton… D’ailleurs, comme ce dernier aime à le rappeler : « pas de vices, pas de police.. ». Des vices que la brigade répertorie scrupuleusement, notamment ceux des notables patentés de la République, ne dédaignant pas, à l’occasion, franchir la ligne blanche, seuls ou en bande, pieds-de-nez à une existence trop policée. La bonne conscience d’Aimé se fait poreuse…
Ce premier opus du diptyque de Zidrou et Lafebre fonctionne parfaitement. Le scénario de Zidrou effeuille avec intelligence et sans voyeurisme les situations, les secrets, les ambigüités, les fragilités. Dans ce Paris d’avant-guerre, « lupanar de l’Europe », ces secrets vont peser lourdement sur l’intrigue. Les dialogues se fondent naturellement avec le dessin de Jordi Lafebre. La mise en scène est réussie et imprime un rythme soutenu à l’ensemble. Le trait est subtil, rehaussé de couleurs tantôt froides, tantôt chaudes, selon que l’on visite les couloirs du 36 ou les salons de Madame Josepha… Mais ce qui fait la patte de notre dessinateur Catalan, ce sont les émotions que ces personnages dégagent. Il pousse le trait à la limite de la caricature – il a d’ailleurs fait ses débuts comme caricaturiste – pour rendre ces personnages le plus expressif possible. Il revendique d’ailleurs l’influence de dessinateurs réalistes (Boucq, Giroud), mais c’est surtout dans la transmission des émotions – à l’instar de Franquin (Idées noires) ou de Pedrosa (Portugal) – que l’on sent une véritable obstination du dessinateur. Cette recherche de l’expression fugace, de l’angle juste. Bref, vivement le Tome 2 en Aout 2014.
La Mondaine - Jordi Lafebre et Zidrou -
La couverture, déjà, donne le ton: une bicyclette affalée portant une croix gammée, presque discrète sous le guidon. L'histoire débute en 1944 dans un abri, sous les bombes, dessins en rouge et gris éclairés latéralement par une source invisible. Les personnages semblent décalés, presque indifférents à ce qui tombe du ciel dehors sauf une fillette.
Puis l'histoire débute vraiment 7 ans auparavant et l'on suit Aimé, inspecteur débutant à la mondaine.
On assiste alors à une grande variété de scènes à l'intérieur de maisons bourgeoises ou modestes, dans les locaux de la Mondaine, dans les bistrots, à l'extérieur dans les parcs ou à la campagne, le tout dans de très belles reconstitutions d'époque et une grande variété de plans et de graphismes.
Quelques clins d'œil d'anticipation comme la blague du curé et du rabbin ou encore le Vel d'Hiv. La course qui s'y déroule est le théâtre d'un petit drame : une chute assez grave qui déclenche l'hilarité pendant que nos héros Aimé et son patron discutent, imperturbables. Cette scène reflète très bien l'ambiance générale et les différents niveaux de lecture de l'histoire.
Dans ces décors se développent deux "intrigues": les faits et gestes de la Mondaine et de ses "clients" et le secret de famille d'Aimé.
Pour le premier on assiste à une description des perversions humaines mais en gardant un certain esthétisme et sans obscénité, même pour Eva la zoophile. Le passage obligé d'Aimé par la case maison close et la petite Valentine se fait même avec une certaine tendresse, traduisant toute l'ambiguïté de ces rencontres monnayées dans l’hypocrisie bourgeoise de l'époque.
L'existence du secret de famille est une évidence dès les premières planches. Il se révèle peu à peu par petites touches : la cravate du père, la serviette roulée en objet phallique, la colère inattendue d'Aimé, et enfin la révélation totale explicite et bien plus sordide que les délits pourchassés par la Mondaine.
En bref: un album accompli, jouissif tant pour les yeux que pour l'esprit et qui se prête évidemment à plusieurs lectures.
Michel Ramadier
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