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"Quand il n'y a plus d'espoir il y a encore de l'espoir". Il faut bien que Sophie y croie si elle veut continuer à grandir dans sa famille ébréchée. Le père de Sophie est un homme chancelant, un homme allongé, un homme couché. Est-ce qu'elle a rêvé qu'il fut un jour un papa debout ? Il y a si longtemps qu'il reste dans son lit, entièrement dépendant de sa femme et de ses enfants. Exactement à l'inverse de ce qui devrait être. L'énergie qu'il ne peut plus déployer dans ses gestes, il l'explose dans ses colères, ses jurons et ses paroles injustes. Du loin de son enfance, Sophie tente de décrypter les situations improbables que la maladie crée dans son quotidien. Du proche de son amour, elle mobilise toute sa force, ses prières, sa colère et sa foi, tout ce qui est à et hors de sa portée, pour que son père se redresse enfin. Mais le ballet des infirmières, docteurs, kinés n'a pas de fin. Mais des séjours à l'hôpital, son père revient à chaque fois plus interdit. Et tandis que l'espoir s'amenuise, tandis que le père semble rétrécir sous les draps, Sophie grandit jusqu'à comprendre que "quand il n'y a plus d'espoir il reste encore quelque chose".
Une nouvelle fois, Isabelle Minière me laisse admirative. Comment, mais comment fait-elle pour explorer toutes les facettes d'une relation humaine et d'êtres confrontés à une situation insupportable et montrer qu'il est possible de la supporter... quand même ? Comment fait-elle pour déclencher chez le lecteur une telle empathie qu'il a l'impression de vivre le quotidien des personnages, de faire partie de cette famille ramassécartelée autour du lit d'un père, de ressentir au plus près les sentiments contradictoires d'une petite fille ? Il y a bien sûr les mots qu'elle choisit et place dans la bouche et dans la tête de Sophie et de son père. Leur justesse à décrire la souffrance, l'incompréhension, le désespoir et l'amour. Toutes ces émotions qui viennent se bousculer, s'affronter sur le champ de bataille d'une enfance qui parvient malgré tout à garder innocence et confiance. Il y a aussi cette construction blackboulée, reflet exact d'une situation que l'enfant ne parvient jamais (ou parvient trop bien) à saisir dans son ensemble. Le temps n'est compté que par la dégradation du père, calendrier tragique dont Sophie ne garde que les évènements. Les saisons, les années passent mais la jeune femme qu'elle est devenue reste l'enfant qui espère toujours que son père sera là. Debout.
Et l'on rit aussi, d'un rire déchirant mais vrai, devant l'humour noir du père, devant les révoltes inexprimées de sa fille, devant sa manière d'expliquer la réalité qui lui arrive en pleine face et qui pourrait la détruire s'il n'y avait ce quelque chose qui reste quand il n'y a plus d'espoir.
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Dernière réaction par Yannis Fardeau il y a 2 jours
Dernière réaction par Jean-Thomas ARA il y a 5 jours
Dernière réaction par RC de la Cluzze il y a 10 jours
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