"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Le visage de Joseph s'était figé, tétanisé, la bouche ouverte, cherchant de l'air, le regard tourné vers son effroyable combat intérieur. Oublié le ministre, la Légion d'honneur, le grand salon et ses dorures, sa revanche sur la vie. Son corps vibrait comme une chaîne secouée par un forçat fou, ses mains s'accrochaient désespérément aux bras tendus. Joseph Kaiser ne voulait pas mourir. » L'assassinat d'un ancien patti issu de la communauté yéniche devenu un industriel en vue va entraîner le commandant Farel de la BRB dans un maelström international où des personnages inattendus vont faire surgir les aspects les plus sombres de la nature humaine : officier militaire, manouche, chaman, ministre en exercice, avocat international, mafieux de l'Est... Comme dans la tragédie grecque, la fatalité accablera les hommes, les habitera et les détruira. Personne ne sera épargné, pas même les héros qui devront payer le prix fort. Prévarications, trahisons, meurtres, attentats, c'est dans ce climat de guerre que Farel va être touché au plus profond de sa chair !
Une nouvelle enquête pour le commandant Farel. Tout commence par une remise de médaille et par n’importe laquelle, la Légion d’honneur pour un gros industriel ayant fait fortune dans le fer, bref un ancien ferrailleur originaire de la communauté yéniche. Mais rien ne se passe comme prévu et lorsque Joseph kaiser s’effondre c’est le point de départ une tragédie familiale qui va avoir des retentissements bien au-delà du pays. Un polar construit comme un jeu de quille, on ne sait plus qui va tomber mais le fait est qu’ils seront peu nombreux à s’en remettre. Beaucoup d’actions, de rebondissements et n’oubliez pas vos mouchoirs, l’auteur n’y va pas de main morte. Avec une écriture très proche de ce que j'imagine être la réalité lors d'une course poursuite mémorable entre policiers et suspects, on est en pleine immersion, intrusion dans le système GPS, pose de balises sur un véhicule et le style cinématographique de l'auteur nous donne le sentiment de faire partie tantôt des poursuivants, tantôt des poursuivis. Un style enlevé, une intrigue à multiples facettes entre mafieux, règlements de comptes, politiques véreux et sommet de l’Etat. Tout est savamment orchestré et s’emboite parfaitement. Il y a même une belle surprise avec un phrasé qui m'a rappelé If de Rudyard Kipling « Il est du genre cruel enragé mais aussi surprenant, ne sachant pas plier le genou pour gagner cent parties et cependant ayant alors tout perdu capable de renaître en conquérant », à haute voix c'est fabuleux. J’ai aussi aimé les textes en italique qui nous font entrer dans les pensées intimes des personnages, on a ainsi l’impression de mieux les connaître en faisant ressortir leur côtés humains. Un roman qui explore de nombreuses pistes sans jamais nous perdre, un bon moment de lecture avec un personnage phare de plus en plus attachant. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2021/06/16/38879635.html
Retour de Guillaume Farel et de son équipe efficace dans ce polar vitaminé. Pour ceux qui connaissent, ils ne seront pas déçus, cela va très vite, très fort. Pour ceux qui ne connaissent pas encore André Blanc et ses flics lyonnais, pas de crainte, l'auteur a l'intelligence et l'habileté de nous rappeler les noms, grades et fonctions de chacun des membres du groupe et des amis extérieurs de Farel et Maud sa compagne. Comme souvent avec Farel, c'est le monde politico-mafioso-financier -ou vice-versa- qui est présenté. Magouilles, prévarications, trahisons, tout est pourri dans ce monde. Néanmoins, André Blanc évite le "tous pourris" ambiant qui serait un peu facile et malvenu.
Pas le temps de s'ennuyer dans cette enquête qui va vite, très vite malgré un travail de fourmi et des investigations minutieuses. La part belle est faite aux nouvelles technologies qui permettent aux flics et juges de nous suivre quasiment au mètre et à la seconde près. Filatures par GPS, écoutes des portables, lecture des textos... C'est à la fois un très bon moyen pour les policiers d'aller plus vite au but, mais c'est franchement flippant pour nous d'être à ce point possiblement suivis.
André Blanc écrit une histoire fascinante où les hommes et les femmes se révèlent, se serrent les coudes -pour les flics au moins-, c'est d'une grande justesse on a presque l'impression d'y être même, tant le tout paraît réaliste, même si Farel est hors catégorie en matière d'encaissement des mauvais coups. J'en ressors tout ébouriffé -bon, pour qui me connaît de visu, cela paraît improbable mon ordonnancement capillaire ne s'y prêtant pas. 300 pages avalées d'un trait. Excellent !
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