Les romans indispensables de cette rentrée littéraire de janvier 2018
Il n'y a qu'un seul roman - et nous en sommes à la fois les auteurs et les personnages : l'Histoire. Tout le reste est imitation, copie, fragments épars, balbutiements. C'est l'Histoire que revisite ce roman-monde où, tantôt homme, tantôt femme, le narrateur vole d'époque en époque et ressuscite sous nos yeux l'aventure des hommes et leurs grandes découvertes.
Vivant de cueillette et de chasse dans une nature encore vierge, il parvient, après des millénaires de marche, sur les bords du Nil où se développent l'agriculture et l'écriture. Tour à tour africain, sumérien, troyen, ami d'Achille et d'Ulysse, citoyen romain, juif errant, il salue l'invention de l'imprimerie, la découverte du Nouveau Monde, la Révolution de 1789, les progrès de la science. Marin, servante dans une taverne sur la montagne Sainte-Geneviève, valet d'un grand peintre ou d'un astronome, maîtresse d'un empereur, il est chez lui à Jérusalem, à Byzance, à Venise, à New York.
Cette vaste entreprise d'exploration et d'admiration finit par dessiner en creux, avec ironie et gaieté, une sorte d'autobiographie intellectuelle de l'auteur.
Les romans indispensables de cette rentrée littéraire de janvier 2018
Ce livre est forcément bouleversant, dernière écriture d'un homme cultivé de son temps, il offre un roman, ode à la culture et à l'histoire. J'avoue que pour ma part, pour apprécier la lecture, je préfère la lecture à voix haute, pour retrouver l'oralite et les expressions de l'auteur.
Le jeu entre les narrateurs, tantôt homme, tantôt femme (comme l'histoire) romance ce déroulé cultivé de l'histoire, comme pour fixer dans la part intime de l'auteur ce que la culture permet de donner sens à nos existences. Ce joli déroulé donne régulièrement envie de rechercher une info parci, écouter une musique parla...
Je suis heureuse de partager cette nuit de la lecture en compagnie de ce livre...les mots, les émotions, la réflexion sur le sens de la vie, du bonheur, de la mort, de la postérité seront ainsi au rdv de ce temps dédié à la lecture à haute voix et au plaisir de lire.
Chaque livre est différent, chaque livre s’ouvre avec un sentiment distinct, parfois intense, parfois craintif, parfois neutre. Mais pour le dernier roman de Jean d’Ormesson c’est une approche bien étrange. Dans ses mains, on sait que l’on détient un objet rare, un bien précieux qu’il faut manipuler avec précaution. Le regarder, le retourner, le feuilleter, fermer les yeux pour se souvenir. Puis, commencer la lecture, tout doucement, prendre son temps parce que c’est justement de lui qu’il s’agit, ce temps qui passe et qui ne revient pas, ces hommes et ces femmes qui vivent et trépassent inéluctablement. C’est l’Histoire, la nôtre, la vôtre, cette histoire universelle que nous conte l’académicien et qui, par son écriture, personnalise ce qui nous lie tous : l’humanité et sa fuite en avant.
C’est le récit d’un voyage qui a commencé un jour ou une nuit, et personne ne sait quand il se terminera. Il a débuté sans les animaux, sans les hommes. Puis, progressivement, les êtres vivants sont apparus, ont évolués jusqu’au moment de la découverte du feu qui a été un grand pas en avant vers les civilisations. C’est là que s’ouvre « Et moi, je vis toujours » où l’auteur nous entraîne à travers les siècles, les continents, où l’auteur se transforme en 1001 personnages, tantôt homme, tantôt femme afin de faire vibrer les vies qui font le roman de l’épopée humaine commencée il y a des milliers d’années en Afrique.
En seulement 280 pages vous détenez la plus précieuse des bibles, Jean d’Ormesson étant à lui seul une encyclopédie et tel un Ulysse c’est une invitation à une odyssée perpétuelle entre larmes et rires, entre guerre et paix, entre haine et amour, le tout englobé dans l’ivresse de l’art, de la philosophie, d’anecdotes et de découvertes comme, par exemple, celle de la brioche de Bianca Cappello.
Cette publication posthume de Jean d’Ormesson est une profonde émotion. Le bonheur de le lire encore, de s’enivrer de sa verve, de savourer son humilité, de sourire face à un humour qu’il a dû pratiquement garder jusqu’à son dernier souffle. La tristesse aussi, en sachant que c’est le dernier opus (à moins que certains soient cachés et qu’un jour…), et que Monsieur Jean n’est plus là pour nous épater.
Pourtant, écoutez :
« Longtemps je m’étais déplacé de bas en haut et de haut en bas. Maintenant je marchais droit devant moi, la tête haute, impatient et curieux. Le soleil n’en finissait pas de se lever devant nous. Je découvrais avec ahurissement, avec admiration un monde nouveau dont je n’avais aucune idée ; des peuples, des langues, des villes, des religions, des philosophes et des rois ».
Ou encore :
« J’ai pleuré et j’ai ri. Il y a de quoi rire : rien ne m’a autant amusé que la vie. Et il y a de quoi pleurer : je suis aussi la faim, la soif, la pauvreté, l’ignorance, la maladie, les chagrins d’amour, la dépression, la folie. »
Son timbre nous berce, ses mots resplendissent. Sacha Guitry disait « quand on a entendu du Mozart, le silence qui suit est encore du Mozart ». Pour ce Guépard de l’atticisme, désormais « loin de tout, qui a rejoint le domaine des certitudes éternelles », c’est exactement ce même silence. Un silence vivant.
http://squirelito.blogspot.fr/2018/01/une-noisette-un-livre-et-moi-je-vis.html
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