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Entre chien et loup - les veillees en auvergne du xixe siecle a nos jours

Couverture du livre « Entre chien et loup - les veillees en auvergne du xixe siecle a nos jours » de  aux éditions Somogy
Résumé:

Encore présente dans l'imaginaire collectif, la veillée évoque le plus souvent un moment d'intimité et de partage. Passage entre le jour et la nuit, ce temps est également celui de la libération des imaginations et des fantasmes. Pourtant, curieusement, la veillée est peu représentée dans... Voir plus

Encore présente dans l'imaginaire collectif, la veillée évoque le plus souvent un moment d'intimité et de partage. Passage entre le jour et la nuit, ce temps est également celui de la libération des imaginations et des fantasmes. Pourtant, curieusement, la veillée est peu représentée dans l'iconographie et la littérature et rarement traitée par les spécialistes.
Cet ouvrage, qui s'adresse à tout public, se propose d'étudier pour la première fois ce moment qui s'étend de la fin des activités journalières au sommeil nocturne. Interrogeant objets, écrits, images, contes et chants, des ethnologues, des sociologues et des ethnomusicologues, ainsi que des historiens et des historiens de l'art se sont réunis pour, chacun dans son domaine, rendre compte de ce que fut la veillée en Auvergne aux XIXe et XXe siècles. Les différentes manières de regroupement nocturne dans la société d'aujourd'hui sont également abordées.
À cette occasion, l'artiste Jean-Paul Marcheschi livre son interprétation contemporaine de la veillée à travers une oeuvre monumentale présentée dans l'ancienne chapelle du musée régional d'Auvergne et reproduite ici.
L'ensemble montre une image multiple de ces heures particulières, au cours desquelles les hommes ont mis et mettent encore en place des rituels dans l'attente de l'arrivée de la nuit, heures étranges,entre chien et loup.
L'Agence des musiques traditionnelles en Auvergne (AMTA), pôle de ressources dans le domaine des musiques et danses traditionnelles, est depuis toujours un témoin curieux de souvenirs du passé et avide de projets d'avenir.
En travaillant pour les musiques de tous «les pays» qui composent cette région, nous avons avant tout rencontré des femmes et des hommes, ceux-là mêmes qui pensent, vivent et construisent ces paysages.
Cette connaissance d'entre les sons ou d'entre les chansons, c'est surtout celle de l'accès à une mythologie particulière qui n'a jamais cessé d'exister et de s'adapter pour qu'on puisse la saisir afin d'imaginer le temps de demain.
Aujourd'hui, nous sommes prêts et plus que jamais désireux de partager notre expérience pour participer à la réalisation de projets où la musique serait le lien avec toutes celles, voisines, que sont le jazz, les musiques actuelles, les musiques classiques, la musique vocale... qu'elles soient issues de pratiques amateurs ou professionnelles.
Un autre aspect, et peut-être le plus important, est la possibilité qu'a l'AMTA de poser une parole dans le vaste débat qu'est celui du devenir des «pays» d'Auvergne, de l'aménagement de ce territoire à son développement local.
Aujourd'hui tout particulièrement, au regard des expériences mises en oeuvre dans l'autres régions voire dans l'autres pays, nous pouvons participer à des réflexions susceptibles d'utiliser notre savoir-faire. Si sans nul doute notre propos reste périphérique, il n'en est pas moins porteur de sens pour de nombreux desseins qui souhaitent propulser l'Auvergne hors des stéréotypes et des enfermements dus à des mentalités en difficulté face à la démesure du travail à accomplir.
C'est dans cet état d'esprit et pour toutes ces raisons que l'AMTA s'est associée à ce projet transversal de recherche sur la veillée en Auvergne, aboutissant à une publication écrite et à une exposition.
Durant trois années, nous avons confronté nos approches, nos savoir-faire et nos méthodologies pour aboutir à une meilleure connaissance de l'organisation et des fonctions de ce temps social qu'est la veillée.
Cette réalisation n'est autre qu'un des prolongements possibles de nos missions.
Héritier de l'écomusée de la Margeride et du Groupe auvergnat d'études régionales, dont plusieurs responsables furent, il y a vingt ans, les fondateurs, le conservatoire régional de l'Habitat et des Paysages est né à la fois, de la volonté de transmettre aux générations futures certains sites remarquables, et de la conviction qu'au-delà de la nécessaire transformation des territoires, les paysages d'Auvergne portent, aujourd'hui comme hier, les germes de nouveaux développements.
Encore fallait-il conserver l'acquis et transmettre expériences, savoirs, savoir-être dont l'empreinte marque profondément l'architecture et les paysages et modèle, actuellement, les comportements, longtemps après la disparition des premiers habitants.
C'est pourquoi, dès sa création, puis son rattachement au troisième cycle d'anthropologie et d'architecture de l'école d'architecture de Clermont-Ferrand, le Conservatoire a investi dans l'étude anthropologique des lieux, de leurs usages et de leurs représentations.
La modernité a soumis le paysage à des représentations aux antipodes des conceptions vernaculaires, selon lesquelles le paysage est à l'image du cosmos, comme la cathédrale gothique était à l'image de la Jérusalem céleste. Cette transformation de nos rapports au monde s'est faite au profit de la soumission de nos formes d'habitat aux sciences de la nature. Le mouvement moderne a exprimé notre conception du monde dans l'exaltation de l'air et de la lumière. Nos pratiques constructives réduisent la relation de l'humanité à l'étendue du monde en termes de descriptions «scientifiques» quantifiables, là où autrefois, dans nos sociétés traditionnelles, urbaines ou rurales, la ville et la nature procédaient d'une seule et unique manière d'être au monde.
Ces sociétés avaient créé des lieux qui exprimaient la vie humaine et le cadre de son existence dans une globalité accessible à tous et à chacun. La veillée ou plutôt les veillées réunissaient non seulement la famille, mais reconstituaient l'écoumène dans un espace-temps réduit dont le lieu devenait l'enveloppe d'un soir et l'instrument de la transmission du savoir-être.
Comprendre la veillée et l'habitation dans leurs déclinaisons multiples c'est partager la conception d'Augustin Berque pour qui il ne peut y avoir, aujourd'hui comme hier, de construction du monde «que dans le respect de la personne humaine et dans le respect des milieux qu'elle investit de son humanité».
C'est, à vrai dire, la seule utilité fondatrice et fondamentale que nous confère la conservation des cultures et des lieux qui en sont le produit. Tout un programme d'ambitieuse modestie qui nous appelle à l'innovation. Certains nomment cela création.

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