Trop souvent l'indignation est assimilée à la colère et à ses manifestations. On la soupçonne d'être sans raisons, sans maîtrise et sans limites.Dans les récits de la Bible, l'indignation porte le message prophétique: Amos et Osée par exemple, ou encore Moïse, avant son appel par Dieu, quand il s'en prend au soldat égyptien. Jésus fut indigné de ce qu'on empêchait les enfants de venir à lui. Dans l'histoire du christianisme, de nombreuses personnes se sont levées et mises au service des autres parce qu'elles étaient indignées du sort qui était réservé à leurs semblables. Vincent de Paul, l'abbé Pierre, Joseph Wrezinski,et encore Joseph Hessel qui, au soir de sa vie, livre un essai percutant sur ce sujet. D'autres, comme les opposants chrétiens au nazisme, en particulier Hans et Sophie Scholl, et des pasteurs luthériens, donnèrent une signification à leur indignation dans le contexte d'une menace mortifère sur la civilisation.L'indignation vient toucher quelque chose de la dignité de l'autre, et donc de la mienne. Ces deux mots, dignité -indignation, ont d'ailleurs la même racine. Elle semble alors être un processus d'humanisation en ce sens qu'elle nous pousse à demander plus de justice pour nous-mêmes et pour nos frères.À bien des égards, c'est l'indignation qui explique le développement de la Réforme protestante du 16èmesiècle, ou l'on pourrait dire des nombreuses réformes, comme autant d'adaptations nécessaires de la société pour qu'elle puisse être vivable, meilleure pour l'humanité, signe intrinsèque de l'espérance.
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