"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lewis Trondheim et Brigitte Findakly forment en bande dessinée comme à la ville un duo depuis de nombreuses années. Si la bibliographie pléthorique de Lewis Trondheim n'a plus de secret pour personne, celle de Brigitte Findakly, son épouse et coloriste, quoique toute aussi importante, reste pourtant moins connue. De Pif Gadget, à ses débuts, au Chat du Rabbin, des Formidables aventures de Lapinot au Retour à la terre, on lui doit la mise en couleurs d'une centaine d'albums. Avec ce livre à quatre mains, pré-publié en partie dans « Les strips de la matinale » du Monde, Lewis Trondheim délaisse pour la première fois les animaux anthropomorphisés pour raconter l'histoire de celle qui partage sa vie, née en Irak, d'un père irakien et d'une mère française à l'orée des années 1960. Coquelicots d'Irak retrace son enfance passée à Mossoul, ville du nord de l'Irak, à une époque où, bien avant l'arrivée au pouvoir de Saddam Hussein, se succèdent coups d'État et dictatures militaires. Déroulant le fil de ses souvenirs, on découvre alors une vie de famille affectée par les aberrations de la dictature et leurs répercussions sur la vie quotidienne, jusqu'à un inéluctable exil vers la France au début des années 1970.
Une arrivée en France elle aussi difficile, une expérience migratoire faite de difficultés administratives, sociales et culturelles. Dans ce récit qui prend pour toile de fond une triste actualité, Lewis Trondheim et Brigitte Findakly brossent en saynètes percutantes et sans ambages, mais pas moins sensibles pour autant, la trajectoire singulière de la coloriste qui, pour la première fois, occupe le premier rôle dans un livre. Ponctué de photos et de parenthèses sur les coutumes, la culture irakienne et les souvenirs de l'Irak de Brigitte Findakly, on partage avec elle la nostalgie de ceux qui ont laissé derrière eux leur pays d'origine, et les liens fugaces qui subsistent, tout à l'image des coquelicots devenus si fragiles une fois déracinés.
Je ne connaissais que de nom Lewis Trondheim, j'ai vu que ses personnages étaient le plus souvent des animaux, oiseaux ou lapins. Son passage au genre humain fonctionne bien, le trait est simple mais parlant, l'humour, mais aussi l'émotion réussissent à naître de cette apparence de simplicité.
Les couleurs de Brigitte Findakly s'adaptent à chaque situation, et correspondent sans nul doute à celles de ses souvenirs, à ce qui lui a été raconté, ou à ce qu'elle vit actuellement, des origines de sa famille aux effets de la censure en Irak, des coutumes ancestrales à la vieillesse de ses parents.
Une très jolie BD autobiographique qui nous plonge par le biais de courtes scènes dans les souvenirs d'enfance irakienne de Brigitte Findakly, petit personnage aux longs cheveux noirs, à la robe blanche et au sourire franc.
C'est simple et délicat.
C’est l’auteure qui raconte sa jeunesse à Mossoul dans les années 70, elle nous parle de sa famille et particulièrement de ses parents contraints de partir en France, pays d’origine de sa mère, tant il devenait difficile d’être catholique dans un pays musulman. Elle y raconte les difficultés rencontrées, l’exil, l’actualité, les coutumes, l’administration, la culture, les coups d’états et l’Irak du moment. J’ai beaucoup aimé non seulement le témoignage raconté et le ton employé mais aussi les illustrations, les saynètes et l’idée d’ajouter des photos personnelles ajoute vraiment quelque chose en plus. Elle arrive à nous faire passer son ressenti, celui de tant de personnes qui ont quitté leur pays, qui ont laissé leur famille. Et on se rend compte que ce n’est jamais simple et que c’est souvent le dernier choix qui leur reste.
J’aime la poésie qui se dégage du tout et l’humour, j’ai découvert quelques coutumes irakiennes et c’est enrichissant. On tourne les pages en suivant les pétales de coquelicots et cette petite fille pleine de vie avec plaisir et curiosité. Elle va au cours de sa vie faire plusieurs aller-retour en Irak et le constat est chaque fois plus désolant, tout se dégrade : le pays, les conditions de vie, la politique, la condition des femmes, tout cela la rend plus triste. Comment se sentir bien quand le pays chéri est aux proies à de grands bouleversements politiques et quand le pays d’accueil est loin de ressembler à l’image d’Epinal que l’on s’en faisait ? Très émouvant la photo avec les lions de Nimrod qui sont désormais détruits.
Je ne sais pas comment le classer, est-ce un roman graphique, est-ce un témoignage, une BD autobiographique ? En fait, qu’importe c’est une des BD essentielles pour moi et je suis très contente de l’avoir lue et de pouvoir la faire connaître et partager. J’ai par ailleurs, découvert une maison d’édition que je ne connaissais pas du tout : l’Association.
VERDICT
Une BD essentielle, personnelle et touchante, des illustrations réussies, un témoignage d’un temps (que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître). A lire, à offrir !!!
https://revezlivres.wordpress.com/2016/12/06/les-coquelicots-dirak-brigitte-findakly-lewis-trondheim/
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