Rentrée littéraire 2016 Buchet-Chastel
«En te voyant, j'ai pensé que tu étais revenu pour moi, puis que tu avais vieilli. Je me trompais. Déjà tu souhaitais repartir. Et ce n'était pas tant que tu avais vieilli, tu étais transformé - défiguré, allais-je dire, par la brûlure d'une foi neuve. J'ai aussi cru que je délirais, que mon souper passait mal ou que j'avais trop bu. Mais ton nom susurré par tous ceux qui étaient présents a craquelé le silence. J'ai compris que je n'étais pas le seul à te voir. Que c'était vrai. Que c'était toi.» Un jeune chef d'état, porté au pouvoir par voie de succession, reçoit la visite de son frère tant aimé, disparu dix ans plus tôt après avoir assassiné un policier. La brève joie des retrouvailles cède aussitôt la place à l'amertume et à l'indignation : celui qui est revenu a changé. Désormais, il est l'Ennemi, l'homme qui excite les opposants au régime et organise sa chute.
A cause de lui, le pays va s'embourber dans une crise sans précédent.
Celui-là est mon frère est un conte. Dans une ville imaginaire où se côtoient monuments du passé et vie contemporaine, le temps ne s'écoule pas. Jusqu'à l'hallali final, c'est la voix du frère régnant que l'on entend - voix émouvante qui déroule le récit envoûtant d'une affection mortelle.
Rentrée littéraire 2016 Buchet-Chastel
Découvrez l’avis de Geneviève Munier pour Celui-là est mon frère (Buchet Chastel)
Ils sont dans le palmarès des romans de la rentrée littéraire 2016, ce sont les incontournables de vos prochaines lectures !
Les chroniques sont en ligne ! A découvrir pour avoir des idées de lecture...
Une nouvelle version de “frères ennemis”, écrite avec délicatesse et émotion.
Deux enfants qui ont grandi ensemble, comme des frères, et se déchireront après avoir suivi un chemin divergent …
Joli livre, qui ne m’a pas plus interpellé que cela … Dommage …
Le narrateur est l’homme qui dirige le pays. Il n’a pas été élu démocratiquement car il a hérité le pouvoir de son père mais il n’est apparemment pas un dictateur. Son frère, parti depuis plus de dix ans, est de retour. « Je voulais être heureux, simplement heureux de te revoir. Pardonner ta trahison d’il y avait plus de dix ans. » (p. 15) mais « Tu ressemblais si peu à celui que tu avais été… Tu paraissais inversé, retourné, comme un vêtement dont je découvrais la face intérieure. Ou comme un soldat dont on a rincé l’intelligence pour l’envoyer agir contre son propre pays. » (p. 16-17).
Il semble que l’histoire se situe dans un pays du Moyen-Orient ou du Proche-Orient car l’épouse du président se nomme Wadjat et leur fils de neuf ans s’appelle Qamar (deux prénoms arabes). Mais le lecteur ne saura ni le prénom du chef d’État, ni celui du frère, ni le nom du pays. Qu’importe, ce qui compte, c’est la relation entre les deux hommes, leur enfance, adolescence, amour, complicité, la trahison du frère (un étranger adopté alors qu’il était orphelin), son retour et son acharnement à détruire la famille et le pays qui l’ont accueilli, nourri, éduqué, élevé dans la hiérarchie sociale. Les fléaux qui s’abattent sur le pays font bien sûr penser aux plaies d’Égypte et le terme de Hilotes pour parler du « groupuscule d’agitateurs », le peuple du frère – qui apparaît comme une espèce de fils prodigue mais maléfique – ressemblent aux serfs (attention, ce ne sont pas des esclaves) de la Grèce antique mais le roman se situe plutôt à notre époque. Ainsi Antiquité et époque moderne vivent le même genre d’événements… Fraternité, amitié, amour, éducation, intelligence, respect, tout ça est balayé pour une sombre histoire de vengeance, pour le soulèvement d’un peuple, opprimé certes – ou d’un seul homme entraînant un peuple – qui veut gouverner à la place de l’autre, qui veut sa part du gâteau ! Je suis sous le choc après la lecture de ce premier roman, vraiment très bien écrit (Marie Barthelet est assurément une jeune romancière à suivre !) : oui le peuple opprimé a le droit d’avoir des droits et de vivre libre mais à quel prix ? Celui de la trahison et de la destruction de l’autre ? Celui-là est mon frère est un conte oriental – philosophique dans la lignée de Voltaire et Fromaget (cet auteur, inconnu, c’est parce que je suis en train de lire Le cousin de Mahomet !) – intemporel avec un message puissant – et dérangeant – qui pousse le lecteur à se mettre des deux côtés et à réfléchir.
Ce premier roman a pour thème les relations entre frères.
Marie Barthelet signe un premier roman qui met en avant deux hommes. Deux hommes qui ont tout partagé jusqu'au départ de l'un d'eux.
Il faut bien comprendre qu'en fait il y a un fils légitime, qui à la mort de son père prend le pouvoir naturellement, et puis il y a ce fils "adopté". En effet, le couple ne peut avoir d'autres enfants. Ces deux frères seront élevés de la même manière. Et pourtant un jour, l'adopté s'en va.
Une décennie passe et un jour celui qui a fui revient. On s'attend à ce moment-là de l'histoire à ce que la vie reprenne comme elle s'était arrêtée 10 ans avant. Que les deux hommes retrouveront leur complicité et leur amour !
Ce ne sera pas le cas. Chacun a changé et celui qui détient le pouvoir va se retrouver face à un inconnu. Ils vont s'affronter et entraîneront avec eux tout un pays. L'adversité sera totale et sans concession.
Le récit oscille entre le présent mais sans beaucoup de certitudes quant à l'époque et un passé qui fait état d'une certaine nostalgie, d'un amour qui ne reviendra jamais.
J'ai aimé le sujet car je l'ai trouvé assez original et faisant état d'une situation peu commune. Le fait que les deux frères grandissent ensemble mais prennent une voie différente est un peu déstabilisant quand au début du roman on voit l'amour qui a pu les unir. J'étais persuadée qu'ils allaient revenir ensemble et même œuvrer ensemble pour leur pays et non partir en guerre.
Je n'ai pas eu de coup de cœur pour cet ouvrage mais je l'ai trouvé bien écrit et intéressant, il m'a manqué cependant quelque chose pour que je me laisse embarquer totalement !
Dans un pays inconnu, mais que l’on peut situer en orient, à une époque inconnue mais que l’on imagine proche de nous, deux hommes s’affrontent. L’un, le narrateur est le fils du chef d’état et appeler à régner à son tour comme tous les hommes de sa famille. L’autre, orphelin, a été recueilli par ce même chef d’état quand il était petit, il deviendra ministre. Les frères ont vécu une enfance heureuse dans le palais de leur père, une adolescence complice qui a soudé leur relation et leur amour fraternel. Un jour, le frère adopté assassine un garde qui brutalise un pauvre hère. Mais le regard du garde le hante, son comportement change et il finit par disparaître. 10 ans durant, le narrateur attend son frère. Et un jour, il revient. Mais il n’est plus le même homme, il n’est pas revenu en paix, il est dorénavant du côté des minorités, les pauvres, les laissés pour compte. Il prend la tête de la rébellion. Son frère, qui règne sur le pays, est anéanti par le chagrin et les doutes. Très vite, des fléaux vont s’abattre sur le pays, eau des fontaines empoisonnée, invasion de sauterelles, peste, pays plongé dans la nuit… des plaies qui nous font évidemment penser à celles infligées par Dieu à l’Egypte, et que le peuple impute aux rebelles. L’affrontement entre les deux frères, dont l’un n’est qu’amour et l’autre haine, vire au drame.
L’auteure réécrit remarquablement l’histoire biblique de Pharaon et Moïse. Un premier roman envoûtant, un de ceux qui laisse une empreinte forte. J’ai adoré !
J'ai beaucoup aimé ce livre que j'ai lu d'une seule traite .... Rivalité entre deux frères jusqu'à la mort...
c'est bien écrit, ça se lit bien, et c'est plein de sentiments (bons et mauvais).
A lire !
C'est l'histoire d'un jeune chef d'Etat, situé en Afrique (pour moi), qui voit débarquer son frère après 10 ans de disparition. Est ce un hasard ou non, mais son retour s'accompagne de divers fléaux s'abattant sur son pays... Ce frère, adoré, est le représentant du mouvement anti gouvernement et fait pression pour changer les choses.. Mais jusqu'où est il prêt à aller?
Livre dur, qui montre les limites du pouvoir de cet homme chef d'état mais aussi ses limites personnelles et ses failles. Il met en exergue aussi les possibilités pour un être humain de changer, d'adopter de nouveaux comportements, des idées radicalement différentes...
Livre épique.
Depuis Montesquieu et Voltaire la tradition du conte philosophique oriental avait disparu de nos lettres. Grâce à la plume de Marie Barthelet qui signe ici un premier roman aussi court que savoureux, ce tort est réparé. Il met aux prises deux frères, les fils du souverain d’un État oriental dont on comprend vite qu’il est régi d’une main de fer depuis des générations par cette famille régnante.
Après avoir donné naissance à un héritier, le souverain – comprenant que son épouse ne pourrait plus enfanter – a décidé d’adopter un second fils afin qu’il ne grandisse pas seul. Choix judicieux puisque les deux frères vont tout partager jusqu’au jour où «l’adopté» s’enfuit, provoquant le désarroi de la famille et de son frère : «En partant tu m’amputais de toi. Il y avait la vie d’avant et d’après ce départ. La vie avec et sans toi. Un âge d’or, une ère de plomb.»
On imagine la joie au moment de l’annonce du retour, après dix ans d’exil, de ce fils prodigue. Sauf que, à l’image des combats de serpents, les retrouvailles vont vite se transformer en confrontation. «J’ai songé : le «nous» d’hier, c’était toi et moi ; aujourd’hui, c’est toi et eux seuls. Eux. La triste minorité de mon pays.»
L’oiseau de mauvais augure qui promet le soulèvement du peuple opprimé – de cette triste minorité – déstabilise le pouvoir. Bien vite, ses menaces vont se traduire dans les faits. Une «vague pourpre» empoisonne le fleuve et le réseau d’eau causant de nombreux décès dans la population, notamment parmi les plus démunis. La lèpre fait également des ravages. Un peu comme les sept plaies d’Egypte.
Les vieilles recettes ne semblent plus fonctionner. Les promesses, les visites aux malades pour les assurer du soutien du gouvernement ne font que retarder la révolte qui grande. Mais les beaux discours finissent par sonner creux :«L’Histoire s’écrit mal à cause de littérateurs comme toi qui ne savent pas la grammaire des hommes.»
Le Palais finit par être envahi et l’heure des règlements de compte sanglants a sonné. «Tu peux museler les médias, assommer les consciences à coups de bêtes slogans et de publicités mensongères, comme les empereurs d’autrefois gaber les panses de pain, organiser des fêtes et des courses à l’hippodrome, en bref jeter de la poudre aux yeux, tu le peux bien sûr, tu peux tout. Mais voici la vérité : tu es l’assassin de ton peuple.»
L’acte final de cette tragédie entre en résonnance avec bien des événements et nous propose une réflexion sur l’aveuglement du pouvoir, sur la justesse des causes défendues, sur la frontière tenue qui existe entre l’ordre et la liberté, entre un asservissement qui assure une certaine stabilité et une liberté, d’autres diront un chaos, qui ouvre la voie à bien des excès.
Marie Barthelet, en ne donnant ni références historiques, ni géographiques, ni même religieuses, livre au lecteur toutes les nuances du possible. S’agit-il d’une cause juste ou d’un combat d’intégristes ? Chacun se fera son opinion…
http://urlz.fr/4527
Un conte à la portée universelle
Voici un premier roman très original et très touchant que je n'aurai certainement pas lu sans les 68 premières fois.
C'est l'histoire de deux hommes de pouvoir qui s'affrontent et à travers eux de deux peuples qui s'affrontent pour un même territoire.
L'histoire se passe dans pays inconnu, le lieu, l'époque ne sont pas précisés, pas plus que le nom des deux hommes.
Il s'agit de deux frères, le narrateur est chef d’État, il a succédé à son père dans ce pays soumis à un régime dynastique. Il s'adresse à son frère qui est à la tête de la rébellion.
Dans leur enfance et leur adolescence ces deux frères étaient inséparables, ils ont même échanger leur sang à l’adolescence, le narrateur considère son frère comme son presque jumeau, son confident. Mais un jour ce frère tue un policier, à partir de là sa vie bascule, il disparait laissant le narrateur désespéré.
Celui ci va devoir gouverner sans l'aide de ce frère qui était pressenti comme Ministre de l'Intérieur et affronter seul l'éducation réservée à un futur chef d’État qui vise à montrer moins d'empathie, plus de hauteur et de détachement et surtout à savoir prendre des décisions.
Un jour son frère revient mais il a basculé du côté de la minorité ethnique opprimée et le considère comme un tyran.
Au fil du récit on découvre l'histoire de cette famille mais impossible d'en dire plus pour ne pas spolier...
Ce roman raconte les retrouvailles de ces deux frères que tout oppose désormais et leur affrontement.
Par les propos du narrateur, il nous fait également vivre de l'intérieur la vie d'un chef d’État, sa solitude "Je ne me possède pas. C'est le monde qui me possède. Je suis en prison", ses rapports avec sa famille, avec son propre fils "Je n'ai été qu'un fantôme, un père lion lointain, souverain d'autres cœurs, maître d'autres âmes que la sienne", ses réactions face aux multiples crises auxquelles son pays se retrouve confronté, ses multiples regrets "J'avais si mal au passé. Si mal!".
J'ai trouvé l'histoire très émouvante et ai apprécié ce côté universel et intemporel qui lui donne toute sa force. Le style joliment travaillé fait de ce roman une très belle réussite. Une nouvelle auteur de seulement 27 ans à suivre...
Ce roman a été sélectionné pour le Prix Stanislas du premier roman 2016.
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2016/09/celui-la-est-mon-frere-de-marie.html
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