Malgré la connotation péjorative du mot "critique", je vais donc faire celle qui, à mon goût, est la plus inutile de toutes. Pourquoi? Car elle sera toujours terne, fade, pauvre face à un seul de ses poèmes. Face à un seul de ses chefs d'oeuvre.
J'ai longtemps cru, sans le lire, que le nom de...
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Malgré la connotation péjorative du mot "critique", je vais donc faire celle qui, à mon goût, est la plus inutile de toutes. Pourquoi? Car elle sera toujours terne, fade, pauvre face à un seul de ses poèmes. Face à un seul de ses chefs d'oeuvre.
J'ai longtemps cru, sans le lire, que le nom de Charles Baudelaire était à placer dans la liste de ces auteurs, adulés pour le nom, et aimé parce que les gens se sentent obligés de l'aimer. Je pensais que la phrase à la mode était "Moi, j'adore trop Baudelaire. Il est trop fort"; que les gens le disaient pour paraître intelligent, curieux, poète. Mais mon Dieu qu'on peut être con quand on est jeune!!
Bien sur que certains en jouent, mais c'est aussi certain que Baudelaire est un génie. Ce génie, qui a su implanter dans ses poèmes une aura mystérieuse, envoûtante et aux capacités quasi-magiques (arrêter le temps, vous transporter dans un autre monde, insuffler des sentiments jusqu'alors inexistants...). Découvert au Collège, trop tôt, il était resté là, à me regarder comme nombre d'autres œuvres. Mais lui était plus présent, plus insistant, plus mystique aussi. Un ressentiment que l'on explique de suite quand on l'ouvre, et qu'on commence à mastiquer chacun de ses mots pour espérer en tirer l'essence même, la formule magique d'une poésie parfaite. J'ai lu plusieurs auteurs qui me semblaient maitriser à la perfection le langage, notre langue (Julien Gracq, Emile Zola, Boris Vian etc.), mais jamais ils n'ont réussi à déceler et partgaer ce que cachent les mots, ce qu'il y a derrière les mots. Vous vous direz peut-être que j'exagère, qu'il faut que j'arrête avec ma critique mystique; mais pourtant je ne saurais comment décrire ma lecture des Fleurs du Mal autrement (alors même que je ne suis pas du tout porté vers le mystique d'habitude, ayant plutôt une logique rationnelle).
Trêve de périphrases donc, j'ai avec Baudelaire découvert la perfection, et l'homme qui, au travers de sa plume, a retiré toute son âme, toute sa valeur à ce même mot de "perfection".
Univers des extrêmes entre spleen et idéal, laideur et beauté, violence et douceur, profane et sacré, des tableaux justes magnifiques dignes d'un Delacroix ou d'un Munch