C'est un livre perturbant. Je connaissais la fin et pourtant, rien n'est attendu, classique, convenu. Le protagoniste est un adolescent qui se présente comme timide maladif, aimant les femmes mais qyant peu d'estime pour elles au final (car cela fait un bon divertissement ?) mais ne sachant les...
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C'est un livre perturbant. Je connaissais la fin et pourtant, rien n'est attendu, classique, convenu. Le protagoniste est un adolescent qui se présente comme timide maladif, aimant les femmes mais qyant peu d'estime pour elles au final (car cela fait un bon divertissement ?) mais ne sachant les aborder, nonchalant, rebelle à toutes formes de prises de décision ou d'initiative. Même sa rencontre puis sa relation avec Marthe ne sera pas vraiment voulu par lui mais par son père puis par elle selon lui. Il est là, il se balade, il joue à l'homme, tantôt balloté entre des sentiments confus tantôt par son ennui abyssal.
Marthe, n'est pas dupe de l'attirance qu'elle a pour le jeune homme. Elle n'a pas la mentalité petite-bourgeoisie et acquis des convenances. Elle semble libre, bien que fiancée puis mariée à Jacques, un soldat partit au front (1ère guerre mondiale). Pourtant, ce n'est pas un adultère sans lendemain. Elle y met son âme, sa vie même, elle s'appuie sur ce jeune homme inconséquent. Mais elle ne voit rien si ce n'est qu'elle est souvent malheureuse sans comprendre, qu'elle doit se justifier sans arrêt, que sa réputation est salie alors que lui, il ne risque rien. Elle vit tout intensément jusqu'à une journée où tout s'écroule et qu'elle ouvre les yeux. Elle a mal physiquement, elle voit la lâcheté de son amant et sa condition de femme ne permet de pallier comme elle l'a fait jusqu'ici (elle n'a pas le droit de réserver une chambre d'hôtel en son nom seule dans un établissement classique).
Pendant que lui se détache au fur et à mesure que la grossesse de Marthe progresse, les familles et la société regarde ce couple et médit, se tait ou rit.
A la mort de Marthe, je ne sais toujours pas si je gifle ce jeune homme inconséquent ou si je me montre généreuse et je crache sur toute cette société dépeinte.
C'est un beau livre triste, mais en aucun cas romantique : il est cruel.
Petites cruautés sincères :
" J'étais trop sensible à la jeunesse pour ne pas envisager que je me détacherais de Marthe, le jour où sa jeunesse se fanerait, et que s'épanouirait la mienne" (p.64)
(p. 75 en trompant Marthe et son ami René en couchant avec la petite amie de ce dernier) "espérais-je y trouver du plaisir, mais j'étais comme le fumeur habitué à une seule marque. Il ne me resta donc que le remord d'avoir trompé René. Vis-à-vis de Marthe, je n'éprouvais aucun remord [car] ce n'est pas pareil"
"Elle y reconnaissait les signes d'une passion incapable de se contenir, alors que me poussait surtout la manie de déranger, si forte" (p.86)
"Je redoutais aussi l'agacement que donne une certaine voix angélique des femmes qui s'éveillent et qui, comédiennes de race, semblent chaque matin sortir de l'au-delà" dit celui qui passe son temps à feindre et qui est un homme (p. 88)
"Ce n'est pas par vice que je convoitais Svéa, mais par gourmandise" (p.104, et le procédé pour coucher avec elle est d'autant plus douteux que lui-même conclut par "je bénéficierais d'un viol facile")