"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce livre est un verbatim d'un entretien tiré d'une émission d'Arte « Bookmakers » de 2021 mais avec des notes en bas de pages de 2023. Les écrivains « raconte[nt] la naissance de leur vocation, leurs influences, les premiers textes terminés et/ou publiés, la réalité économique d'une vie d'auteur-ice-s, tout en documentant la façon dont se sont construits, petit à petit, leur livre emblématique » (p. 113).
Ici, cet opus aborde la résonance entre la vie personnelle de Maria Pourchet (son enfance…) et son processus de création littéraire. Pourquoi lire ce verbatim plutôt que de regarder l'émission ? Pour lire les mots, les voir, les « entendre » par moi-même, pouvoir recouper, réfléchir, fermer et rouvrir le livre, revenir à des pages, en corner certaines. Et si Maria Pourchet s'est intégrée au monde littéraire en commençant par interviewer ses acteurs, elle se trouve ici de l'autre côté de la barrière en étant interviewée par Richard Gaitet.
Ce qui me semble à peu près sûr désormais, c'est que les écrivains ne sont peut-être pas leur meilleur ambassadeur en entretien. Autant à l'écrit, la plupart s'en sorte à peu près avec plus ou moins de marge avec la réalité (Marguerite Duras la première), autant à l'oral, cela perd de sa magie. Certes, l'écrivain n'a pas besoin d'être complètement honnête car finalement Maria Pourchet à raison : la littérature est une illusion, pas une réalité. Mais c'est si fade ici !
Pas de Shrek devenu prince, Maria Pourchet a beau venir de la campagne vosgienne, elle a quand même un environnement intellectuel et économique fort et une furieuse envie de se confronter à la vie et aux autres par le mot. Si elle se revendique de Romain Gary pour son écriture, c'est surtout « Feu » qui va en reprendre la structure et même une phrase.
Quant au titre de ce livre « le cygne offert à l'Empereur », Maria Pourchet signifie que l'écriture est avant tout de l'entrainement. Mais pas de l'entrainement à écrire dans un premier temps : de l'entrainement à lire, à maitriser un large vocabulaire, à jouer avec les mots, les constructions de phrases qu'elle veut précises, sans métaphore, brutes, pouvant résumer en 1 phrase ce que l'on dit généralement en 10 (cf. p.108-109). Elle a une mémoire puissante et apprend des passages de livres par coeur.
L'entretien est chronologique et en trois parties. La première partie, « Illusions gagnées », aborde l'enfance de Maria Pourchet, comment elle a pu être éditée (directement par Gallimard), pourquoi écrire, d'où lui viennent ses idées. Elle y aborde « Avancer », son premier roman passer inaperçu qu'elle ne renie pas (pourtant il n'est pas bon et il manque à la fois de style et d'idées) et « Toutes les femmes sauf une » même s'il est écrit bien plus tard. Il a sa raison d'être par rapport à l'enfance, sa mère, ses racines, son environnement.
La deuxième partie « Maman de vérité » est moins ampoulée, plus dans l'échange sans se fabriquer une légende. Elle y aborde dans un premier temps la vie d'un auteur au sein d'une maison d'édition (la solitude surtout) puis la construction de « Champion » ainsi que « Les Impatients » dont elle n'est pas fière, puis « Rome en un jour ». Là encore, son livre « Toutes les femmes sauf une » file le long des pages.
La troisième et dernière partie, « Feu à volonté », aborde le succès avec livre « Feu », son inspiration par rapport à sa vie personnelle, son travail préparatoire pour « Les Impatients » et son admiration pour Romain Gary. Ce n'est plus tant comment on écrit un livre que comment résonne un livre en soi, on le mange puis on en fait quelque chose pour ne « pas en crever » (sic). L'entretien se termine sur ses projets de réalisation (tv/cinema).
Conclusion : je maintiens que Maria Pourchet n'est pas sa meilleure ambassadrice, qu'elle semble dans le contrôle de son discours, ça manque de spontanéité, mais ce n'est pas toujours inintéressant.
NB. : pour Maria Pourchet, comme pour Goliarda Sapienza, la pire menace pour une femme est une autre femme, position qui ne lui a pas valu que des amies.
Un jeune journaliste se penche sur la vie de son père.
Un super flic qui a ensoleillé son enfance.
Jusqu'au jour du grand cataclysme familial, la découverte d'une double vie de ce père héroïque et de l'existence d'une demi-sœur de dix-huit ans.
Quel beau et sincère témoignage d'une vie qui passe de sereine à bouleversée.
Les sentiments de chacun sont parfaitement analysés et résonnent en nous.
Je pense, sans en être sûre, que ce récit est autobiographique, l'auteur l'ayant précédemment publié sous le nom de Gabriel Robinson.
Auquel cas il aurait encore plus de valeur et augmenterait l'émotion de lecture.
L'ascension du Mont Blanc par un aventurier novice, une expérience folle au premier abord !
Inexpérimenté, l'auteur évoque toutes les étapes de ce périple. L'idée de ce pari fou, les entraînements rigoureux, une météo parfois capricieuse, des phases de réflexion, mais aussi des rencontres, des personnages hauts en couleur.
Il nous dresse ainsi notamment le portrait de René Ghilini, qui sera son guide tout au long de ce périple, un alpiniste chevronné fascinant, que ce soit par sa personnalité ou son vécu. Un vrai contraste par rapport à Richard Gaitet, qui se montre parfois empoté dans certaines situations. Maladroit mais déterminé, il imprègne son récit de sa jovialité et son humour.
L'auteur nous embarque avec lui, on a l'impression d'être à ses côtés dans cette aventure. Une immersion facilitée par l'absence de détails trop techniques, et surtout par le ton employé, souvent drôle, dans un environnement où la moindre erreur peut cependant s'avérer fatale.
Une belle histoire, une aventure à la fois sérieuse et loufoque, de ses préparatifs jusqu'à son accomplissement, racontée via un récit truculent.
http://www.faimdelire.com/2018/07/tete-en-lair-de-richard-gaitet.html
Tête en l'air, Richard Gaitet, Paulsen, 2018...,
Motivé pour être le premier écrivain dans l'espace, projet qu'il explique aux éditrices de Paulsen, Richard Gaitet se voit proposer plutôt d'être le premier à écrire un livre sur le mont Blanc du point de vue d'un novice. Son guide sera René Ghilini, un alpiniste réputé, chasseur de cristaux. C'est l'histoire de la préparation à cette ascension que Richard Gaitet raconte, puis en apothéose, cette fameuse montée jusqu'au sommet.
Génialement sous-titré par une longue phrase qui résume fond et forme : "Récit authentique et déséquilibré d'une ascension du mont Blanc par un blanc-bec à lunettes inexpérimenté qui, au cours de son voyage, réapprit à marcher.", ce livre est aussi l'occasion pour Richard Gaitet d'en appeler aux écrivains majeurs qui ont écrit sur les grands espaces, la montagne, les voyages, les sensations fortes et aux pionniers de l'alpinisme, à ceux qui ont découvert le mont Blanc et d'autres sommets. Très documenté et très drôle l'histoire de la préparation de ce "sportif proche de zéro, bigleux comme pas deux, finaliste annuel des championnats du monde des empotés, fêtard gourmand doté d'un charmant petit ventre à bière, descendant d'une longue lignée de cardiaques et intello poli du 20e arrondissement de Paris" (p.13)
Le décor planté, je dois dire que j'ai apprécié ma lecture bien que je sois très loin de la montagne, que je n'y sois allé qu'à de très rares occasions et que l'exploit sportif est aussi loin de moi qu'un saucisson pur porc d'un musulman (très) pratiquant. Ma relation avec le sport est conflictuelle, je ne l'aime pas et il me le rend bien.
Le plus de ce livre par rapport à tout autre, c'est évidemment le ton, entre le sérieux de la préparation et la fanfaronnade quasi permanente. Et puis un peu de lyrisme dans les descriptions des paysages et dans la fin lorsque l'objectif est atteint, sans doute le manque d'oxygène, le fameux mal des montagnes qui touche le romancier-alpiniste bien qu'il soutienne ne pas en avoir souffert, mais nous à le lire, on le ressent bien, ou alors c'est l'euphorie d'avoir réussi, c'est même sûrement cela, les deux causes ayant les mêmes conséquences.
C'est aussi une histoire de rencontres, avec René Ghilini et sa femme Petra bien sûr, mais aussi de plus éphémères avec des compagnons d'ascension ou d'entraînement, tous des gens fous de montagne, qui mesurent les risques tout en sachant que parfois, la montagne n'en fait qu'à sa tête, surtout maintenant avec le dérèglement climatique qui gêne les prévisions météorologiques et bouleverse fondamentalement la nature.
Récit musical aussi, Richard Gaitet met en exergue -entre autres- une phrase tirée d'une chanson d'Alain Bashung, de son excellent et noir album L'imprudence. D'autres groupes et chanteurs sont cités. Personnellement, je n'ai pu me défaire, à chaque fois que je lisais le titre du livre, de la chanson de Jacques Higelin, qui porte le même nom.
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