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Alice Zeniter

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  • Portrait d'Alice Zeniter

    Normalienne, Alice Zeniter voit son troisième roman, Sombre dimanche (Albin Michel), couronné de trois prix : Prix du livre Inter, Prix de la Closerie des Lilas, Prix des lecteurs de l'Express. Ecrivain et dramaturge, son dernier roman se situe en Hongrie de 1978 à nos...

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  • Portrait d'Alice Zeniter
    Portrait d'Alice Zeniter

    Normalienne, Alice Zeniter voit son troisième roman, Sombre dimanche (Albin Michel), couronné de trois prix : Prix du livre Inter, Prix de la Closerie des Lilas, Prix des lecteurs de l'Express.

Avis sur cet auteur (110)

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    Couverture du livre « Frapper l'épopée » de Alice Zeniter aux éditions Flammarion

    Regine Zephirine sur Frapper l'épopée de Alice Zeniter

    A travers cette épopée, à la fois fresque historique et récit sociétal, Alice Zéniter nous offre un roman puissant qui fait écho à l’actualité récente sur « Le cailloux »

    Le personnage qui fait le lien dans cette histoire entre passé colonial et réalité d’aujourd’hui en Nouvelle Calédonie,...
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    A travers cette épopée, à la fois fresque historique et récit sociétal, Alice Zéniter nous offre un roman puissant qui fait écho à l’actualité récente sur « Le cailloux »

    Le personnage qui fait le lien dans cette histoire entre passé colonial et réalité d’aujourd’hui en Nouvelle Calédonie, c’est Tass, caldoche e et professeure de français en rupture amoureuse. Elle s’intéresse à deux de ses élèves de terminale, ils sont kanaks et jumeaux et leur disparition l’inquiète.
    La Nouvelle-Calédonie, cette multitude d’îles, c’est tout d’abord un passé colonial qui la serre aux entournures, et ce sont ces trois référendums qui n’ont pas découchés sur l’indépendance. Le dernier a été boycotté par les indépendantistes, car l’Etat français leur ment, affirment-ils. La réalité est là : le chômage galopant des jeunes kanas pour la plupart peu ou prou diplômés.

    Pour s’approcher au plus près de la vie des autochtones, Alice Zeniter suit le destin individuel de trois kanaks en rupture de ban et qui ont créé groupe « empathie violente ». Il y a là Le Ruisseau, NEOP et FidR. Que font-ils exactement ?

    « Qu’est-ce que nous voulons ? Je vais te le dire. Nous voulons casser la voix des on parle pour toi, arrêter l’inflation des je vous salue, brouiller le refrain des au nom de, défaire l’ordre des silences on tourne …. A n’en plus finir de ceux qui savent tout au nom de rien et de ceux qui pensent tout au nom de tous. »

    Même si leur combat reste utopique et très marginal, ces personnages sont attachants et leurs sentiments sont ceux d’une population appauvrie et mise à l’écart par les autres habitants, caldoches et Zoreilles.
    Ces trois personnages nous ouvrent le monde inconnu de la civilisation kanake faite de plusieurs dialectes, de tribus avec leurs coutumes, de superstitions et de rites. Cette population vit loin des beaux quartiers réservés aux blancs, elle habite des squats qui s’accrochent aux flancs de la montagne. Leur attachement à la terre de leurs ancêtres est viscéral, ils ont subi une spoliation et on ne peut que les comprendre.

    Sans être didactique, Alice Zeniter revient sur le passé colonial de l’île, sur son destin d’île pénitentiaire de remplacement au bagne de Cayenne où les prisonniers meurent trop vite.

    « La Nouvelle-Calédonie s’offre alors dans toute sa splendeur : son climat est jugé propice au travail de force, l’ait y est salubre, les conditions épidémiologiques sont excellentes… A aucun moment de ces études de terrain, faites à vingt mille kilomètres du terrain les colonialistes ne mentionnent les Kanak – ou alors pour estimer que leur population « clairsemée » laisse amplement la place à leurs projets divers. »

    Cette période coloniale contestée et contestable, l’auteure nous la fait découvrir de façon singulière, à travers le passé de Tass. Elle y mêle au passage sa propre histoire familiale, de quoi donner le vertige au lecteur. Et c’est passionnant car, loin d’un cours magistral, elle mêle l’histoire au récit de ses personnages et nous entraine, nous implique même, dans ce passé colonial avec brio.
    Brillante styliste, avec un sens aigu de l’analyse psychologique, Alice Zeniter sait créer la complicité avec le lecteur. Récit universel, roman puissant, « Frapper l’épopée « m’a littéralement emportée.

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    Couverture du livre « Frapper l'épopée » de Alice Zeniter aux éditions Flammarion

    Les Lectures de Cannetille sur Frapper l'épopée de Alice Zeniter

    Après le succès de L’art de perdre qui voyait une jeune femme, avatar de l’auteur, se lancer sur les traces de son histoire familiale en Algérie, c’est un autre retour aux sources, en Nouvelle-Calédonie cette fois, qui fonde ce nouveau roman sur l’héritage colonial du XIXe siècle.

    Demeurée...
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    Après le succès de L’art de perdre qui voyait une jeune femme, avatar de l’auteur, se lancer sur les traces de son histoire familiale en Algérie, c’est un autre retour aux sources, en Nouvelle-Calédonie cette fois, qui fonde ce nouveau roman sur l’héritage colonial du XIXe siècle.

    Demeurée une dizaine d’années en métropole après y avoir fait ses études, Tass revient définitivement dans sa Nouvelle-Calédonie natale à cause d’une rupture amoureuse. Ses fonctions de professeur dans un lycée l’amènent à se préoccuper de l’absence de deux de ses élèves, des jumeaux kanaks dont elle soupçonne qu’ils n’ont pas la vie facile. Son intérêt pour eux va lui faire croiser le chemin d’un mystérieux groupe indépendantiste, oeuvrant secrètement à ce que ses membres appellent « l’empathie violente ». Par de petits gestes symboliques reproduisant la dépossession – par exemple s’introduire dans une maison pour y déplacer des objets –, ils comptent semer le trouble dans l’esprit des Blancs pour qu’eux non plus ne se sentent plus tout à fait à leur place.

    Cette première partie du récit servant à installer notre compréhension de la société calédonienne d’aujourd’hui, un monde stratifié aux possibilités limitées, figé dans la répétition sans fin des mêmes histoires familiales entre groupes et clans en mal d’identité depuis que les traditions millénaires se sont dissoutes dans les mille nuances séparant blancs-blancs, blancs-autres, purs-métis et autres variantes – pour faire simple, « disons que si tu vivais en tribu, tu étais kanak. Et si tu faisais partie du colonat, quel que soit ton métissage, on te comptait parmi les Blancs » –, l’on en vient naturellement, comme Tass qui ignore tout de cet ancêtre qui fut le premier de sa lignée à mettre un pied sur le « Caillou », à se poser la question du passé qui l’a façonnée.

    Recourant à la magie des lieux, puisque, conformément aux croyances kanak, ceux-ci sont habités par les esprits des morts, l’auteur tire parti d’une chute de Tass dans un trou d’eau pour faire surgir les images de son ancêtre bagnard et, à travers lui, l’histoire de la colonisation de l’île par les Français. Au volet politique et social succède donc un aussi intéressant versant historique, dans une mise en scène que l’on pourra trouver, au mieux d’une liberté audacieuse, au pire d’autant plus brouillonne que vient s’y glisser, comme si besoin était pour l’auteur de se justifier, un chapitre sur la genèse du roman, sur les raisons de son écriture et sur les recherches afférentes. Il est surtout l’occasion d’expliquer les résonances entre les différentes histoires de colonisation et leurs mêmes héritages, qu’il s’agisse de la Nouvelle-Calédonie qui n’est rien à sa famille, ou de l’Algérie qui en est le berceau.

    Documenté et réfléchi, juste et fouillé dans ses personnages, enfin profondément instructif et intéressant, le récit pourra toutefois faire regretter que l‘élan politique l’y emporte sur le souffle littéraire. Tout à son sujet de la complexité post-coloniale, Alice Zeniter signe ici un ouvrage convaincant et brillant sur le fond, peut-être moins sur la forme.

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    Couverture du livre « Frapper l'épopée » de Alice Zeniter aux éditions Flammarion

    Alex-Mot-à-Mots sur Frapper l'épopée de Alice Zeniter

    J’entrais dans cette lecture sans trop y croire, ayant lu des avis plus que mitigés ; des copines du Club de Lecture ayant abandonnées.

    Et j’ai aimé cette lecture si changeante : j’ai au départ détesté ce groupe terroriste « Empathie violente » et puis j’ai fini par comprendre leur façon...
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    J’entrais dans cette lecture sans trop y croire, ayant lu des avis plus que mitigés ; des copines du Club de Lecture ayant abandonnées.

    Et j’ai aimé cette lecture si changeante : j’ai au départ détesté ce groupe terroriste « Empathie violente » et puis j’ai fini par comprendre leur façon d’agir. J’ai au départ eu de la peine pour Tass (Tassadit) qui vit une rupture amoureuse, et puis je n’ai pas aimé qu’elle ne comprenne pas le combat kanak.

    Certes, la grossesse en fin de volume parait un peu rajoutée, et l’auteure s’en explique en fin de volume.

    J’ai aimé monsieur Emmanuel, le proviseur du lycée dans lequel travaille Tass, empathique à sa façon.

    J’ai aimé retrouver ce Caillou perdu au milieu de l’océan ; ce peuple kanak taiseux comme nos vieux paysans métro.

    J’ai aimé cette empathie violente qui défait sans violence, qui sape petit à petit, à la manière des anciens colonisateurs.

    J’ai découvert que des algériens, marocains, tunisiens avaient eu aussi été déportés en Nouvelle.

    J’ai découvert Déwé Gorodé et son écrit « Sous les cendres des conques ».

    J’ai découvert Ataï qui mena l’insurrection kanak de 1878 contre les colonisateurs français.

    J’ai adoré la « vision » dans la rivière qui permet à Tass de découvrir son histoire familiale : l’arrivée de son grand-père algérien bagnard, son mariage et ses enfants.

    Je me suis demandée d’où venait ce titre avant de comprendre qu’il fait référence à la façon dont le groupe « Empathie violente » agit pour déstabiliser les colons.

    Un roman passionnant sur l’histoire de la colonisation de la Nouvelle-Calédonie, de ses tribus, de la coutume et de sa signification, et de la difficile / impossible insertion dans le monde européen.

    Une citation :

    Mais une femme ne se fait pas violer. (…)

    Un homme viole une femme.Des hommes violent des femmes. Très souvent. Il y a des hommes qui violent des femmes.Ils ont des corps, des visages te des noms. On ne peut pas accepter qu’ils disparaissent de la phrase. Que le viol reste suspendu derrière eux, après leur passage, mais personne pour l’avoir commis. (p.324)

    L’image que je retiendrai :

    Celle des partisans d’empathie violente enlevant petit à petit de la terre sous la statue de la poignée de mains Place des cocotiers pour que Jacques Lafleur descende au même niveau que Jean-Marie Tjibaou.

    https://www.alexmotamots.fr/frapper-lepopee-alice-zeniter/

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    Couverture du livre « Frapper l'épopée » de Alice Zeniter aux éditions Flammarion

    Chantal YVENOU sur Frapper l'épopée de Alice Zeniter

    A Nouméa, Tass enseigne le français, dans un lycée professionnel. Elle y vit seule, et semble vouloir y rester, malgré la pression de sa mère, qui est retournée en métropole après l’accident de voiture fatal de son mari, lui était originaire de l’île, même si le fil du roman nous fait découvrir...
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    A Nouméa, Tass enseigne le français, dans un lycée professionnel. Elle y vit seule, et semble vouloir y rester, malgré la pression de sa mère, qui est retournée en métropole après l’accident de voiture fatal de son mari, lui était originaire de l’île, même si le fil du roman nous fait découvrir la complexité des racines, faites d’un métissage multiple, au hasard des mouvements migratoires et des cahots du colonialisme.
    Deux élèves de sa classe, des jumeaux fusionnels attirent son attention, par leur attitude, d’autant qu’ils portent un petit tatouage qui suggère leur sympathie pour un mouvement que les autorités qualifient de terrorisme.


    L’’histoire actuelle de l’Archipel, sur les trente dernières années, marquée par un climat de violences sur fond de revendications politiques et sociales est loin d’être simple. Mais comment pourrait-elle l’être quand un peuple se construit sur des bases mouvantes dont le seul point commun est une gouvernance aveugle à la recherche du profit et d’un lieu suffisamment lointain pour bannir de sa vue les indésirables du pays au mépris de siècles d’évolution culturelle propre ?

    Un roman intéressant, qui mêle adroitement la grande histoire et une intrigue rencontrée sur des personnages dignes d’intérêt, avec juste ce qu’il faut de réalisme magique, qui sera une belle porte d’entrée sur le monde des ancêtres, riche d’enseignement.

    352 pages Flammarion 21 Août 2024