Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Quand Tass était enfant, les adultes lui ont raconté l'histoire de sa terre à plusieurs reprises et dans différentes versions. Malgré tous ces récits, Tass n'a jamais bien su où commençait l'histoire des siens. Comme elle n'a jamais réussi à expliquer la Nouvelle-Calédonie à Thomas, son compagnon resté en métropole. Aujourd'hui, elle est revenue à Nouméa et a repris son poste de professeure. Dans l'une de ses classes, il y a des jumeaux kanak qu'elle s'agace de trouver intrigants, avec leurs curieux tatouages : sont-ils liés à un insaisissable mouvement indépendantiste ? Lorsqu'ils disparaissent, Tass part à leur recherche, de Nouméa à Bourail - sans se douter qu'en chemin c'est l'histoire de ses ancêtres qui lui sera, prodigieusement, révélée. Le destin de Tass croise celui de l'archipel calédonien et Alice Zeniter, avec une virtuosité romanesque remarquable, met en scène son passionnant visage contemporain, à l'ombre duquel s'invite, façon western, son passé pénitentiaire et colonial.
A travers cette épopée, à la fois fresque historique et récit sociétal, Alice Zéniter nous offre un roman puissant qui fait écho à l’actualité récente sur « Le cailloux »
Le personnage qui fait le lien dans cette histoire entre passé colonial et réalité d’aujourd’hui en Nouvelle Calédonie, c’est Tass, caldoche e et professeure de français en rupture amoureuse. Elle s’intéresse à deux de ses élèves de terminale, ils sont kanaks et jumeaux et leur disparition l’inquiète.
La Nouvelle-Calédonie, cette multitude d’îles, c’est tout d’abord un passé colonial qui la serre aux entournures, et ce sont ces trois référendums qui n’ont pas découchés sur l’indépendance. Le dernier a été boycotté par les indépendantistes, car l’Etat français leur ment, affirment-ils. La réalité est là : le chômage galopant des jeunes kanas pour la plupart peu ou prou diplômés.
Pour s’approcher au plus près de la vie des autochtones, Alice Zeniter suit le destin individuel de trois kanaks en rupture de ban et qui ont créé groupe « empathie violente ». Il y a là Le Ruisseau, NEOP et FidR. Que font-ils exactement ?
« Qu’est-ce que nous voulons ? Je vais te le dire. Nous voulons casser la voix des on parle pour toi, arrêter l’inflation des je vous salue, brouiller le refrain des au nom de, défaire l’ordre des silences on tourne …. A n’en plus finir de ceux qui savent tout au nom de rien et de ceux qui pensent tout au nom de tous. »
Même si leur combat reste utopique et très marginal, ces personnages sont attachants et leurs sentiments sont ceux d’une population appauvrie et mise à l’écart par les autres habitants, caldoches et Zoreilles.
Ces trois personnages nous ouvrent le monde inconnu de la civilisation kanake faite de plusieurs dialectes, de tribus avec leurs coutumes, de superstitions et de rites. Cette population vit loin des beaux quartiers réservés aux blancs, elle habite des squats qui s’accrochent aux flancs de la montagne. Leur attachement à la terre de leurs ancêtres est viscéral, ils ont subi une spoliation et on ne peut que les comprendre.
Sans être didactique, Alice Zeniter revient sur le passé colonial de l’île, sur son destin d’île pénitentiaire de remplacement au bagne de Cayenne où les prisonniers meurent trop vite.
« La Nouvelle-Calédonie s’offre alors dans toute sa splendeur : son climat est jugé propice au travail de force, l’ait y est salubre, les conditions épidémiologiques sont excellentes… A aucun moment de ces études de terrain, faites à vingt mille kilomètres du terrain les colonialistes ne mentionnent les Kanak – ou alors pour estimer que leur population « clairsemée » laisse amplement la place à leurs projets divers. »
Cette période coloniale contestée et contestable, l’auteure nous la fait découvrir de façon singulière, à travers le passé de Tass. Elle y mêle au passage sa propre histoire familiale, de quoi donner le vertige au lecteur. Et c’est passionnant car, loin d’un cours magistral, elle mêle l’histoire au récit de ses personnages et nous entraine, nous implique même, dans ce passé colonial avec brio.
Brillante styliste, avec un sens aigu de l’analyse psychologique, Alice Zeniter sait créer la complicité avec le lecteur. Récit universel, roman puissant, « Frapper l’épopée « m’a littéralement emportée.
Après le succès de L’art de perdre qui voyait une jeune femme, avatar de l’auteur, se lancer sur les traces de son histoire familiale en Algérie, c’est un autre retour aux sources, en Nouvelle-Calédonie cette fois, qui fonde ce nouveau roman sur l’héritage colonial du XIXe siècle.
Demeurée une dizaine d’années en métropole après y avoir fait ses études, Tass revient définitivement dans sa Nouvelle-Calédonie natale à cause d’une rupture amoureuse. Ses fonctions de professeur dans un lycée l’amènent à se préoccuper de l’absence de deux de ses élèves, des jumeaux kanaks dont elle soupçonne qu’ils n’ont pas la vie facile. Son intérêt pour eux va lui faire croiser le chemin d’un mystérieux groupe indépendantiste, oeuvrant secrètement à ce que ses membres appellent « l’empathie violente ». Par de petits gestes symboliques reproduisant la dépossession – par exemple s’introduire dans une maison pour y déplacer des objets –, ils comptent semer le trouble dans l’esprit des Blancs pour qu’eux non plus ne se sentent plus tout à fait à leur place.
Cette première partie du récit servant à installer notre compréhension de la société calédonienne d’aujourd’hui, un monde stratifié aux possibilités limitées, figé dans la répétition sans fin des mêmes histoires familiales entre groupes et clans en mal d’identité depuis que les traditions millénaires se sont dissoutes dans les mille nuances séparant blancs-blancs, blancs-autres, purs-métis et autres variantes – pour faire simple, « disons que si tu vivais en tribu, tu étais kanak. Et si tu faisais partie du colonat, quel que soit ton métissage, on te comptait parmi les Blancs » –, l’on en vient naturellement, comme Tass qui ignore tout de cet ancêtre qui fut le premier de sa lignée à mettre un pied sur le « Caillou », à se poser la question du passé qui l’a façonnée.
Recourant à la magie des lieux, puisque, conformément aux croyances kanak, ceux-ci sont habités par les esprits des morts, l’auteur tire parti d’une chute de Tass dans un trou d’eau pour faire surgir les images de son ancêtre bagnard et, à travers lui, l’histoire de la colonisation de l’île par les Français. Au volet politique et social succède donc un aussi intéressant versant historique, dans une mise en scène que l’on pourra trouver, au mieux d’une liberté audacieuse, au pire d’autant plus brouillonne que vient s’y glisser, comme si besoin était pour l’auteur de se justifier, un chapitre sur la genèse du roman, sur les raisons de son écriture et sur les recherches afférentes. Il est surtout l’occasion d’expliquer les résonances entre les différentes histoires de colonisation et leurs mêmes héritages, qu’il s’agisse de la Nouvelle-Calédonie qui n’est rien à sa famille, ou de l’Algérie qui en est le berceau.
Documenté et réfléchi, juste et fouillé dans ses personnages, enfin profondément instructif et intéressant, le récit pourra toutefois faire regretter que l‘élan politique l’y emporte sur le souffle littéraire. Tout à son sujet de la complexité post-coloniale, Alice Zeniter signe ici un ouvrage convaincant et brillant sur le fond, peut-être moins sur la forme.
J’entrais dans cette lecture sans trop y croire, ayant lu des avis plus que mitigés ; des copines du Club de Lecture ayant abandonnées.
Et j’ai aimé cette lecture si changeante : j’ai au départ détesté ce groupe terroriste « Empathie violente » et puis j’ai fini par comprendre leur façon d’agir. J’ai au départ eu de la peine pour Tass (Tassadit) qui vit une rupture amoureuse, et puis je n’ai pas aimé qu’elle ne comprenne pas le combat kanak.
Certes, la grossesse en fin de volume parait un peu rajoutée, et l’auteure s’en explique en fin de volume.
J’ai aimé monsieur Emmanuel, le proviseur du lycée dans lequel travaille Tass, empathique à sa façon.
J’ai aimé retrouver ce Caillou perdu au milieu de l’océan ; ce peuple kanak taiseux comme nos vieux paysans métro.
J’ai aimé cette empathie violente qui défait sans violence, qui sape petit à petit, à la manière des anciens colonisateurs.
J’ai découvert que des algériens, marocains, tunisiens avaient eu aussi été déportés en Nouvelle.
J’ai découvert Déwé Gorodé et son écrit « Sous les cendres des conques ».
J’ai découvert Ataï qui mena l’insurrection kanak de 1878 contre les colonisateurs français.
J’ai adoré la « vision » dans la rivière qui permet à Tass de découvrir son histoire familiale : l’arrivée de son grand-père algérien bagnard, son mariage et ses enfants.
Je me suis demandée d’où venait ce titre avant de comprendre qu’il fait référence à la façon dont le groupe « Empathie violente » agit pour déstabiliser les colons.
Un roman passionnant sur l’histoire de la colonisation de la Nouvelle-Calédonie, de ses tribus, de la coutume et de sa signification, et de la difficile / impossible insertion dans le monde européen.
Une citation :
Mais une femme ne se fait pas violer. (…)
Un homme viole une femme.Des hommes violent des femmes. Très souvent. Il y a des hommes qui violent des femmes.Ils ont des corps, des visages te des noms. On ne peut pas accepter qu’ils disparaissent de la phrase. Que le viol reste suspendu derrière eux, après leur passage, mais personne pour l’avoir commis. (p.324)
L’image que je retiendrai :
Celle des partisans d’empathie violente enlevant petit à petit de la terre sous la statue de la poignée de mains Place des cocotiers pour que Jacques Lafleur descende au même niveau que Jean-Marie Tjibaou.
https://www.alexmotamots.fr/frapper-lepopee-alice-zeniter/
A Nouméa, Tass enseigne le français, dans un lycée professionnel. Elle y vit seule, et semble vouloir y rester, malgré la pression de sa mère, qui est retournée en métropole après l’accident de voiture fatal de son mari, lui était originaire de l’île, même si le fil du roman nous fait découvrir la complexité des racines, faites d’un métissage multiple, au hasard des mouvements migratoires et des cahots du colonialisme.
Deux élèves de sa classe, des jumeaux fusionnels attirent son attention, par leur attitude, d’autant qu’ils portent un petit tatouage qui suggère leur sympathie pour un mouvement que les autorités qualifient de terrorisme.
L’’histoire actuelle de l’Archipel, sur les trente dernières années, marquée par un climat de violences sur fond de revendications politiques et sociales est loin d’être simple. Mais comment pourrait-elle l’être quand un peuple se construit sur des bases mouvantes dont le seul point commun est une gouvernance aveugle à la recherche du profit et d’un lieu suffisamment lointain pour bannir de sa vue les indésirables du pays au mépris de siècles d’évolution culturelle propre ?
Un roman intéressant, qui mêle adroitement la grande histoire et une intrigue rencontrée sur des personnages dignes d’intérêt, avec juste ce qu’il faut de réalisme magique, qui sera une belle porte d’entrée sur le monde des ancêtres, riche d’enseignement.
352 pages Flammarion 21 Août 2024
J avais dévorée "l art de perdre " mais ce roman j ai eu beaucoup de mal à le finir. Les destinées et les traditions à Nouméa sont racontées, à mon avis, de façon confuses. La quatrième de couverture promet une histoire avec Tass et des jumeaux qui est finalement très absente. Désolée ce n est pas dans mes habitudes de faire des commentaires aussi négatifs mais j ai peu apprécié ce roman.
Frapper l’épopée nous place au coeur de la Nouvelle-Calédonie à travers le regard de Tass qui revient sur l’île après avoir vécu quelques années en métropole. Professeure de français, elle est troublée par des élèves jumeaux kanaks qu’elle essaie d’aider.
J’ai beaucoup aimé les premiers chapitres de ce roman qui prennent la mesure de la distance qui nous sépare de cet archipel à l’autre bout du monde, et les premiers pas de Tass sur l’île ont prometteurs. Pourtant, je me suis perdue dans ce roman dense qui picore des morceaux d’histoires que j’aurais aimé voir abordés plus en profondeur, comme ce groupe « d’empathie violente » qui permet à l’autrice d’interroger l’invasion de cette île et la légitimité des anciens colons.
La dernière partie plus onirique qui navigue dans les mythes et légendes des kanaks pour raconter l’histoire de l’île m’a donné un regain d’intérêt car c’est une histoire méconnue. On découvre l’ancienne colonie pénitentiaire dans les années 1850, l’arrivée des bagnards, l’invasion des territoires kanaks, et surtout la difficulté pour tous de vivre ensemble.
Je l’ai finalement plus lu comme un documentaire, me permettant de mieux mesurer l’ampleur des révoltes récentes. J’ai apprécié la plume d’Alice Zeniter que je découvre avec ce roman, et qui m’a fait voyager dans « le caillou » m’imprégnant de cette ile dans toutes ses ambiguïtés. Néanmoins le manque de romanesque et la fin abrupte m’ont laissée sur ma faim.
Tass a des origines mélangées. C’est elle qui raconte. Elle a passé son enfance en Nouvelle-Calédonie où ses ancêtres sont arrivés, il y a bien longtemps, dans des circonstances qu’elle cherche à découvrir. Ses grands-parents maternels sont en France métropolitaine. Son père est décédé quand elle avait dix ans et sa mère est restée sur le Caillou. Tass a quitté l’île pour faire des études en journalisme et a rencontré Thomas avec qui elle a vécu à Orléans, avant de décider de revenir sur l’île, acceptant un poste de Professeur remplaçant dans un collège de Nouméa.
Les pages concernant le cours à des ados en section technique sont superbes. Tass leur fait commenter L’île des esclaves de Marivaux. Pas mal pour donner à réfléchir à la place de chacun, même si ce n’est pas gagné. Elle repère deux jumeaux kanaks, Célestin et Pénélope, le frère et la sœur. Célestin l’attire par sa beauté singulière, Pénélope par son mystère. On suivra ces deux là tout au long du roman, lien avec le futur et aussi avec un groupe indépendantiste aux actions plus poétiques que violentes. Leur petit tatouage en est une illustration, « Le tatouage dit, un peu tremblant, un peu chaotique : KNKY XXcra. ». MPATHY XXcra aussi (« empathie est un mot trop long, cette graphie claque davantage », slogan des actions du groupe dont je ne vous dis rien car elles constituent le sel de ce roman… Un Ruisseau en est le penseur-idéologue-artiste, nommé ainsi à la mode kanak, « Le noyau dur du groupe ne compte que deux autres membres : N’épousera-pas-un-pauvre (NEP) et Fille-de-la-réussite (FidR) ».
L’écriture est remarquable, faite de spontanéité, de respect pour les cultures et pour cette nature particulière qu’elle décrit si bien, environnement d’un chapelet d’îles à vingt mille kilomètres et 23 heures d’avion de l’hexagone. Faune et flore singulières passent devant nos yeux de lecteurs : les bengalis à bec rouge, le bulbul « beau et con » et le cagou symbole de la Nouvelle-Calédonie, les margouillats jusque dans la maison (lézards) et les lianes perruche.
Ce livre, par sa forme, montre combien la fiction est importante, permettant de s’imprégner des sentiments profonds des personnages, chemin nécessaire pour une vision plurielle. Tass par ses origines incertaines nous introduit parfaitement dans des univers opposés, celui des caldoches, souvent dominants, celui des kanaks, souvent dominés, celui des descendant des anciens bagnards, à l’histoire encore plus complexe.
Lorsque les jumeaux ne reviennent pas en cours, Tass part à leur recherche mais elle se blesse en tombant brusquement dans un trou d’eau. Elle a alors des visions qui lui révèlent le passé de son arrière-arrière-grand père. Passage où alterne des retours historiques très intéressants, permettant de comprendre l’origine des violences telles que l’épisode de la prise d’otage d’Ouvéa en 1988 ou l’élargissement prévu du corps électoral (reporté/annulé... suite aux émeutes et à la dissolution de l’assemblée). En fait cette île lointaine, qui nous est contée habituellement seulement à travers ses révoltes, nous est en grande partie une inconnue. Après cet état second de Tass, qui nous emmène au cœur de l’épopée du titre et dans le merveilleux, on boucle le voyage dans le temps et dans l’espace en revenant à l’action de départ, terminant superbement le roman.
La voix de l’autrice porte loin car elle connaît ce qu’il en coûte d’être de deux pays, elle qui est née d'un père d'origine algérienne (kabyle) et d'une mère française. Son livre le plus connu, L’art de perdre, publié en 2017, retrace le destin des générations successives d’une famille originaire de l’Algérie française dont l'aïeul a quitté l'Algérie en 1962 et qui est considéré comme un harki, donc un traître et un collaborateur, par les Algériens et comme un étranger par les Français. Les personnages de son nouveau roman Frapper l’épopée nous donnent à voir également une réalité plurielle, jamais réduite à une voix unique imposant un message. C’est une lecture ouvrant sur le ressenti des populations de la Nouvelle-Calédonie, fruit d’une histoire, toujours à la recherche d’un apaisement ou dans la perspective d’un nouvel embrasement.
Que le chemin est difficile pour cette héroïne crédible qui cherche à prendre en main son destin sur ces îles lointaines du Pacifique. En quatrième de couverture, il est mentionné la « virtuosité romanesque remarquable » d’Alice Zeniter. Personnellement la formule me semble tout à fait exacte. Avez-vous lu cette autrice ?
À la suite d'une rupture amoureuse, Tass est de retour en Nouvelle-Calédonie. Jusqu'alors écartelée entre la métropole et le Caillou, elle a décidé « de rentrer enfin pour de bon » sur l'île où elle est née et d'y exercer son métier de professeur de français. Parmi ses élèves, Célestin et Pénélope, des jumeaux étranges qui disparaissent mystérieusement.
Alors qu'elle part à leur recherche, elle mène une quête parallèle pour retrouver ses origines dont elle ne sait rien. Son père est mort prématurément et sa mère, toujours sur le territoire, continue à vivre « à la française ».
Et quand elle parle de la Nouvelle-Calédonie aux métropolitains, ces derniers la confondent avec Tahiti ou encore La Réunion et, à part Louise Michel qui y a été bannie durant sept ans, aucun personnage célèbre n'émerge du Caillou.
Sur le chemin de ses investigations, elle croise un étonnant groupe de militants qui pratiquent l'empathie violente qui consiste à faire comprendre aux oppresseurs ce qu'ils ont fait endurer à ceux qu'ils ont tyrannisé. Cette prise de conscience passe par des actions pour le moins déconcertantes.
Très concernée par le fait colonial sur lequel elle s'était déjà penchée dans « L'Art de perdre » pour l'Algérie, Alice Zeniter revient sur l'histoire néo-calédonienne dans un flashback quasi cinématographique par sa puissance visuelle teintée de réalisme magique et s'imagine une possible filiation avec l'arrière-arrière grand-père de Tass qui lui a transmis son patronyme : Areski. Il est né à Tablat en Algérie en 1847. Après avoir volé un patron français, il est condamné à des travaux forcés et envoyé en Nouvelle-Calédonie.
L'analepse fait le récit de la Nouvelle-Calédonie, construite comme un mille-feuille : à la population autochtone, les Kanak, s'ajoutent des bagnards dans la seconde moitié du 19e siècle qui sont des « droits communs », des « politiques » après la répression de la Commune, puis des Kabyles.
L'administration française calque sur l'île océanienne une organisation en tribus qui lui est étrangère et éloigne les indigènes vers les terres les moins fertiles. Ne prenant pas la peine de comprendre les traditions locales, les colons acculturent à tour de bras avec une violence inouïe.
Entre récit à portée universelle sur le colonialisme et odyssée intime, « Frapper l'épopée » marque par sa puissance et son intelligence des enjeux contemporains qui puisent dans le passé.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-frapper-lepopee-alice-zeniter-flammarion/
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Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...
Un douloureux passage à l'âge adulte, entre sensibilité et horreur...
Que cette chronique fait plaisir à lire ! Je ne suis plus la seule à partager totalement cet avis.