"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Une bonne histoire, aujourd'hui encore, c'est souvent l'histoire d'un mec qui fait des trucs. Et si ça peut être un peu violent, si ça peut inclure de la viande, une carabine et des lances, c'est mieux... » Mais quelle place accorde-t-on dans ces histoires aux personnages féminins et à la représentation de leur corps ? Alice Zeniter déconstruit le modèle du héros et révèle la manière dont on façonne les grands récits depuis l'Antiquité. De la littérature au discours politique, elle nous raconte avec humour et lucidité les rouages de la fabrique des histoires et le pouvoir de la fiction.
La 4ème de couverture est un peu confuse et certains chapitres le sont aussi un peu, ou du moins ils m’ont un peu perdu quant à savoir ce que l’auteure visait…
Les premiers chapitres sont intéressants avec des passages amusants mais d’autres sont ennuyeux et pas très clairs.
Au début du livre l’auteure nous parle avec humour des récits où le rôle masculin est prédominant sur les personnages féminins.
Elle y constate que ce que l’on considère comme une bonne histoire, autrefois comme aujourd’hui encore, « c’est souvent l’histoire d’un mec qui fait qui fait des trucs. Et si ça peut être un peu violent, si ça peut inclure de la viande, une carabine et des lances, c’est mieux. »
Quant aux histoires des femmes ? Quelques exemples :
« Anna Karénine : c’est une femme mariée qui tombe amoureuse d’un autre homme et qui se jette sous un train. A ne pas confondre avec Madame Bovary qui est une femme mariée amoureuse d’un autre homme et qui s’empoisonne. A ne pas confondre, non plus, avec la Princesse de Clèves qui est une femme mariée qui tombe amoureuse d’un autre homme et puis son mari meurt donc elle pourrait épouser l’autre homme mais non, elle entre au couvent pour mourir socialement. Clairement, pour les récits de femmes-qui-font des trucs, on n’est pas encore tout à fait au point… »
Bon ok ces histoires ne sont plus toutes jeunes mais l’auteure nous donne des exemples plus récents.
Elle nous cite aussi un outil simple et pratique pour que l’on s’en rendre compte : le test de Bechdel créé en 1985 basé sur 3 critères. C’est gagné s’ils sont remplis sinon on retombe dans le schéma fréquent qui « indique que l’œuvre est trop centré sur ses figures masculines ».
Elle nous parle du « syndrôme de la schtroumpfette », histoire dans laquelle on ne trouve qu’un seul personnage féminin, des adjuvants féminins là encore relégués à un rang peu fiable (cf les James Bond girls). Elle relève que chez les américains les adjuvants sont plutôt les « Blacks best friends ».
Bref les clichés habituels.
L’auteure soulève le lien si particulier qui lie les lecteurs aux personnages d’un récit, la tristesse que l’on éprouve à l’égard des personnages de roman qui meurent, personnages dont on sait pourtant très bien qu’ils n’existent pas.
Dommage que par la suite elle ne développe pas davantage les idées soulevées au début du livre.
Intéressant mais les derniers chapitres s’éloignent des premiers et je n’ai plus trop vu le rapport avec le début.
Ce texte confirme l'admiration que j'ai ressentie pour l'auteure en lisant "L'art de perdre".
Dans un tout autre registre, Alice Zeniter m'a une nouvelle fois emmenée dans son univers.
Un texte court, un monologue qui devait être lu devant un public sur la construction d'un récit.
Enfin plutôt un prétexte pour dénoncer le patriarcat, le pouvoir de la fiction et la puissance des mots.
C'est fin, drôle, cultivé, philosophique et accessible.
Oui tout cela dans un seul et petit manuscrit ; chapeau !
Honnêtement, des histoires, qu'est-ce qu'on nous en a raconté ! On nous a même dit qu'elles étaient vraies, que c'était de l'Histoire, des Sciences même, qu'il allait falloir apprendre tout ça par coeur…
Et aucun d'entre nous n'aurait pensé à contester !
Tiens, prenons l'exemple de l'homme des cavernes : vlà l'beau mâle poilu, musclé, la lance au poing qui part chasser le mammouth pendant que madame-la-fragile cueille gentiment des chanterelles et des pissenlits… Avouez, vous y avez cru, vous aussi, hein ! Ben, c'est pas vrai, on s'est fait berner, on nous a raconté des balivernes. Vous me direz, ça ne va pas nous empêcher de dormir. Non peut-être, mais n'empêche que depuis le temps qu'on nous raconte ces histoires, elles ont eu le temps de nous façonner le cerveau ! On s'est habitué à l'idée que le rôle de l'homme est de s'activer, d'agir, de faire, tandis que les femmes, comme elles courent un peu moins vite et qu'elles ont peur de tout, il vaut mieux qu'elles ne s'éloignent pas trop du logis (et dire qu'on finira par les appeler des « femmes d'intérieur »).
Ces fadaises se sont même emparées de nos récits : celui d'une cueillette n'entraînant pas forcément un nombre incalculable de péripéties, il n'y a pas de place pour les filles dans nos histoires. En revanche, chasser le mammouth, waouh, c'est balèze, il y a de l'action, de la tension, on ne s'ennuie pas : « Une bonne histoire, aujourd'hui encore, c'est souvent l'histoire d'un mec qui fait des trucs. Et si ça peut être un peu violent, si ça peut inclure de la viande, une carabine et des lances, c'est mieux. »
On comprend alors pourquoi les personnages principaux sont essentiellement des hommes. Les femmes sont là pour le décor. Elles attendent patiemment le retour du héros : Ulysse se bat et Pénélope tisse.
Du test de Bechdel (permettant de mettre en évidence l'inégalité des sexes dans les récits) au schéma narratif (la notion de « péripétie » réservant la part belle au masculin), des affirmations « de dicto » que l'on avale tout cru (nos plus grandes certitudes sont en effet fondées sur un empilement de récits non vérifiables) à la notion de « machine affectante» (le pouvoir des médias impose un « récit dominant » qui va toucher et par là-même manipuler les esprits), Alice Zeniter montre comment se fabriquent les récits et analyse dans un essai vivant et plein d'humour les pouvoirs de la fiction.
Ça réveille, ça secoue… une vraie bouffée d'air frais ! Une chose est sûre : si nous changeons nos récits, peut-être changerons-nous aussi notre vision du monde et donc nos comportements.
Comme je suis lasse de ce monde ancien !
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