"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un récit d'initiation à l'alpinisme, du point de vue d'un novice attentif à la parole des guides, qui n'oublie pas d'interroger la dimension mythique du sommet le plus haut d'Europe occidentale. La « montée » physique et spirituelle d'un jeune écrivain facétieux, instruit dans sa quête par le plus drôle et le plus romanesque des membres de la Compagnie des Guides de Chamonix : René Ghilini, 60 ans, guide professionnel, vainqueur de l'Annapurna, chasseur de cristaux précieux, surnommé « le condor français » dans certains villages du Pérou suite à son décollage en deltaplane depuis les 6768 mètres du Huascaran... et par ailleurs handicapé de la main gauche, en raison d'un terrible accident dont il réchappa miraculeusement. Journaliste pour Radio Nova plutôt branché bouquins que bouquetins, Richard Gaitet n'avait avant cette épopée aucune expérience de la montagne : tout juste sept heures à mourir de chaud en descendant le Grand Canyon et un séjour au Tibet où il a connu... les vertus du naturisme sur lac gelé. Pour ce livre, le reporter à lunettes plus tête en l'air que tête brûlée a survécu à l'aiguille du Midi par l'intervention d'une providentielle main au cul, hurlé de peur dans la vallée d'Aoste, gravi cinq fois de suite en courant les deux premiers étages de la tour Eiffel, découvert les joies de la via ferrata au crépuscule et celles de la tomme de Savoie au petit-déjeuner, relu Tolkien, Lionel Terray, Mary Shelley et les mangas de Jirô Taniguchi ou d'Akira Toriyama, et surtout appris le maniement du piolet afin d'aller danser sur des arêtes sommitales de 40 centimètres de large, avec 2000 mètres de vide de chaque côté, par -8°C et le visage battu par des vent des 50 km/h... Une écriture du corps, la tête dans les nuages, en 48 chapitres et 7 mots, jusqu'à 4807 mètres.
L'ascension du Mont Blanc par un aventurier novice, une expérience folle au premier abord !
Inexpérimenté, l'auteur évoque toutes les étapes de ce périple. L'idée de ce pari fou, les entraînements rigoureux, une météo parfois capricieuse, des phases de réflexion, mais aussi des rencontres, des personnages hauts en couleur.
Il nous dresse ainsi notamment le portrait de René Ghilini, qui sera son guide tout au long de ce périple, un alpiniste chevronné fascinant, que ce soit par sa personnalité ou son vécu. Un vrai contraste par rapport à Richard Gaitet, qui se montre parfois empoté dans certaines situations. Maladroit mais déterminé, il imprègne son récit de sa jovialité et son humour.
L'auteur nous embarque avec lui, on a l'impression d'être à ses côtés dans cette aventure. Une immersion facilitée par l'absence de détails trop techniques, et surtout par le ton employé, souvent drôle, dans un environnement où la moindre erreur peut cependant s'avérer fatale.
Une belle histoire, une aventure à la fois sérieuse et loufoque, de ses préparatifs jusqu'à son accomplissement, racontée via un récit truculent.
http://www.faimdelire.com/2018/07/tete-en-lair-de-richard-gaitet.html
Tête en l'air, Richard Gaitet, Paulsen, 2018...,
Motivé pour être le premier écrivain dans l'espace, projet qu'il explique aux éditrices de Paulsen, Richard Gaitet se voit proposer plutôt d'être le premier à écrire un livre sur le mont Blanc du point de vue d'un novice. Son guide sera René Ghilini, un alpiniste réputé, chasseur de cristaux. C'est l'histoire de la préparation à cette ascension que Richard Gaitet raconte, puis en apothéose, cette fameuse montée jusqu'au sommet.
Génialement sous-titré par une longue phrase qui résume fond et forme : "Récit authentique et déséquilibré d'une ascension du mont Blanc par un blanc-bec à lunettes inexpérimenté qui, au cours de son voyage, réapprit à marcher.", ce livre est aussi l'occasion pour Richard Gaitet d'en appeler aux écrivains majeurs qui ont écrit sur les grands espaces, la montagne, les voyages, les sensations fortes et aux pionniers de l'alpinisme, à ceux qui ont découvert le mont Blanc et d'autres sommets. Très documenté et très drôle l'histoire de la préparation de ce "sportif proche de zéro, bigleux comme pas deux, finaliste annuel des championnats du monde des empotés, fêtard gourmand doté d'un charmant petit ventre à bière, descendant d'une longue lignée de cardiaques et intello poli du 20e arrondissement de Paris" (p.13)
Le décor planté, je dois dire que j'ai apprécié ma lecture bien que je sois très loin de la montagne, que je n'y sois allé qu'à de très rares occasions et que l'exploit sportif est aussi loin de moi qu'un saucisson pur porc d'un musulman (très) pratiquant. Ma relation avec le sport est conflictuelle, je ne l'aime pas et il me le rend bien.
Le plus de ce livre par rapport à tout autre, c'est évidemment le ton, entre le sérieux de la préparation et la fanfaronnade quasi permanente. Et puis un peu de lyrisme dans les descriptions des paysages et dans la fin lorsque l'objectif est atteint, sans doute le manque d'oxygène, le fameux mal des montagnes qui touche le romancier-alpiniste bien qu'il soutienne ne pas en avoir souffert, mais nous à le lire, on le ressent bien, ou alors c'est l'euphorie d'avoir réussi, c'est même sûrement cela, les deux causes ayant les mêmes conséquences.
C'est aussi une histoire de rencontres, avec René Ghilini et sa femme Petra bien sûr, mais aussi de plus éphémères avec des compagnons d'ascension ou d'entraînement, tous des gens fous de montagne, qui mesurent les risques tout en sachant que parfois, la montagne n'en fait qu'à sa tête, surtout maintenant avec le dérèglement climatique qui gêne les prévisions météorologiques et bouleverse fondamentalement la nature.
Récit musical aussi, Richard Gaitet met en exergue -entre autres- une phrase tirée d'une chanson d'Alain Bashung, de son excellent et noir album L'imprudence. D'autres groupes et chanteurs sont cités. Personnellement, je n'ai pu me défaire, à chaque fois que je lisais le titre du livre, de la chanson de Jacques Higelin, qui porte le même nom.
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