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« La patience du lichen » est une aurore boréale. L’écriture magistrale élève le plus beau chant du monde.
« Il faut déployer/ la patience du lichen/ pour attendre/ au bout de la route/ qui n’existe pas. »
On sait dès les premières gammes que l’heure sera Graal et quintessence, et c’est peu dire. Ouvrez doucement ce grand livre vivifiant. Retenez dans vos mains les myriades, grenades sucrées. La poésie est l’aurore infinie. Et qu’importe vos larmes sous le choc littéraire hors norme. Lorsque la voix fera silence, l’écho résistera. « La patience du lichen » est un hymne poétique. Un hommage émouvant pour « les Coasters-innus francophones et anglophones. » L’épars assemblé, tapis immaculé, neige merveille à l’aube-née. L’heure est collecte, bouleversante, criante de contemporanéité.
« Puis le silence. La vague ne reste que quelques secondes au même endroit. Dans ce retrait des eaux, je croise le mien. Je ne sais pas nicher. »
Noémie Pomerleau-Cloutier franchit « le panneau de signalisation portant le mot FIN. » Nul ne peut le dépasser. Dans l’espace grandiose de cet au-delà, des hommes, femmes et enfants.
« Peu de gens touchent l’immensité. Derrière ce qui commence. »
Ils sont dans cet entre monde, de communautés vêtues, survivance, solidarité et ténacité. Elle est ici. Les mains en coquilles, étreindre l’habitus, l’idiosyncrasie, les paroles déployées dans cette orée solitaire, abrupte, rebelle et honorable.
Elle est née/ de la glace insulaire, rentrée de l’hôpital/ par les airs/ par les chiens. La survivance/ une entreprise en soi. »
Siamoise d’un peuple aguerri et immortel, cent-vingt personnes rencontrées, les histoires regain, et sans doute au creux des épaules de Noémie Pomerleau-Cloutier le plein de ces êtres dominés par les épreuves. Elle marche, un pas après l’autre. Écoute et consigne, sœur des Coasters-innus, porte-voix du langage de Babel.
« On a coupé/ Tous les reflets bleus de vos têtes/ On a rasé/ Nutem Tshi maneinan/ Tout ce qui était libre /Ka takuak tshekuan eka miakunakan.
Des chapelets de familles/ au beau milieu des îles et de la côte/ ça se prend mal/ entre les doigts.
Les fragments poétiques sont transmutation, mémoire et insistance. Ils fédèrent l’incommensurable. On imagine Noémie Pomerleau-Cloutier marcher dans les étendues si vastes que les regards se perdent. Restent les forces altières de ces êtres qui disent et racontent, certifient et pourvoient à l’humilité. Cette dignité travaillée par l’effort et les résistances.
« Le dos ne courbe pas/ quand le cœur tient la route. »
« Elle berce toujours/ leurs corps absents/ au chaud/ à même le sien. »
« Le dimanche/ quand l’eau était la route/ la tablée de la mère/ ne manquait jamais de chaises. »
Noémie Pomerleau-Cloutier est une belle personne. J’aurai aimé marcher dans ses pas, suivre son périple de devoir. Vivre en communauté avec ces êtres exemplaires et grandir en humanité. « La patience du lichen » est culte. Le piédestal de la littérature. Prendre soin des notes et des remerciements. Publié par les majeures Éditions La Peuplade.
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