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Au début du livre, le narrateur, un Italien exilé à Paris, à la suite d'une rupture amoureuse, s'inscrit sur un site de rencontres. La suite est une accumulation de rendez-vous ou d'échecs avec des femmes, une sorte d'inventaire de son année amoureuse -ou plutôt sexuelle. Giulio Minghini évoque -ou dénonce- le pseudo-intellectualisme des bobos parisiens, le milieu artistique de la capitale, et bien sûr les sites de rencontres. Je ne lui reproche pas ses propos, mais d'utiliser, pour les tenir, les ficelles qu'il dénonce : un savoir sûrement étendu, mais méprisant vis-à-vis des moins cultivés que lui. Tout au long du livre, on a le droit à des citations obscures, absconses et des commentaires pédants. Livre qui vous l'avez compris ne m'a pas plu, que j'ai même trouvé assez détestable.
Les sites de rencontre sont assimilés à un phénomène de société et leur succès dit la solitude dans laquelle la vie contemporaine plonge les habitants des pays développés. C’est au tournant du siècle que la révolution technologique a rencontré la réalité de cette solitude que l’urbanisation a activée à partir des années 50. Ainsi va la société et la littérature y trouve son compte.
Giulio Minghini s’est emparé du sujet pour en faire son premier roman, prenant le parti d’un récit (à la première personne) cru et jusqu’au-boutiste : le narrateur tombe dans une longue addiction aux sites proposés sur le sujet (à d’autres substances, aussi), assomme le livre de dizaines de rencontres sexuelles sans lendemain (ce qui fait souvent penser qu’il est moins solitaire qu’obsédé par le sexe, un baiseur en langage moderne - on disait avant un coureur de jupons) et pousse la perversion du système (la sienne, aussi) à créer de faux (fake) personnages, de toute façon virtuels dans un premier temps. Les vrais faux donnent rendez-vous (dans un Paris jalonné de bonnes adresses) à des vrais qui sortent de leur virtualité électronique, vont au rendez-vous et ne trouvent personne, sous l’œil goguenard du narrateur (un vrai lapin, quoi). Il organise même le rencard de deux vrais faux, pour la beauté du geste, doublement virtuelle et sa délectation manipulatrice. Le tout sur fond de vie intellectuelle dérisoire, dans un univers de bobos, comme si le phénomène les concernait seuls.
C’est une manière réaliste d’aborder la société du XXIe. D’autres auteurs s’y mettront, je leur souhaite de moins tremper leur plume dans l’encre de la caricature et de donner des faits une version moins désespérée, voire un poil plus romantique. Comme l’exprime la couverture c’est un roman noir et même l’Italie natale évoquée par le narrateur n’y échappe pas.
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