Et si on sortait des sentiers battus de la rentrée littéraire ?
« Bad-jens : mot à mot, mauvais genre. En persan de tous les jours: espiègle ou effrontée. »
Chiraz, automne 2022. Au coeur de la révolte « Femme, Vie, Liberté », une Iranienne de 16 ans escalade une benne à ordures, prête à brûler son foulard en public. Face aux encouragements de la foule, et tandis que la peur se dissipe peu à peu, le paysage intime de l'adolescente rebelle défile en flash-back : sa naissance indésirée, son père castrateur, son smartphone rempli de tubes frondeurs, ses copines, ses premières amours, son corps assoiffé de liberté, et ce code vestimentaire, fait d'un bout de tissu sur la tête, dont elle rêve de s'affranchir. Et si dans son surnom, Badjens, choisi dès sa naissance par sa mère, se trouvait le secret de son émancipation ? De cette transformation radicale, racontée sous forme de monologue intérieur, Delphine Minoui livre un bouleversant roman d'apprentissage où les mots claquent pour tisser un nouveau langage, à la fois tendre et irrévérencieux, à l'image de cette nouvelle génération en pleine ébullition.
D'origine iranienne, lauréate du prix Albert-Londres et grand reporter au Figaro, Delphine Minoui couvre depuis vingt-cinq ans l'actualité du Proche et Moyen-Orient. Publiés au Seuil, ses récits empreints de poésie, Je vous écris de Téhéran et Les Passeurs de livres de Daraya (Grand Prix des lectrices ELLE), ont connu un immense succès et ont été traduits dans une dizaine de langues.
Et si on sortait des sentiers battus de la rentrée littéraire ?
En 2022, l’assassinat de la jeune Iranienne Mahsa Amini, tuée par la police des moeurs pour un voile mal ajusté, déclenchait des manifestations dans tout le pays au nom du mouvement Femme, Vie, Liberté. La journaliste franco-iranienne Delphine Minoui raconte ce formidable élan contre le sort des femmes sous l’écrasant pouvoir des mollahs au travers d’une adolescente de seize ans, personnage romanesque incarnant toute une génération en révolte.
Elle s’appelle Zahra pour la connotation très religieuse de ce prénom, mais échappée par manque d’argent à l’avortement auquel son sexe la condamnait selon la volonté de son père et de son grand-père, elle se reconnaît bien plus volontiers dans Badjens, le surnom que, parmi les minuscules gestes anti-patriarcaux que sa mère ose furtivement, cette dernière lui donne dans le secret de leur complicité de femmes. Dans la langue quotidienne « effrontée », Badjens signifie mot à mot « mauvais genre », un qualificatif que les filles de la génération Z s’octroient ironiquement entre elles, une façon de traduire l’esprit de désobéissance revendiqué désormais par le sexe considéré faible et toxique par le pouvoir religieux iranien.
Ce que sa mère dans son vase clos continue à subir sans plus de révolte que dans le secret de son âme, Badjens, comme bien d’autres de son âge connectées aux réseaux sociaux malgré la censure et reliées à des filles du monde entier, ne le supporte plus. « J’ai compris le rôle qui m’était assigné. Jusqu’ici, je n’étais qu’une erreur. Désormais je serais celle qui s’écrase, se tait. Celle qui regarde par terre. Qui ne hausse pas trop la voix. Qui ne se plaint pas, ni ne se fait remarquer. Celle qui écoute ses cousins, ses oncles, son père, son grand-père, mais qu’on n’entend jamais. À part pour Maman, je ne compte pas. Je suis invisible. »
Sortir de l’invisibilité, c’est s’exposer au harcèlement et à la violence. « À compter de ce jour, chaque fois que je sortirai dans la rue, je plaquerai assidûment mon maghnaé sur la tête. (...) Je me suis reprogrammée. Il y aura un dedans et un dehors. La vie imposée et la mienne. À l’école et dans la rue, je serai celle qu’on veut que je sois. À la maison, celle que je veux être. Pas étonnant qu’on soit un peuple de schizos. C’est la seule voie pour s’en sortir. » « Parfois, je me fais peur : à force de mettre des masques, la vraie « moi » finira-t-elle par se dissoudre dans le néant ? »
Alors, quand la vague de protestation se met à enfler, Badjens est très vite de celles qui s’élancent dans la rue pour brûler leur foulard, bravant la répression violente et les tirs policiers dans la foule. Si sa grand-mère, imbibée du culte des martyrs de la Révolution islamique, tremble de terreur à l’idée de ces vandales prétendant arracher le voile pour lequel elle a en son temps combattu, si sa mère ne parvient pas tout à fait à en croire ses yeux devant une audace dont elle n’aurait jamais osé rêver, Badjens et ses semblables, cisaillées entre la propagande du régime et les flux d’informations captés sur les réseaux sociaux, ont pris la tête d’une contestation qui n’a plus rien à perdre - « Je suis morte le jour où je suis née » - et qui se renforce de chaque sacrifice - « Sur le tombeau de Mahsa Amini, ses parents ont écrit : Tu n’es pas morte. Ton nom est devenu un mot de passe. »
Rédigé à hauteur d’adolescente dans une langue vive et orale, le texte dont la simplicité apparente, à première vue peut-être décevante, se nourrit en réalité de nombreux détails fidèlement retranscrits, n’a sans doute pas l’envergure d’une grande œuvre littéraire. Il n’en incarne pas moins avec efficacité, pour une lecture choc et très grand public, le témoignage d’une jeune génération iranienne parvenue au point de rupture.
Badjens est bien plus qu’un simple roman ; c’est un cri de liberté, un hommage à la révolte et à l’émancipation des femmes, particulièrement celles qui luttent dans des sociétés oppressives pour leur droit à la liberté.
À travers l’histoire de Badjens, également appelée Zahra, une adolescente iranienne de 16 ans, l’autrice nous plonge dans un quotidien marqué par la violence et la répression d’un pays où les femmes sont invisibilisées.
Badjens grandit dans une famille où son père, fervent défenseur de la Charia, impose une discipline rigide et répressive. Depuis son plus jeune âge, elle se trouve en guerre contre l’autorité patriarcale de son père, tout en étant victime de l’oppression de son statut de femme.
Toutefois, sa mère, plus libérale, joue un rôle clé en allégeant parfois le poids de cette condition, lui offrant la confiance et la force nécessaires pour résister. C’est grâce à elle que Badjens trouve le courage de se révolter et de défier les normes qui l’étouffent.
Le récit de Delphine Minoui ne se contente pas de dépeindre l’oppression subie par les femmes ; il met également en lumière leur résilience et la résistance de cette jeunesse qui, malgré les obstacles, trouve la force de se lever, de dénoncer et de se battre pour sa liberté. À travers le regard de la jeune fille, elle nous livre un témoignage poignant de la lutte des femmes dans un environnement où la répression et la violence sont omniprésentes.
Un texte fort et essentiel.
Ce roman est un témoignage sur la résilience des femmes et leur lutte pour leurs droits fondamentaux. Il nous rappelle avec force que la liberté n’est jamais acquise.
Une lecture qui s’inscrit dans la lignée du mouvement « Femme, Vie, Liberté », du roman graphique et du reportage.
Aujourd’hui, avec l’histoire de l’étudiante Bahou Daryaei, qui devient un nouveau symbole de ce mouvement en Iran, il est crucial de lire et d’informer un large public. Chaque ouvrage compte, apportant peut-être une nouvelle pierre pour aider ces femmes à se libérer un jour de cette oppression qui leur prive de leurs droits fondamentaux.
L’histoire de cette jeune iranienne, Zahra , de 16 ans , dont nous suivons l’enfance puis l’adolescence.
Un père injuste , qui la regarde à peine , lui préférant son jeune frère. Il est des pays où il vaut mieux naitre garçon que fille.
Un mère aimante , complice et solidaire
Vivant dans un pays sous chappe de plomb . Malgré tout, de rares moments de liberté ( avec la complicité de sa mère). Des amies , l’envie de vivre comme les jeunes occidentales. Malgré les privations , la dictature des ayatollahs, le silence imposé , le voile…
Et puis le 16 septembre 2022 , la mort de Mahsa Amini , battue à mort par la police. Des manifestations, la mort d’un proche.
Partagée entre la crainte de son père , et sa mère qui se tait depuis trop longtemps, Badjens ( surnom donné par sa mère à Zarah et qui veut dire effronté) saura choisir .
Ce roman d’une émancipation devrait être lu par notre jeunesse. L’histoire de cette jeune fille « mort-née d’un pays qui l’a fantomisé ». Révoltée et courageuse dans un pays qui n’hésite pas à tuer sa jeunesse .
Lu dans le cadre du prix Landerneau des lecteurs 2024
« Badjens » est un livre court, percutant, réaliste qui ne laisse pas indifférent. Le cri de révolte d’une jeune iranienne qui ne peut plus se taire sur ce que subissent les femmes de son pays. Leur infériorité par rapport aux hommes qui sont des privilégiés.
Un livre incontournable de la rentrée littéraire d'automne 2024.
FEMMES, VIE, LIBERTÉ ! Nous connaissons toutes et tous ce slogan, symbole de la révolte des femmes kurdes. Mais que savons-nous du quotidien de ces femmes qui ont risqué leur vie pour s’opposer à l’oppression des lois de la charia ?
Delphine Minoui donne la parole à une jeune iranienne de Chiraz, Zahra, que sa mère surnomme Badjens, l’effrontée. La jeune fille raconte sa vie d’écolière puis de lycéenne et à travers son récit, on découvre comment elle a dû se soumettre, dès l’enfance, à la position d’infériorité que lui confère son statut de fille et qu’elle appelle « l’apartheid des genres ».
A 12 ans, elle découvre l’horreur du port du « voile-prison » qui constituera la première d’une longue série de contraintes et de soumissions de sa vie de femme. Après une période de désespoir, elle entre en résistance et se lance à 16 ans, dans le mouvement contestataire féministe ZAN, ZENDEGI, AZADI !, portant haut et fort la devise « Mon corps, Mon choix ».
J’ai aimé la simplicité de l’écriture et la modernité du langage et j’ai trouvé que l’autrice parvenait à transmettre, face à un dramatique retour à l’obscurantisme, la joie de vivre et la volonté de Badjens l’insoumise, prête à se sacrifier pour défendre sa liberté.
Ce roman déchirant rend un bel hommage à ces jeunes femmes libres dans leur tête et je vais garder en moi la flamme de leur combat, en espérant qu’elle ne vienne jamais à s’éteindre.
Ne les oublions pas !
Chiraz, 24 octobre 2022, quelques semaines après la mort de Mahsa Amini qui a déclenché une vague massive de protestations dans tout l'Iran. Sous les encouragements des manifestants, Zahra, 16 ans, monte sur poubelle. Elle est prête à bruler le voile qu'elle vient d'ôter. Elle se replonge dans son passé pour trouver la force de passer à l'acte.
« Bad-jens : mot à mot, mauvais genre
En persan de tous les jours : espiègle ou effrontée »
Delphine Minoui se glisse avec conviction dans la peau de son égérie, représentante de cette jeunesse féminine iranienne qui oscille entre soif de vivre, humour et désespoir, d'une génération biberonnée à la propagande islamiste mais qui se nourrit de tous les réseaux sociaux. Zahra est toutes ces filles nées avec un « désolée » prononcé par l'obstétricien, nées du mauvais côté, du mauvais sexe, soumises en permanence aux carcans patriarcaux. Obligées de s'écarteler entre la vie imposée sous le voile et sa vie intime, entre l'école et la rue où une femme est ce que la société veut qu'elle soit, et la maison où elle est celle qu'elle veut être.
« Pas étonnant qu'on soit un peuple de schizos. C'est la seule voie pour s'en sortir »
Le fond ou la forme ?
Le fond est ici irréprochable. Zahra est un archétype de la jeune iranienne qui veut se réapproprier son corps et sa vie, qui ne veut plus se taire ni s'écraser. Forcément, on est avec elle, forcément on est indignée de son vécu sous un tchador obligatoire à partir de neuf ans, seconde peau qui enferme et rend fou.
En soi, je n'ai rien appris que je ne savais déjà sur la condition féminine iranienne en lisant ce parcours d'émancipation à la narration très factuelle. Cette simplicité et l'accessibilité qui va avec pour rendre palpable une réalité révoltante, c'est sans doute la force de ce roman qui pourra être lu et apprécié par un très large public. Sa sincérité est flagrante. Mais à titre personnel, j'ai trouvé le récit trop superficiel, il m'a manqué de la profondeur de champs. C'est un vrai parti pris que de coller la caméra sur la jeune fille mais j'aurais aimé que le propos s'élargisse, que le contexte historico-politico-sociétal soit développé.
Clairement, il m'a manqué des lignes de forces, ainsi qu'une perspective nouvelle pour aborder cette thématique ô combien importante. Il m'a manqué de la singularité et une complexité dans la réflexion qui soulèverait autre chose que de l'empathie ( qui était déjà à son maximum au préalable ) pour les Iraniennes.
Pour finir sur une note plus positive, j'ai envie de reprendre la sublime citation en exergue de Tâhereh, poétesse mystique persane, pionnière du féministe iranien, exécutée après s'être dévoilée devant une assemblée d'hommes en 1852.
« Si je confie au vent
ma chevelure ambrée,
j'attraperai toutes les gazelles des champs.
Si de khôl je farde mes narcisses tendres,
je plongerai le monde dans les ténèbres.
Si le ciel désire voir mon visage,
il sortira chaque matin son miroir en or. »
Zahra a 16 ans et elle n’aurait pas dû naître. Ou plutôt, elle aurait dû naître garçon. Cela aurait plu à son père, à ses oncles mais également à son grand-père qui avait milité lors de l’échographie pour un avortement, pratique pourtant contraire à l’islam... C’est dire l’horreur de l’annonce : une fille ! L’avortement étant trop coûteux, il avait fallu renoncer. Zahra a donc eu le droit de vivre. Mais qu’est-ce que vivre quand on est une jeune fille en Iran ? Surnommée Badjens par sa mère (« Bad-jens : mot à mot, mauvais genre. »), Zahra observe et déplore, avec toute la perspicacité et la fougue que lui offre sa jeunesse, les obstacles nombreux, les limites imposées et l’oppression quotidienne, mais aussi les luttes parfois silencieuses, parfois plus ostensiblement affichées qui peu à peu l’entourent. À son tour, elle va se rebeller contre un système patriarcal et les diktats d’un régime qu’elle exècre, pour sa liberté et celles de toutes les femmes iraniennes.
Roman résolument moderne et dynamique, Badjens est intéressant pour son personnage principal, Zahra, qui est le symbole de toute une génération, la porte-parole des Iraniennes qui ne veulent plus se taire et obéir aveuglément à ce qui leur est imposé. Dans sa lutte, elle reçoit le soutien de sa mère, qui est également un personnage fort du roman : ses idées progressistes aident incontestablement Zahra à devenir une adolescente affirmée. L’ensemble est un monologue intérieur, ce sont donc les pensées de Zahra qui virevoltent sur les pages, le ton est parfois posé, parfois enragé, c’est un cri du cœur émaillé de phrases chocs. Cette oralité permanente est justifiée mais elle entraîne peut-être aussi quelques faiblesses sur le plan stylistique. En outre, j’ai parfois eu l’impression de rester en surface, j’aurais aimé en apprendre plus que ce que je savais déjà. Si Badjens n’est pas véritablement un roman original, on pourra au moins féliciter Delphine Minoui d'avoir écrit un roman accessible au plus grand nombre.
Comme dans un journal intime auquel une jeune fille confierait ses espoirs, ses envies, ses secrets, Chiraz, elle, raconte sa jeunesse Iranienne, sa jeunesse de fille tellement différente de celle des garçons !
Une jeunesse sans aucune considération, une jeunesse cachée, une jeunesse sans réelle liberté.
Dans un style synthétique, avec une plume efficace, l’auteure nous transmet toutes les émotions qui envahissent Chiraz !
Pas besoin de grandes phrases, ni de grands discours ! Des paragraphes courts et efficaces qui mettent en évidence la violence de certains propos, l’incroyable destin des femmes, l’autoritarisme et le patriarcat absolu et tellement révoltant des hommes.
Chiraz évoque tour à tour sa naissance, sa jeunesse, son adolescence, l’âge du port du voile, la place de son frère, les relations avec sa mère, les moments de bonheur, et ceux de peine. Sa lutte permanente pour exister et vivre ! Elle a une envie de vivre chevillée au corps, ainsi qu’une volonté et une vie intérieure riches qui lui offrent une échappatoire salvatrice.
Et puis en 2022, Mahsa Amini décède, pour avoir mal mis son foulard ! Elle devient le symbole d’une révolte nationale ! Dans le coeur de Chiraz, enfermée dans un carcan permanent, l’espoir naît. Elle rejoint le combat.
C’est un livre coup de poing, qui se lit en quelques heures, impossible de le lâcher.
Un appel à la liberté !
Un roman à lire et à faire lire pour tenter de faire bouger les choses, et de faire cesser cet esclavage religieux.
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